Samedi 24 Août 1946. Le cyclisme retrouve ses championnats du Monde, en Suisse, à Zürich, sur la piste d’Oerlikon.
Le choix d’un pays neutre pour ces championnats du Monde de la renaissance apparaît comme aller de soi, la Suisse figurant un ilôt paisible dans l’océan de désolation que constitue en cet été de post-apocalypse une Europe en ruines.
Les mondiaux de demi-fond des années trente avaient été le théâtre d’éditions sulfureuses, enchaînées jusqu’au scandale absolu de l’édition 1938 (voir STAYER FR « Mondial 1938 Il faut en finir avec le demi-fond ») Une guerre mondiale plus tard, les optimistes et les naïfs peuvent se penser autorisés à rêver d’une joute enfin loyale, comme une rupture avec les mauvais usages du passé.
Ils vont être cruellement déçus, et les détracteurs du demi-fond auront du grain à moudre pour alimenter leur moulin à morgue.
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Sur la liste des engagés de ce Mondial de demi-fond espéré exempt de vicissitudes n'apparaissent pas les Allemands, maîtres du derrière motos de coalition (cf. STAYER FR 1934 « Du rififi à Leipzig, championnat du Monde 1937 et 1938 " Mondial 1938 Il faut en finir avec le demi-fond ") Ils ont été exclus du terrain de jeu pour des raisons aisées à concevoir. Et des « as » d’avant-guerre, ne subsiste sur la liste des engagés que le seul nom d’Henri Lemoine. Exit les Terreau, Servergnini, Wals, Schoen, Lohmann, Ronsse et consorts…
C’est qu’une nouvelle génération, impétueuse et pleine de talent, s’est révélée pendant la guerre, principalement sur les vélodromes français. En tête de gondole figure un transfuge de la vitesse, Louis Chaillot. Il est entré dans le circuit en 1942, et peu à peu, a imposé sa détente et son style félin sur le circuit, jusqu’à conquérir un premier titre national en 1944.
Vainqueur de la Médaille à dix-huit ans, sélectionné dans la foulée pour les J.O. de Los Angeles en 1932, champion olympique de tandem et médaille d’argent en vitesse, il apportera à la France quatre ans plus tard une médaille de bronze aux J.O. de Berlin, non sans avoir remporté deux fois le titre de champion de France du sprint chez les amateurs.

A vingt-trois ans, il est passé professionnel, détrônant sur le champ Louis "Toto" Gérardin, inamovible roi des sprinters français. Mais cinq années plus tard, après s’être frotté en vain au gratin du sprint mondial, les Scherens, Richter et Van Vliet, il réalise, en même temps que ses limites face à de tels « calibres », un rêve en se lançant dans le derrière moto.

Toute de suite sa classe naturelle et sa vista le placent parmi les meilleurs du circuit. En 1944, puis en 1946 il devient le stayer français n° 1 devant les "monstres" de la spécialité que sont les Lemoine, Lesueur, Lamboley... Inutile de vous préciser qu’avec une telle carte de visite, il est le grand favori du Mondial de Zürich.
Dans ces années sombres de l’occupation allemande a éclos au firmament du demi-fond un autre transfuge de la piste, le jeune (23 ans) Suisse Jacques Besson, sociétaire - plutôt transparent jusqu’ici - du S.S. Suresnes avant la guerre.

