Depuis dix années maintenant, les Fondus du Demi-Fond d’abord, Derny Europa Cup ensuite, puis Stayer Fr enfin, se sont attachés à produire le portrait des champions du demi-fond français. C’est ainsi que Marc Seynaeve, Robert Varnajo et Alain Dupontreue eurent, chacun leur tour, l’honneur de nos colonnes.
Champion de France des stayers en 1989,1992 et 1993, avec à son palmarès sept autres podiums argent et bronze, Serge Crottier-Combe devait donc logiquement un jour ou l’autre rejoindre le club assez peu fréquenté de ces « sériels-champions » du demi-fond français.
Un périple en région lyonnaise s’imposait donc, pour retrouver la trace du coureur de Meyzieu, ex-terreur des pistes hexagonales, l’homme qui avait « la course aux points dans le sang », comme l’avait si justement écrit un journaliste à l’époque.
De retour du Bureau d’Etudes de l’entreprise de matériel d’incendie où il exerce depuis quelques lustres déjà ses talents, Serge Crottier - Combe constate qu’il est attendu at home de pied ferme par deux quidams, dont un ne saurait lui rester longtemps inconnu, son vieux complice Marc Pacheco. Celui-ci aura pour tâche de lui expliquer ce que vient de faire chez lui à une heure aussi tardive un « étranger », le « non- Lyonnais » que je suis.

Première impression : notre triple champion de France des stayers est à l’évidence aussi affûté qu’aux temps de sa splendeur. Les présentations d’usage effectuées, il n’est pas long à expliquer qu’il exécute encore bon an mal an ses quinze mille bornes à vélo sur les routes de la région… dès lors, tout s'explique non ?
Pour lancer les débats, facile… il suffit seulement de trouver un créneau entre les souvenirs que s’échangent à la relance nos deux anciens combattants…
Marc Pacheco : « Serge, tu te rappelles le jour où mon derny est tombé en panne ? »
Serge Crottier-Combe : « Comme si j’avais oublié ! C’était à Crémieu, à vingt-cinq kilomètres de Lyon. Je m’en rappelle d’autant plus que j’ai dû te pousser tout le chemin du retour, y compris dans les bosses. Et ton 76x13 ne t’a servi à rien ce jour-là »
Marc Pacheco : « Et si je te parle de combinaisons plastique, ça te rappelle quoi ? »
Serge Crottier-Combe : « Oui… tu veux dire le jour où l’on s’est essuyé cet orage terrible dans la plaine de l’Ain, et où l’on trouve dans une cabane des sacs poubelles ? On a dû en halluciner quelques un ce jour-là lorsqu’on a repris la route, toi avec ta combinaison 100 % sac plastique sur ton derny, et moi emballé de la même façon… »
STAYER FR : « Euh… les gars, si je peux en placer une… je vous rappelle que j’ai une interview à faire… »
Et voilà. C’est toujours bien de faire se retrouver de vieux copains… ça vous a un côté « Perdu de vue », et on se sent d’un seul coup contribuer à l’harmonie universelle. Mais il y l’appel irrépressible du devoir, auquel nul ne peut se soustraire, et votre serviteur moins que tout autre.
