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STAYER FRANCE  :  100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE : 100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE ex-STAYER FR est le blog du demi-fond et de l'association FRANCE DEMI-FOND. adresse mèl : fddf@dbmail.com page Facebook : @VANWOORDEN21

Publié le par Oscar de Ramassage
Publié dans : #AUTOUR DU DEMI FOND, CULTURE DEMI FOND

 

Le demi-fond est vraiment une spécialité du cyclisme... " à part " (cf. bas de page), et ce quel que soit l'angle sous lequel on l'aborde.

Les aspects athlétiques, physiologiques, tactiques, aérodynamiques, mécaniques sont autant de champs  passionnants à explorer et développer, dont on retrouve peu d'équivalents dans les autres spécialités du cyclisme.

Mais avec  la blessure du stayer, évoquée pudiquement et elliptiquement à travers la littérature sportive du siècle, là on se dit que, décidemment, Le demi-fond est vraiment une spécialité du cyclisme... " à part "

(cf. bas de page)

Patrick Police, pour Stayer France

le 3 Mai 2022

____________

LA BLESSURE DU STAYER

L'enquête de STAYER FRANCE 

 

" Un stayer qui aborde un virage à 80 km/h voit par l'effet de la force centrifuge son poids augmenter brutalement. C'est cette force qui fait fléchir ses bras et l'écrase un peu plus sur la selle.  C'est d'ailleurs là une des raisons pour lesquelles les stayers "blessent". Et c'est aussi pourquoi vous les voyez adopter une selle rembourrée,   capitonnée, ceci afin de pallier les effets plus qu'indésirables de la force centrifuge "

Source : Route et Piste 19 Décembre 1950 - René de Latour 

 

" Les stayers, plus que les autres, sont exposés à de sérieuses blessures à la selle. Ils ne peuvent jamais se mettre en danseuse, tournent les jambes  très vite, et forment "bloc" avec leur vélo. Minardi, coureur de demi-fond qui connut quelque gloire dans les années 30-40 (Eh, champion de France 1939 tout de même ! n.d. Stayer France) à une époque où les stayers disputaient trois ou quatre épreuves par semaine, était blessé en permanence à la selle.

Blessure ouverte, supportée avec un courage admirable, toute la saison, due à une fragilité des tissus.

Il palliait ce handicap en cousant une escalope dans son cuissard, avant chaque épreuve.

Au Parc des Princes, le concierge avait un chien. Eh bien ce chien, qui connaissait le bruit des motos, et

Coudre l'escalope...

reconnaissait  infailliblement la moto de Minardi, ne s'intéressait au demi-fond que lorsqu'il était là !

On le voyait attendre patiemment à la sortie du tunnel, jusqu'à la descente de machine de Minardi. 

Il commençait alors une progression savante vers le quartier des coureurs… et mangeait son escalope ! " 

 

Source : L'Officiel du Cycle Août-Sep. 1977 – témoignage d'Aîmé Montillot mécanicien officiel de l'équipe de France sur piste

Aimé Montillot

 

 

 

" Et la fameuse "blessure du stayer" . C'est hélas la plaie (excellent - n.d. Stayer France) du demi-fond et il n'y a pas de remède. "

" La "boule" est surtout provoquée par la violente pression du corps dans les virages. Les écorchures, si douloureuses, sont dues non  pas tellement au frottement contre la selle, mais à l'action de la sueur plus ou moins acide selon les individus, le poids du coureur ne fait rien à voir dans l'affaire. Metze, qui était un homme "lourd"

Erich Metze

ne blessait pour ainsi dire pas. Manera, léger comme une plume, était lui continuellement écorché. 

Jean Manera

 Mais bien rares sont les stayers qui échappent à ce cruel accident : et là c'est le courage qui rentre en ligne de compte.

Le vrai champion est celui qui peut courir tout en étant blessé. "

 

Source : Interview Charles Lacquehay / Miroir des Sports 22 Septembre 1941.

 

 

«  Le demi-fond ? C’est la spécialité du cyclisme où l’on tourne le plus vite les jambes… le 68x14 à perdre haleine, à 80 à l’heure et plus… »  

« Pour ménager l’assise on avait nos « trucs » : les  deux cuissards superposés, les applications de Borostyrol, et surtout, quand tu avais le fessier à vif, induction de Borosterol, les bains de permanganate… Tu vois, tout un folklore… Quant au gonflage des pneus, si important, car selon les pistes ondulées ou lisses, tu avais toujours la crainte de la blessure à la selle toujours possible »

Source : Interview Jacques Marcellan pour Stayer France - 2019

 

 

Le troisième testicule est une tuméfaction présente sous la peau et sous la forme d’un kyste. C’est un épanchement liquidien dans une bourse secondaire à des frottements et micro traumatismes répétés au niveau de l’appui de la selle ayant induit une réaction inflammatoire.