Il a toujours vécu en France et n’a pas pu, au contraire de son frère, obtenir la naturalisation qu’il a demandée compte tenu des évènements.
L’homme va brusquement « éclater » lors des américaines du Vél’ d’Hiv’ des années 40-41, puis s’affirmer dans la foulée derrière moto. Pendant une bonne décade, il sera un des ténors de la spécialité, tant en Suisse (où il raflera huit fois le titre national au nez et à la barbe de champions tels Vaucher, Knecht, Diggelmann, Schaer, Litschi, ce qui suffit à étalonner sa valeur véritable) que sur les vélodromes européens.
Chaillot, Besson, deux stayers haut de gamme donc. Le titre ne peut raisonnablement échapper à l’un de ces deux-là. Car Henri Lemoine, qui en temps ordinaire émargerait à la catégorie des favoris, paraît en cette fin d’été hors de condition, salement diminué qu'il est par la « blessure du stayer » Pourquoi donc a-t-il été sélectionné ? On se le demande encore…
Le reste de la concurrence dans ce Mondial des stayers 46 ? Force est de reconnaître qu'elle couche " un étage au-dessous". Son représentant le plus crédible apparaît être un Italien de Bergame, établi en France depuis 1929, Elia Frosio. Solide écumeur d’interclubs avant-guerre, cet honnête routier a su dès 1940 « faire son trou » dans la spécialité si riche du cyclisme derrière engins motorisés (il a alors déjà vingt-sept ans), jusqu’à devenir un très honnête stayer, et surtout une indispensable caution internationale pour l’affiche des organisations de ces temps d’occupation si peu propices aux échanges sportifs entre pays. Personne ne parierait un kopek sur ses chances de remporter le championnat du Monde. Pas plus que sur celles du Belge Willy Michaux, stayer de valeur certes, mais prétendant au mieux à une place sur le podium, tout comme les Hollandais Van der Voort et Bakker. Les autres protagonistes, le Suisse Heimann, l’Autrichien Swoboda, le Britannique Summers ne sont apparemment là que pour enrichir en nombre la grille de départ...
C’est mal raisonner.
UNE INNOCENTE BALLADE EN BARQUE
Le Mercredi veille de la finale, journalistes, entraîneurs et coureurs ont été conviés à une charmante croisière en bateau-mouche sur le lac de Zürich. Là, aux questions de journalistes semblant flairer déjà un probable coup fourré, l’entraîneur belge de Frosio, Félicien Van Ingelghem, le légendaire « Papyrus », en l’absence de son poulain absent pour cause de mal de mer, répond sur un ton patelin : « Demain sur la piste, nous serons neutres. Absolument neutres ! » « Besson et Chaillot s’entredéchireront, et nous on essaiera de tirer les marrons du feu… Mais c’est sûr que le petit Heimann jouera le jeu pour son compatriote. Voilà voilà… Eh, et si on parlait d’autre chose ?... »
Derrière l’entraîneur belge, un Louis Chaillot dubitatif a entendu la conversation, et reste songeur. La déclaration de « Papyrus » lui a paru manquer… disons de force, de conviction. Et puis, paroles d’entraîneurs… Le seul propos dénué d’ambiguïté de l’entraîneur belge aura été ce « On verra demain ! » banalité d'usage avec laquelle il a conclu l’interview. Mais cette sortie passe-partout, franchement, ne l’a pas rassuré plus que cela…

« As-tu confiance pour demain ? » demandent en se retournant vers le champion de France ces mêmes journalistes : « Oui, s’il ne s’agit que de briser le « mur » Besson / Heimann, ça reste humain et faisable. De toutes façons, comme j’ai fait le meilleur temps des séries et que je partirai en tête, ça sera à moi de le briser, ce « mur » ! »
Côté Besson, qui joue à domicile, on sait user du masquant médiatique, et diluer le machiavélique dans le lénifiant. Aussi, avant sa série, ouvre t-il à plein jet le robinet d’eau tiède : « On ne m’a pas fait de cadeau avec cette série assez dure. J’attaquerai dès le départ, pour me prendre un matelas d’un tour d’avance afin de prévenir tout retard causé par un aléa mécanique » Le matin de la finale, il fera déborder l’évier : « Ce qui me donne confiance, c’est que Chaillot dans sa série n’a pas pu prendre un tour à Van der Voort et Heimann » Difficile de faire plus consensuel... Comme tout ceci respire le bon sens rassurant, l'analyse sportive lucide et l’optimisme modeste d'un homme prêt à défendre loyalement ses chances...
Pourtant cette édition 1946 sent déjà tellement le soufre qu'un journal, le quotidien France Soir, assure de ne pas faire œuvre de voyance en titrant sous la plume du légendaire Baker d’Isy dans son édition du 29 Août : « Chaillot ce soir aura trois adversaires : Besson, Heimann et le public » Car la rumeur de coalition a fuité de partout !
Bien informé le prince du journalisme sportif ? Pas tant que ça. En fait, comme il est loin du compte !
Quinze coureurs sont engagés. Deux séries (l’une de huit, l’autre de sept coureurs) qui auraient été impossibles à se disputer sur une piste de 333 mètres. Les remplaçants sont les Suisses Werner Wägelin et Walter Diggelmann et les Français Jean-Jacques Lamboley et Raoul Lesueur, ce qui résume bien tout le paradoxe d’une course au titre arc-en-ciel, où trop souvent des champions se retrouvent à faire banquette pendant que des seconds couteaux occupent la piste pour emplir un quota de nationalités.
Fort heureusement le Hongrois Josef Pataki, le Canadien Hugh Mac Kenzie et le sujet de Saint-Marin, Nello Giri renonceront à l’épreuve. Il restera donc douze coureurs pour la quête du maillot arc-en-ciel. Besson, Heimann (Suisse); Chaillot, Lemoine (France); Michaux (Belgique); Frosio (Italie); Bakker, Van der Voort (Pays-Bas); Swoboda (Autriche); Summers (Grande-Bretagne); Krauss (Luxembourg); Alejandro Fombellida (Espagne).
Il a été procédé au tirage au sort des séries. Contrairement à ce qui avait été annoncé initialement, le Hongrois Pataki partira dans la première série à la place de l’Espagnol Fombellida, qui a déclaré forfait.
La première série sera disputée le samedi 24 Août à 20 heures et la seconde série le lendemain dimanche. Finalement, le Hongrois Josef Pataki, annoncé forfait, puis partant, ne se présentera pas.
Samedi 24 Août en soirée
Journée d’ouverture des championnats du Monde
1ère série
- 02 Louis Chaillot (FRA) - entr. Maurice Guérin -- les 100 km en 1h 29' 54"
- 04 Ben Vandervoort (P-B) - entr. Arthur Pasquier (FRA) - à 100 m - 1h 29' 58"
- 01 Armin Heimann (CH) - entr. Paul Suter - à 160 m
- 03 Willy Michaux (BEL) - entr. Émile Vandenbossche - à 1 t 80 m
- 05 Walter Summers (G-B) - entr. ... Lüthi - Käser (CH) - à 12 t 1/2
La course : Dans l’ordre au départ : Heimann, Chaillot, Michaux, Vandervoort, Summers. Sans attendre, Chaillot et Michaux passent Heimann. Mais derrière le Français, la lutte fut âpre pour la deuxième place que Michaux, Heimann et Van der Voort s’acharnent à occuper tour à tour.