STAYER FR (en mode rabat-joie) : « Bon. Au boulot… les premiers tours de roue sur la piste, c’est la faute à qui ? »
Serge Crottier-Combe : « A un garçon nommé Dominique Desfetes, champion de France universtaire. C’est lui qui m’a appris le vélo. Il m’a donné l’envie de la piste, et dès lors je me suis inscrit en 1977 au Sprinter Club Croix Rousse Caluire, un club de quartier (celui de Vaise) Dominique Desfetes s’est fait tuer par une automobile le 8 Mars 1977, alors qu’il préparait à vélo la course Dijon-Auxonne. Depuis, mon premier bouquet de chaque saison a été pour lui. Et aujourd’hui encore, son souvenir reste toujours vivant en moi »
STAYER FR : « La première rencontre avec Marc ici présent ? »
Serge Crottier-Combe : « C’était en 1977 au vélodrome de la Tête d'Or, à Lyon, bien sûr ! »
Marc Pacheco : « Tu étais Junior. Je me rappelle bien. D’ailleurs cette année-là je me rappelle aussi que tu as finis quatre fois derrière moi (petit sourire en coin) »
Serge Crottier-Combe : « C’est vrai... Mais c'est vrai aussi qu'après, je ne t’ai jamais plus revu devant il me semble (petit sourire amusé) »
STAYER FR : (on change de sujet avant que ça ne dégénère) « Les premiers contacts avec le demi-fond, vous vous rappelez ? »
Serge Crottier-Combe : « C'était… en 1980, je crois. Et c’était derrière une moto commerciale, une Automoto couleur aubergine (il y en a une, toute pimpante, au Musée de Saint-Etienne, qui n’attend que votre visite - n.d.stayer.fr-) L’entraîneur avait pour nom Jimbert, tu te rappelles, Marc ? Il avait l’habitude de « développer la voilure » en tirant sur son pull une fois la course lancée… »
Marc Pacheco : « On t’avait pourtant mis en garde à l’époque avant de te lancer dans le demi-fond, non ? »
Serge Crottier-Combe : « Fais du derrière moto, et tu ne marcheras plus pour le reste, tu verras ! » « Le demi-fond, c’est une discipline pour les anciens ! »… Voilà ce que j’entendais autour de moi… Tu parles ! En fait, le demi-fond m’a apporté de la « caisse », un surcroît de puissance. Et si j’ai un regret, c’est bien de ne pas avoir commencé à en faire plus tôt. »
STAYER FR : « Et après ces premiers pas, le grand bain du derrière moto, c’est arrivé quand ? »
Serge Crottier-Combe : « En 1988. Les qualifications du championnat de France se déroulaient à Salbris je crois. Et j’y ai été la fleur au fusil, en me disant que courir derrière les Yamaha ne devait pas être plus compliqué que derrière un derny. En plus, j’avais quand même un « standing » dans le monde de la piste, avec dans mes bagages trois titres de champion de France de course aux points augmentés d'un bon lot de courses remportées en première catégorie… Bref, je pensais devoir être tout naturellement performant derrière moto. En fait, ça a été comme un gifle. Sur une piste balayée par le vent, sans aucun entraînement spécifique, j’ai été ce jour-là constamment « à la ramasse » dans le sillage de Monsieur Morphyre – l’entraîneur que m’avait attribué Jean Court ("Monsieur Demi-Fond", en charge alors de la spécialité – n.d.STAYER FR) pour la circonstance -, et j’ai dû abandonner. C'est Philippe Tarantini qui a remporté le titre cette année-là. A Salbris, j’ai compris que le demi-fond, c’était une spécialité… »
« L’année suivante, Jean Court revient à la charge, et demande à me revoir, persuadé qu’il était que j’avais les qualités pour briller derrière moto. Comme j'avais été écarté de la sélection nationale pour le championnat du Monde de course aux points en 1987, c’était le moment pour moi de chercher comme une sorte de revanche. Et pour me mettre le pied à l’étrier, Jean Court avait mis cette fois à ma disposition l’expérimenté autant que massif entraîneur Pierre Lachaise. Dans ma tête, j’avais le désir de chasser la rancœur née de la course de sélection de la course aux points qui s’était déroulé en 1984 à La Cipale de Vincennes, et durant laquelle j’avais eu à lutter seul contre une équipe de France faisant bloc. Je ne savais probablement pas que ce jour-là j’entamais une longue « histoire d’amour » (sic) avec Gérard Quyntin, le sélectionneur d’alors. Visiblement, le "provincial" que j’étais ne rentrait pas dans ses plans parisiens (je me fais tout petit)… »
Marc Pacheco : « Et c’est là que j’interviens, tu te rappelles ? Pour te permettre d’accomplir un entraînement régulier sur place, Jean Court t’a affecté un jeune entraîneur du cru, avec qui tu avais l’habitude d’écumer les courses de la région lyonnaise… »
Serge Crottier-Combe : « Exact. Après, j’ai enchaîné un stage de demi-fond au vélodrome de Grenoble, puis sur celui de Saint-Amand-Montrond. Et là, au contact de Gérard Simonnot et de Marc Meilleur notamment, et en observant les entraîneurs (un Alain Maréchal, un Claude Larcher - qui savait si bien s’incliner sur vous lors des dépassements - ) j’apprends, impressionné, les « ficelles » du métier... Et je retiens qu’en demi-fond, il convient d’être un peu "fourbe"... Sinon, tu constates vite que les autres le sont plus que toi »
« Le 23 Juillet 1989, je remporte sur la piste de Bruay Labuissière (évitez le pèlerinage s.v.p., c’est un coup à se choper une dépression, vu l’état de la piste aujourd’hui - n.d. STAYER FR-), devant Gérard Simonnot et dans le sillage de « Pierrot » Lachaise, mon premier titre de champion de France des stayers.