Le traitement passe par un arrêt de la pratique, une infiltration locale voire traitement chirurgical.

Les différents problèmes périnéaux peuvent être prévenus par des actes de prévention et d’hygiène :

  • toilette au savon (selon les cas antiseptique ou sur gras)
  • séchage soigneux
  • mise en place de pommades adaptés à la fois sur la peau et sur le fond du cuissard: en particulier à base d’oxyde de zinc
  • lavage soigneux du cuissard après chaque sortie.

Sources internet : https://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/sports-activites-physiques/cyclisme/complications-seant / https://www.irbms.com/le-troisieme-testicule-ou-nodule-fibreux-perineal/

 

" ... Aux Championnats d'Europe 1998 à Forst, je loupe ma qualif' pour la finale, je finis 5ème. Là,  mon entrejambe a été tellement brûlé par le frottement que ma peau était noire... On avait encore quasiment tous les selles type Turbo (Selle Italia), coupées mais rembourrées, plus ou moins larges, en tous cas  trop larges pour mon périnée... La peau de mon entrejambes était complètement brûlée et noircie,  il a fallu me porter sous les bras à ma descente de machine, j'étais incapable de marcher), les différentes plaies à vif,

peau arrachée, la crème, la Xylocaïne avant la course et les pansements, les séances de physiothérapie à l'hôpital à cause de ces anciennes selles rembourrées bien trop larges...

C'est pour ça qu'aujourd'hui, la plupart des coureurs n'utilise plus de grosses selles (en fait il s'agissait de selles classiques, genre les anciennes Turbo ou Concor, "fortifiées" ou rembourrées par une grosse épaisseur, j'imagine une sorte de mousse durcie, polystyrène   et recouverte d'une nouvelle peau et, bien sûr, le bec coupé). Tu imagines la différence de largeur avec la selle "classique" (encore plus avec les selles hyper effilées d'aujourd'hui). J'imagine les grosses selles Brooks d'antan, devaient elles sans doute être bien plus confortables lol... "

Source : témoignage de Laurent de Paoli pour Stayer France - 2022

 

 

Il ne faut pas blesser de la selle. C'est là un des points essentiels du métier de stayer. Et si cela est assez facile pendant l'hiver sur les pistes en bois qui sont bonnes et où on dispute en général des épreuves assez courtes, par contre en été la question est plus grave. C'est que le ciment est presque toujours de rigueur et la plupart des pistes ont ou bien des trous , ou bien des raccords un peu durs entre les virages et les lignes droites. Et quand vous arrivez à 70km/h avec des boyaux gonflés  à bloc, bien en avant sur votre bec de selle qui est lui-même renforcé par un morceau de bois …

Et puis {...] c'est le régime des courses ou bien d'une heure ou bien {] de 100 km []… Songez que Bréau,  

par exemple, au cours de l'été dernier (1928) n'a pas disputé moins de13 ou 14 courses de 100 km les unes à la suite des autres et ce, en moins de 2 mois. […………….]

Un tuyau personnel de Leon Vanderstuyf: au début de sa carrière; […] blessait souvent de la selle et après mains tâtonnements, avait trouvé la "recette" suivante : D'abord une bonne culotte, en soie avec un fond en peau de chamois bien graissé, puis par-dessus une culotte de laine… Et depuis avec ses 2 culottes, jamais plus il ne fut blessé.

Sources : Livre " Le Cyclisme sur piste demi-fond " par Leon Vanderstuyft et Charles Ravaud - 1929 

Pas question de vous quitter sans vous inviter à peaufiner le sujet à la lecture de  " Dans 10 minutes, au petit virage " , mis en ligne au début de ce mois, et  qui complète admirablement l'étude ci-dessus.

Et si vous, coureurs d'hier ou d'aujourd'hui voulez apporter votre témoignage sur le sujet, You're welcome ! 

 

Bonne lecture 

Patrick Police, pour STAYER FRANCE, le 2 Mai 2022

 

Commenter cet article
J
I ripped a hole in my undercarriage in Forst. It was never the same again. What a sport!
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L
Super article, j'ai appris plein de trucs... Et l'histoire de l'escalope dont je t'avais parlé, mais que je ne connaissais pas exactement lol
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