Au 280 ème tour, « poussé » par Heimann, Van der Woort dépasse Michaux. Le rusé "père" Pasquier a sû profiter du duel impitoyable que se sont livrés Michaux et Heimann pour chiper la deuxième position. Heimann, littéralement porté par les encouragements des quelques 8 000 spectateurs présents, gagne sa place pour le repêchage, tandis que Chaillot, impressionnant, s’est qualifié sans avoir jamais été attaqué.
La 2ème série prévue dimanche a été remise au lendemain en raison de la pluie.
Lundi 26 Août à 20 h
(prévue le Dimanche 25, reportée à cause de la pluie)
2ème série
- 02 Jacques Besson (CH) - entr. Georges Groslimond - les 100 km en 1h 33' 48" 3/5
- 04 Elia Frosio (ITA) - entr. Félicien Van Ingelghem (BEL) - 1h 34’ 6’’ - à 300m
- 06 Cornelis Bakker (P-B) - entr. ... Van der Bom - à 3 t
- 02 Josef Swoboda (AUT) - entr. : Alphonse Groslimond (CH) - à 10 t
- 03 Henri Lemoine (FRA) - entr. Maurice Jubi - FRA - à 13 t
N.C.-05 Josy Krauss (LUX) - entr. Pierre Deliège (FRA) - ab. 150ème t
La course : Dans l’ordre sur la ligne de départ Besson, Swoboda, Lemoine, Frosio, Krauss, Bakker.
Jacques Besson, le grand favori de cette série, qui joue à domicile devant dix mille spectateurs acquis à sa cause, survole les débats dès le départ, croisant à un paisible 21’’ au tour. Frosio s’est immédiatement placé derrière lui pour quérir la seconde position, au sprint, jusqu'à passer à un moment à la hauteur du rouleau de son entraîneur. Au passage, il aura sauté Lemoine et Swoboda, et ce dès le premier tour ! Lemoine, pris en sandwich est de suite harcelé par le Hollandais Bakker. Les dix kilomètres sont accomplis en 9’49’’8. Au cinquantième tour Frosio écope d’un avertissement du commissaire U. Di Majos pour être monté trop haut sur une attaque de Lemoine, qu’il aura bien entendu repoussée par ce moyen. Au 53ème tour, le décevant Luxembourgeois Krauss est doublé. Les 20 km en 19’19’’8.
Vingt tours plus loin, Lemoine attaque Frosio, qui résiste, et Lemoine, décollant légèrement, n’insiste pas. Il rétrograde même et se laisse passer par Bakker et Swoboda pour faire le "mur" devant Besson. 31.360 km auront été accomplis dans la demi-heure. Frosio vient attaquer peu après timidement Besson pour la première place, mais il décolle et n’insistera plus, alors que Krauss abandonne. Au 48ème kilomètre, Besson double Swoboda puis, sur sa lancée passe également Lemoine.
Au cinquantième kilomètre (en 47’16”62) les positions sont : Besson, Frosio à 200 m, Bakker à 250 m, Swoboda à un tour et demi et Lemoine à deux tours. Trois kilomètres plus loin, Frosio décolle sur sa propre attaque destinée à doubler Lemoine, avant de réussir péniblement à le passer un peu plus loin. Marqué par cette passe d’armes, l’Italien de France sera doublé deux fois par Besson. Mais en résistant à Frosio au coude-à-coude pendant quatre tours, Lemoine a lui-même décollé et perdu plusieurs tours, après avoir un temps fait mine d’abandonner. Dans l’heure 64 km 473 ont été parcourus dans un faux rythme tout à fait exaspérant. Au soixante-quinzième kilomètre, le boyau avant du vélo de Besson rend l’âme. Il change dès lors de machine en virtuose. Frosio le passe deux fois mais comme Besson avait deux tours d’avance, il conserve sa première place, Frosio derrière lui dans le même tour. Cet épisode « remplacement moto » se sera effectué sans plus de dommage que dix-huit secondes de flottement. Besson remporte sa série sans jamais n'avoir été inquiété autrement que par cet aléa de course.