En même temps que le maillot bleu-blanc-rouge, je ramène en pays lyonnais un souvenir cuisant : avec les roues lenticulaires dont j’avais chaussé mon vélo, j’ai encaissé trois-quarts d’heure durant les ressauts des plaques cimentées de l’anneau. Résultat, une semaine douloureuse à rouler en danseuse à l’entraînement ! Dans la foulée, je me rends, plein de confiance en mes moyens aux championnats du monde, qui se déroulent sur ma piste de la Tête d’Or à Lyon.
Là, je suis comme un pape, il ne peut rien m’arriver de fâcheux : j’ai pour préparateur et mécano Marc ici présent, et Jean Moiroud. Pas de questions à se poser : il me reste juste à rouler. Hélas, je suis éliminé dès les séries. Et c’est une grosse déception. J’étais chez moi, je jouais à domicile. Le coup est dur à encaisser. D’autant plus difficile à comprendre que dans les épreuves de Coupe d’Europe, notamment sur ma piste préférée, celle de Bassano del Grappa en Italie, j’étais plutôt dans le coup, et à la lutte avec les meilleurs »
STAYER FR : « Et en 1990, on remet ça malgré tout ? »
Serge Crottier-Combe : « Oui, mais ça commence très mal pour moi, avec la chute survenue en Juin sur la piste de Dijon, une chute spectaculaire qui aurait pu se terminer de façon encore plus dramatique, et pas seulement pour moi. L’entraîneur Michel Buffet, se rabattant trop tôt à la corde, fait ce soir-là chuter son coureur Jean-Louis Nicolas, qui sera brûlé par la piste, et surtout par les pots d’échappement de la moto de Pierre Lachaise qui lui tombe littéralement dessus. Moi, bien sûr, je pars pour vingt mètres de glissade sur le ciment… et me retrouve au sol, brûlé au deuxième degré. Marc, qui arrivait derrière avec son coureur du jour, Eric Giletto, passera quant à lui in extrémis entre la balustrade et la moto de Lachaise qui redescendait en glissade… Et on courrait le lendemain à Alençon ! Et là-bas, je gagne avec huit tours d’avance, derrière la moto de Marc : ce jour-là, il a fallu que je roule très vite, afin de ne pas ressentir les brûlures et en souffrir !! En rentrant à la maison, ma mère m’a emmené directement à l’hôpital des grands brûlés à Lyon... Là-bas, j’ai enduré de grandes souffrances pendant les soins...
Un mois plus tard, le championnat de France se dispute à Foix, et je passe là-bas complètement au travers. Dans les bourrasques qui balayaient le vélodrome de l’Ayroule, littéralement saoûlé par le vent, j’abandonne même! Du coup, pas de championnat du Monde, et c’en est fini de la saison de demi-fond »
« Mais l’année suivante, sur la piste couverte de Bordeaux-Lac, je gagne ma série, et en finale, je retrouve mon rang. Avec Alain Maréchal, nous partons en seconde position derrière un Michel Dubreuil qui me tiendra à distance toute la course presque trois-quarts d’heure durant… Une course intense, tendue, mais une « course aux quatre coins » (n.d.STAYER.FR) qui n’a pas dû emballer follement le public en tribune ce soir-là…
Cette année-là, j’ai dominé finalement toute la saison, et ne me suis loupé qu'au championnat de France. Et à Stuttgart, pour les championnats du monde, il s’en faut de peu pour que je ne sois de la finale... là, je m’aperçois que je ne suis désormais plus très loin des meilleurs mondiaux »

« 1992 se révélera finalement ma meilleure année en demi-fond. Car sur cette même piste de Bordeaux-Lac, ce sera cette fois à mon tour de faire la course devant, avec à mes trousses le Néo-Calédonien Christian Pierron, drivé par le pacer hollandais Bruno Walrave. Pour s’éviter tout souci, nous accomplissons avec Alain Maréchal un départ de folie. Bruno Walrave tentera bien de passer à un moment, mais au bout d’un tour et demi à un mètre cinquante du rouleau, son coureur devra renoncer… Dès lors, il ne peut plus rien nous arriver, et je remporte sans douleur mon second titre »
« En bonne condition, je me rends en Espagne pour réaliser ce qui sera finalement mon meilleur championnat du Monde. Sur la piste de Valence, je passe enfin les séries, pour accéder à la finale. Mais une fois arrivé à ce stade, je me retrouve sur la ligne de départ avec trois Allemands et deux Italiens pas forcément enclins à me faire des fleurs, et à l’Autrichien Konigshofer, triple champion du monde chez les amateurs, un "client". Isolé comme je le suis, il m’est de toutes façons impossible de lutter au cours des deux manches avec le grand Carsten Podlesch, qui, en ces deux occasions, en mettra plein les yeux (en même temps qu’il mettra plein de tours) à tous les coureurs présents. Septième à trois tours seulement de ce grand bonhomme, je n’ai franchement pas à rougir, car j’ai été constamment au niveau de ses adversaires, et loin d’y être ridicule »
Marc Pacheco : « Et si tu parlais un peu du record ?»
Serge Crottier-Combe : « ?? »
Marc Pacheco : « 1992, Bordeaux, Six-Jours ? Ca te parle ? »
Serge Crottier-Combe : « ... Bien sûr ! D’autant que ce record, c’est "notre" histoire ! On l’a "pensé" tous les deux. Ce record de France de l’heure derrière moto (sur piste couverte -n.d.STAYER FR -) ça a été vraiment notre projet. Il était détenu par Jean-Charles Vigne, je crois (69.085 kilomètres dans l’heure, réalisés au P.OP.B. de Bercy à Paris - n.d.STAYER FR-) Rappelle-toi : au mois de Septembre, à l’occasion de la cinq-centième épreuve organisée par Georges Préveral sur la piste de la Tête d’Or, on fait une petite exhibition derrière ta moto… »
Marc Pacheco : « Et c’est là que nous est venue l’idée du record ! »
Serge Crottier-Combe : « En guise de préparation : des épreuves de demi-fond, les 6 jours à Dortmund, et du derny sur la route! Le soir, je hantais la zone industrielle de Meyzieu pour des sorties de deux heures et plus... »
Marc Pacheco : « Tu es arrivé à Bordeaux fin prêt pour l'« exploser », ce record. Pourtant, le jour J, à Bordeaux, sous les yeux attentifs de Gilbert Duclos-Lassale et Laurent Biondi, tu as eu une sacrée frayeur...»