A sa descente de machine, le maître des lieux débitera les sucreries d’usage : « Sur cette piste, j’ai un moral épatant ! Je me sens bien. J’avoue que ce soir, Frosio activait fort. Lorsque ma roue avant s’est mise à se dégonfler, j’ai eu peur. Il fallait en effet que je prenne de l’avance pour pouvoir m’arrêter car aucun tour n’est rendu en cas d’accident. C’est là que nous avons joué notre va-tout »... Rideau de fumée encore, masquant médiatique toujours… Une coalition ? Quelle coalition ?
L’énorme déception reste la prestation d’Henri Lemoine, qui, blessé à la selle et à l’évidence insuffisamment préparé, devra disputer le repêchage. A sa descente de vélo il déclare avoir été victime d’une... coalition justement, et éructe : « Je suis dégoûté du métier ! » « Ce soir je me sentais bien, mais à chaque fois j’ai trouvé la "porte" fermée devant moi… A deux reprises l’entraîneur de Frosio m’a fait "voyager". Ensuite tous ont résisté à mes attaques même ceux qui avaient un nombre de tours respectable dans la vue »
Mais la chasse à courre n’est pas terminée pour « l’Homme aux petits pois » : il reste le repêchage à disputer, un repêchage en forme de guet-apens, il le sait déjà.
Mercredi 28 Août - Repêchage
- 03 Armin Heimann (CH) - entr. Paul Suter puis Georges Groslimond - les 100 km en 1h 32' 52" 4/5
- 01 Willy Michaux (BEL) - entr. Émile Vandenbosshe - à 184 m
- 05 Henri Lemoine (FRA) - entr. Maurice Jubi - à 284 m
- 04 Josef Swoboda (AUT) - entr. Alphonse Groslimond (CH) - à 1 t 462m
N.C. 02 Cornelis Bakker (P-B) - entr. ... Van der Bom - ab. 125ème t
N.P.- Walter Summers (G-B) - entr. : ... Lüthi-Käser (CH) - forfait
La course : 5 500 personnes garnissent les tribunes. L’ordre de départ est celui induit par les temps des séries éliminatoires : Heimann, Michaux, Bakker, Swoboda, Lemoine.
Au dixième kilomètre, Swoboda change de moto au vol et est dépassé par Lemoine. C’est le début d’une joute au long cours entre Heimann et Michaux, ce dernier apparaissant, comme Lemoine, bien isolé. Deux kilomètres encore et Lemoine, posté en quatrième position, attaque Bakker, sans succès. Au vingt-deuxième kilomètre, Michaux double Swoboda au sprint. Heimann passe à son tour Swoboda et Bakker, et reprend la deuxième place.
Et soudain voici Heimann qui emprunte le sillage de la moto de service pilotée par l’entraîneur de réserve Georges Groslimond, le pacemaker de Besson déjà qualifié pour la finale. Car Paul Suter, dans l’incapacité de passer jusqu’ici le Belge Michaux, a trouvé opportun d’arguer d’un lumbago bien opportun pour quitter la course. Drivé par un Groslimond surmotivé et agressif, Heimann va pousser dès lors Michaux sur Lemoine, qui passe Bakker. Au 33ème km, Michaux double lui aussi Bakker, qui ne va pas tarder à abandonner, et se lance à la poursuite de Lemoine, qui résiste.
A mi-course, les 50 km en 45’13“2/5, Michaux mène toujours devant Heimann et Lemoine qui talonne Swoboda à 1 tour. Entre le 50ème et le 75ème km, Heimann va s’obstiner sans succès à passer un Michaux qui s’écarte à un moment de sa ligne pour attaquer Lemoine et reçoit un avertissement. Dans l’heure, 66 km 260.
Au 77ème km, Heimann, après vingt-et-une attaques ( !) menées par son pacemaker, passe enfin en tête, au milieu d’acclamations formidables. Swoboda a profité de la bataille pour se dédoubler sur Michaux. Quant à Lemoine, de toute façon à l’évidence hors de son habituelle condition, il ne pourra rien faire contre les efforts conjugués du Suisse et de L’Autrichien. Armin Heimann sera bien le deuxième suisse de la finale.
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L’entente Heiman – Swoboda s’est exposée durant toute la course avec tant d’impudence - tant au détriment du Belge Michaux que du Français Lemoine – que la foule – au chauvinisme extraordinairement exacerbé – a exigé un tour d’honneur de l’Autrichien ! Lemoine, furieux interpelle à sa descente de vélo les journalistes présents : « J’admets que je ne suis pas au mieux, mais dîtes-moi : c’est un championnat du monde par équipe que l’on dispute ? »
Le surlendemain de ce drôle de western, dans son édition du 30 Août, le quotidien Paris Presse annonce, sous la plume de Gaston Bénac - par ailleurs pas forcément un fan de demi-fond - : « La coalition du cirque de Zürich va-t-elle enfoncer un peu plus le demi-fond ? » Puis il sort carrément l’artillerie lourde en précisant : « Dès mon arrivée à Zürich, on m’a annoncé que plusieurs coureurs étaient décidés à faire le jeu de Besson. Parmi eux se trouveraient Heiman et le champion d’Italie Frosio » « Attention Messieurs les stayers et messieurs les juges : les sportifs de tous les pays ont les yeux fixés sur vous ! »
L’odeur de soufre de ce Mondial de la reprise est arrivée jusqu’aux narines du Président de l’U.C.I. Achille Joinard, qui, entre deux banalités et poignées de mains, trouve tout de même le temps de glisser avant la finale à l’oreille du déjà vénérable Arthur Pasquier, l’entraîneur de Vandervoort : « Vous savez, Arthur, qu’on discute toujours à l’U.C.I. de la question de la limite d’âge des entraîneurs »… Rapport de cause à effet ? Le lendemain sur le vélodrome Oerlikon, l’équipage Vandervoort / Pasquier ne fera guère parler de lui.
Démasqués les conjurés donc ? Oui. Mais peu leur importe. Dans ce Mondial 1946, toute mesure en la matière semble avoir déjà été dépassée… Pourtant, la coupe n’est pas encore pleine, loin s’en faut !

La course : Prévu à dix-sept heures, le départ ne sera donné qu’à 19h30, le temps pour les organisateurs de garantir la fréquentation maximum du vélodrome, qui sera archi-plein (15 000 personnes, un millier refoulé au dehors faute de place !) lorsque le départ sera donné.

Sur la « grille de départ » Chaillot est posté en première position devant Van der Voort, Heimann, Besson et Frosio.

Dès le quatrième kilomètre, Besson a passé Heimann puis Van der Voort, sans aucune résistance de leur part. Après vingt tours, le champion de Suisse attaque Chaillot, le poussant, à l’évidence, sur Frosio, mais le Français anticipe sa manoeuvre et la déjoue.
Besson récidive alors aux 27ème et 34ème tour, avant de se « reposer » laissant Heimann et Van der Voort le passer. Au dix-huitième kilomètre, Frosio vient « attaquer » Heimann, le passe sans coup férir, et se tient prêt ainsi avec ce dernier à planter des banderilles au champion français. A partir de ce moment, il mènera ce petit jeu avec le coureur suisse comme dans une course à l’américaine.

Pendant ce temps, Besson tente de se faire rattraper par Van der Voort afin de « faire le mur » sur Chaillot. Le ballet est bien réglé. Tous les dix tours, avec une régularité d’horloge, Heimann et Frosio attaquent Chaillot sur le mode « à toi-à moi ».
Au soixante-septième tour, les commissaires suisses - agacés par la résistance de Chaillot ? - , lui infligent un avertissement pour – paraît-il - avoir viré trop haut !
Une bronca terrible, un tsunami de sifflets furieux déferlent alors des tribunes en direction du coureur français, visiblement pas dans les petits papiers du public zurichois. Ce dernier s’exaspère et trouve la mise à mort du champion de France bien trop lente. Nous sommes au vingt-sixième kilomètre, et le favori de ce championnat reste encore au commandement. C'est le moment choisi par Besson, jusqu'ici observateur passif des échecs répétés de ses affidés, pour attaquer à nouveau Chaillot. Mais après un coude-à-coude prolongé sur huit tours, l’Helvète doit laisser là l’affaire.
Le Grenoblois tente alors de faire intercaler l’équipage Pasquier / Van der Voort entre lui et le Suisse, qui déjoue la manœuvre, en le doublant prestement. 81ème tour. Besson est repassé en seconde position, porte généreusement ouverte par Heimann et Van der Voort. Neuf tours encore et Besson attaque franchement Chaillot, sous les hourras d’un public au comble de l'exaspération après le nouvel échec de l'assaut de son favori. 33 km 801 ont été courus pendant la demi-heure de course. La tenaille suisse est toujours bien en place. Douze tours plus loin, c'est au tour de Frosio d’attaquer à nouveau, lui aussi sans succès, le Français. Et puis au quarantième kilomètre, après avoir essuyé pas moins de neuf attaques, le champion de France décolle enfin sous la nouvelle poussée d’un Besson littéralement aplati sur sa machine, Frosio et Heimann profitant dès lors du décollement du champion de France pour s’insinuer derrière leur commanditaire. Van der Voort se dédouble sur ces entrefaites sur Chaillot mais reste en cinquième position.
Nous sommes au 122ème tour, Besson s’est installé au commandement. La tempête est passée : plus de feu roulant d'attaques. La course est devenue croisière, les coureurs roulant au train, sous le regard de plus en plus scandalisé des observateurs français essuyant les fanfaronnades et les quolibets des journalistes et spectateurs suisses. « L’ancien routier du S.S. Suresnes » déroule. Et sa tranquille randonnée continuera sur le même rythme anémié jusqu’au 175ème tour. A la mi-course, les cinquante kilomètres ont été accomplis en 44’ 8’’ 1/5 et les positions sont les suivantes : 1er Besson 2ème Heimann 3ème Frosio 4ème Chaillot (tous dans le même tour) 5.Van der Voort (doublé), intercalé entre Besson et Heimann.
Mais voici arrivé ce fameux cent soixante-quinzième tour. C’est le moment choisi par Chaillot pour dégainer ce « sprint » magistral qui est sa marque de fabrique. En un éclair, il va reprendre la seconde place, éventant au passage Frosio puis Heimann. Un moment, il va même décoller du sillage de la moto de son entraîneur Guérin sous la violence de son effort, avant de se rétablir. Nous sommes au soixantième kilomètre, et seuls maintenant Heimann et Van der Voort - intercalés entre Besson et Chaillot – ont été doublés. Dans l’heure: 67 km 720. Van der Voort tente alors une timide attaque sur Besson, repoussée aisément par ce dernier. Qui sait ? Le « Père Pasquier » a t-il peut-être pensé-t-il en mettant mollement les gaz à l’avertissement patelin prodigué la veille par le Président Joinard…
Aux soixante-dixième kilomètres, parcourus en 1 h 1’ et 51’’, Chaillot double soudain Heimann. Dix kilomètres plus loin, il passe le Hollandais et se place à l'affût pour attaquer l’homme de tête, ça crève les yeux. Pendant ce temps, Frosio, à qui rien n'a échappé, s’est empressé de "sauter" le coureur hollandais, comme pour conserver Chaillot « à l’œil ». Malgré cette manœuvre, Chaillot le déborde irrésistiblement au 217ème tour. Il ne reste plus que 47 tours à accomplir - moins de 16 kilomètres - lorsque des gouttes de pluie commencent à s’écraser sur la piste.
Au 265ème tour, soit passé le 88ème kilomètre, la dramaturgie est en place : Besson en tête dans la position du chassé, Chaillot, qui accélère peu à peu, dans celle du chasseur. Et Frosio loin derrière désormais : dans celle du troisième larron ? A neuf kilomètres de l’arrivée, c’est au tour de Besson de se sentir pris en tenaille par l’équipage Van der Voort / Pasquier qui le précède.
A douze tours de la fin, Chaillot n’est plus qu’à une cinquantaine de mètres de l’équipage Groslimond - Besson. Quatre tours plus tard, il lui a grignoté dix mètres. Il ne reste plus que sept kilomètres de course… Sur sa moto, Guérin fait un signe de tête à son coureur comme pour lui dire « On y va ? »... « Non. Attends ! » lui hurle Chaillot. A six tours de l’arrivée, Chaillot, placé en haut de la piste, paraît l' oiseau de proie prêt à fondre sur un Besson affolé et visiblement déjà en sur-régime.
Plus que quatre tours. C'est le moment de l’attaque, totale, sauvage ! « Allllleeeez ! » hurle Chaillot à son pacemaker. Groslimond met les gaz, mais Besson souffre mille morts sous la violence du sprint du Français. Il résiste pendant un plein tour, et puis… craque subitement, perdant le contact du rouleau, au désespoir hurlant d’une foule accablée.

Mais au même moment, le champion de France a "décollé" lui aussi ! Heureusement, il a repris le contact le premier avec la moto de Guérin, malgré une belle « vague » de l’entraîneur Groslimond, que menace au passage d’un poing vengeur un Chaillot au paroxysme de l’effort ! Le titre est désormais au bout, la voie est dégagée pour Louis Chaillot. Mais… voilà que soudain le rouleau de la moto de Guérin s’éloigne, sur une « incompréhensible » accélération de celui-ci ! Il ne reste plus que cinq cents mètres de course. Le coup de gaz inopportun de Guérin a littéralement « tué » l’ancien sprinteur. Inespéré pour Besson, qui, du coup, se ressaisit et reprend en désespéré le commandement, incrédule. Le public chavire de bonheur. La voie royale est maintenant ouverte pour le champion de Suisse ! Non. En fait, elle est maintenant ouverte au grand n’importe quoi…
Il ne reste plus que deux tours à l’Helvète pour aller cueillir ce maillot si chèrement ficelé en coulisses. « L’affaire est dans le sac » puisque Chaillot a été « liquidé »… Mais comment pourrait-il savoir que derrière lui ses compères « Papyrus » et Frosio ont été visités par une apparition. Car au moment même où il « décollait » du rouleau de la moto de Groslimond, les deux compères ont aperçu comme dans un rêve un mirage de billets de mille sous forme de rente arc-en-ciel. Et le mirage est devenu coup pendable lorsqu’ils ont vu Groslimond péniblement « récupérer » un Besson bien fané... Dès lors, tant pis pour les arrangements pris en coulisse : la moto de Van Ingelghem a vite monté en tours, suivie par un Frosio tournant les jambes tel un dératé.
Les deux compères vont passer en trombe au passage un Chaillot crucifié, et fondre en moins de temps qu’il n’en faut pour comparer les mérites du franc suisse et de la bonneterie cycliste irisée sur un Besson hébété, incapable de suivre l’accélération imprimée par son pacemaker, qui a compris que les deux larrons sont tout simplement en train de s’emparer du coffre-fort !

Course de moto entre « Papyrus » et Groslimond. Ni Frosio ni Besson ne peuvent garder le contact du rouleau... Les deux hommes, décollés, passeront la ligne bien après leur motos, à trois mètres l’un de l’autre…

C’est Frosio « le petit » stayer, qui a passé le premier la ligne d'arrivée, les motos loin devant, récoltant le fruit de la victoire, un fruit pourri… Silence de mort dans le vélodrome… Jusqu’à ce que la bruyante frénésie d’une cinquantaine de supporters italiens, surgis d’on ne sait où, ne vienne résonner dans toute son obscénité dans un Oerlikon peuplé de spectateurs mortifiés et de journalistes abasourdis.
- 05 Elia Frosio (ITA) - entr. Félicien Van Ingelgehem (BEL) - les 100 km en 1h 29' 09" 2/5
- 04 Jacques Besson (CH) - entr. Georges Groslimond - à 3 m
- 01 Louis Chaillot (FRA) - entr. Maurice Guérin - à 184 m
- 03 Armin Heimann (CH) - entr. Paul Suter-à 1t 130 m (467 m)
- 02 Ben Vandervoort (P-B) - entr. Arthur Pasquier (FRA) - à 1 t 170 m (507 m)
BESSON A FAIT DES ECONOMIES
Course « arrangée » en coulisses. Public outrageusement partisan, commissaires frappés de cécité, concurrents coalisés, entraîneurs aux comportements sybillins… L’insulte faite au demi-fond à Zürich sera dure à digérer… La presse est unanime, de Jacques Goddet à François Terbeen, de Backer d’Isy à Jean Antoine, lequel reprend un air déjà fredonné avant-guerre :

« Avant tout respecter le public : il faut supprimer le championnat du Monde de demi-fond »

Et tous les chroniqueurs de reprendre en choeur : « On ne fera jamais croire à personne que Frosio est le meilleur stayer du monde. 1946 » Combat prévoit même un vachard : « Pour Frosio, un maillot qui sera lourd à porter… »

Chaillot lui, est en larmes : « Qu’est- ce que je pouvais faire contre trois ? Ce championnat, je n’aurais jamais dû le perdre. Si seulement Maurice Guérin avait ralenti un peu, le maillot était dans la poche !... »
« Mais là où je suis content c’est que Besson a été victime de ses propres machinations, et que finalement Frosio ait préféré l’or du maillot arc-en-ciel à l’argent qui lui avait été promis ! »
Sur la table de massages, il prolonge : « Ce qui nous est arrivé, c’est de ta faute, explique-t-il à Guérin. Quand j’ai décollé en même temps que Besson, tu aurais dû enlever la "sauce" plus rapidement ! Groslimund, lui, a compris, il a ralenti et Il est venu se « coucher » sur moi. [….] Déjà au début, quand les commissaires nous ont infligé un avertissement - à tort d’ailleurs - et que la foule nous sifflait, j’étais énervé et tu m’as mené la vie dure. A chaque instant tu mettais et tu retirais du gaz... Enfin, n’en parlons plus ! » Un officiel déboule alors dans les vestiaires : « Chaillot, on vous demande pour le tour d’honneur ! » Le cambriolé de Zürich lui répond : « Les Suisses sont trop chauvins. Je n’irai pas. Mon tour d’honneur, je l’ai fait lorsque j’étais en tête ! ».
Toute la délégation française et les vrais sportifs sont accablés. Même Henri Lemoine « le meilleur ennemi (sportif) » de Chaillot est consterné : « C’est dommage pour Chaillot, il était le plus fort. Songez qu’il a repoussé 30 attaques combinées de Heimann, Frosio et Besson !… Quel courage, quel cœur il a eu ! (venant de son plus acharné rival, le compliment a du prix !) » « Mais ce qui est arrivé à Besson, c’est bien fait ! Voyez-vous, les « petites combines » ça ne rapporte pas toujours… »
Du côté d’un Jacques Besson hébété qui lorgne, le regard chargé de haine en direction d’un Frosio tout faraud chahuté par ses bruyants admirateurs, on ravale un instant sa rage le temps de serrer - pour la galerie - la main du nouveau champion du Monde. Une main qu’il aurait tant de plaisir à broyer…


« Je suis dégoûté. Je raccroche ! »… « Et Heimann ? Croyez-vous qu’il m’a aidé ? Je le fais qualifier en lui prêtant mon entraîneur et voilà comment il me remercie ! »… « Et ce Frosio que j’avais mis dans le coup et qui me double à la fin ! Je suis é-coeu-ré ! »… « Et toi, - éructe-t-il en engueulant son soigneur, tu ne pouvais pas me prévenir en bord de piste ? »
Aux journalistes qui l’entourent et le pressent de leur question sur l’évidente chasse à l’homme dont ils viennent d’être les témoins, le madré Frosio, sur le mode vertu indignée, répond en surjouant du bégaiement, tout en candeur rouée : « Ma… Ma… Mais zé fait ma course, jé vous assoure ! »
Mais il n’arrive qu’à déclencher l’ironie de son auditoire : « Non, sans blagues, tu nous prends pour des c… ? » Achille Joinard lui, en bon Président de l’U.C.I. qu’il est, tonitrue, au bord de l’apoplexie : « Je vais demander au prochain congrès de l’U.C.I. la suppression du championnat du Monde de demi-fond. Il n’y a pas de moyen qu’il soit régulier !»

INJUSTICE BRUTALE ET VENGEANCE LONGUE DUREE
Pas moyen non plus pour Louis Chaillot de prendre la revanche de Zürich 1946. Pour lui, le stayer de classe, le poissard magnifique, ce sera même la double peine. Etre privé d’un titre mondial n’étant pas une turpitude suffisante, il sera poursuivi jusqu’à la fin de sa carrière par la vindicte misérable – procédurière et tenace - d’un ancien champion de la piste imbu du pouvoir administratif que lui a conféré sa fonction fédérale.

Georges Paillard ex-double champion du Monde des stayers devenu marchand de layettes et officiel venimeux, poursuivra de sa rancune au long cours un Louis Chaillot qui plus jamais ne sera sélectionné pour représenter la France au tournoi mondial de demi-fond, au grand dam d’une presse sportive unanimement révoltée devant ce manifeste déni de justice sportive. J’allais oublier : le nom de l’ex-entraîneur du « Lion » : Maurice Guérin…
L’autre floué de ce Mondial de dupes, Jacques Besson ne retrouvera lui aussi plus pareille occasion de revêtir un maillot arc-en-ciel. Il se vengera tout de même sur les paletots européens, les accumulant à trois reprises consécutives dont deux fois devant un certain… Elia Frosio. Mais comme son destin apparaît lié à celui de son tourmenteur de Zürich ! Le Mondial 1949, qui lui semblait promis, sera interrompu pour cause d’intempéries alors qu’il le dominait de la tête et des épaules. Et devinez qui le remportera le lendemain lorsque la course au titre sera recourue ?
Elia Frosio, en remportant ce jour-là son second titre mondial, prouvera au moins qu’il valait bien mieux que ce titre frelaté « rapté » à Zürich à l’issue d’un guet-apens où coureurs, entraîneurs, commissaires auront brouillé les cartes ad nauseam.

Anecdotiquement, la consolation du championnat du monde de demi-fond qui devait se courir sur 50 km à la suite de l’épreuve mondiale ne pourra être disputée en raison de la pluie qui commença à tomber dans les derniers tours du championnat. Mais la victime sportive du scandaleux traquenard que fut ce Zürich 1946 restera bien pour l’histoire Louis Chaillot. Ne cherchez dans cette histoire une morale, il n’en existe pas, de son début à sa fin.
Jacques Goddet, lui, en trouvera tout de même une à travers son compte-rendu pour L’Equipe-Elans, et elle en vaut bien une autre : « Si Besson avait remporté le titre grâce à un protectionnisme aussi outrancier, ce championnat eût été une pantalonnade. Le sursaut de Frosio et la mortifiante défaite qu’il inflige à celui qui semblait être son patron apportent une conclusion divertissante et en tout cas fort morale pour une épreuve longtemps affligeante »
Pour conférer à cette triste histoire une note positive, force sera de constater qu’à défaut de morale – sportive ou autre – il sortira toutefois de cette édition nauséabonde un championnat 1947 clair comme de l’eau de roche, exempt de la moindre zone d’ombre. Si Zürich 1946 aura eu une vertu, ce sera bien la seule.
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Patrick POLICE et François BONNIN pour STAYER FR - le 30 Mai 2020
Sources : Ce Soir ; l’Aurore ; But ; Miroir-Sprint ; Paris-Presse ; l’Humanité ; France-Soir ; Cyclette Revue ; Combat ; Franc-Tireur ; L’Epoque ; L’Equipe Elans; Club ; Neue Zürcher Zeitung lundi 26 , mercredi 28; Club; NZZ Collection LA CONTEMPORAINE (ex-B.D.I.C.) Nanterre Université Paris-OuestCote GFP 1534; photo collection J-M Letailleur


Patrick POLICE et François BONNIN pour STAYER FRANCE



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