Serge Crottier-Combe : « Tu étais en bord de piste, pour me rappeler le tableau de marche. A la dix-septième minute, mon boyau avant éclate, alors que j’étais en avance sur le temps du record, et voilà que je pars en glissade. Pendant une quarantaine de mètres, à la lisière du tartan, mon épiderme a eu tout le temps de prélever du parquet un joli lot d’échantillons de Doussier du Cameroun »
Marc Pacheco : « On change dès lors les deux roues du vélo, et on met celles des pistards de l’équipe de France… »
Serge Crottier-Combe : « ...Et trois-quarts d’heure après, les brûlures devenues un peu moins cuisantes et armé d’une rage qui décuple mes forces, je me remet à l’ouvrage

sur le 66 x 14, et croise vite avec trente mètres d’avance au tour sur le record. Je ne suis jamais à fond, jusqu’au moment où Alain Maréchal visse un peu la poignée pour me faire accélérer. Au bout du compte, je décroche le record, avec 72.157 kilomètres dans l’heure ! Franchement, c’était bien de faire une marque… même si ce devait être la dernière… (les records seront bientôt rayés des tablettes par l’U.C.I . (encore merci à ceux qui ont pris cette décision imbécile ! - n.d . STAYER FR ! -) »
STAYER FR : « Arrive 1993. Une bonne année ? »
Serge Crottier-Combe : « Finalement, peut être la meilleure. Car le "France" 1993 a été une belle finale, disputée sur la piste de Bordeaux, pour ce que je ne savais pas alors être mon dernier titre de champion de France. Pourquoi je suis si fier de ce titre ? Parce que derrière moi je laisse des garçons de la valeur d’un Hervé Dagorne et d’un Marc Seynaeve, avec derrière cette paire, Michel Dubreuil et Christian Pierron. Il y avait de la concurrence ce jour-là. Et Hervé Dagorne, c’était une référence sur la piste ! Alors ce titre 1993, c’est une fierté. Je pars en tête, et on court une belle finale, à plus de soixante-neuf de moyenne.
En guise de récompense, on ne me sélectionne même pas pour les championnats du monde ! Là, je commence à être un peu "gavé" de ce manque d’intérêt pour mes performances… entre la course aux points et le demi-fond, on ne pourra pas dire que j’aurai fait l’objet de beaucoup de considération de la part des instances fédérales ! L’année d’après, je fais part de cette situation dans les colonnes du journal l’Equipe, en déclarant que le demi-fond est en passe d’être bradé, et que les pistards sont vraiment devenus la cinquième roue de secours de la piste. Ca n’a pas dû arranger mes affaires, mais bon… »
STAYER FR : « Là, je perds ta trace, jusqu’en 1997, et le championnat de France à Saint-Amand- Montrond »
Serge Crottier-Combe : « Marc me dit cette année-là : " On n’a jamais fait de championnat ensemble… " Alors je lui répond : "O.K. !", pour lui faire plaisir, mais au pied levé, et sans préparation spécifique ! Pour autant, c'est un Marc motivé à bloc qui me "drive" le jour du championnat à la perfection. Il connait bien le diesel que je suis sur le départ, et on va chercher la médaille d’argent dans le final derrière Marc Seynave, en se dédoublant de deux tours sur l'entraîneur Maréchal, qui ne se présentera même sur le podium pour sa troisième place ! »
STAYER FR : « 2000. Serge Crottier-Combe, quarante balais, le retour. Pourquoi ? »
Serge Crottier-Combe : « Marc Pacheco encore ! Marc m’avait embarqué peu de temps avant dans une aventure : "On a besoin de toi pour courir à Baie Mahaut en Guadeloupe" Résultat : une semaine au soleil et trois manches de demi-fond… qui m’ont redonné le goût de la vitesse ! Une course derrière moto seulement en guise de préparation, et je me retrouve inscrit au championnat de France qui doit se disputer à Chateaubriant. Ce jour-là, ma bagnole tombe en panne sur la route, et j’arrive juste pour le départ de la première série ! Dès lors, on inverse l’ordre des départs rien que pour moi. Et voilà que je gagne ma série sur ces entrefaites ! Et ce qui va se passer après, c’est tout de la faute à Marc (sic) »
« Je lui dis : « Ne mets pas les chevaux tout de suite, attends ! On était partis en troisième position, la deuxième manche que l’on avait disputé « relax » pour une seconde place étant la moins rapide. Et je lui ai demandé de « laisser passer » en finale, pour ne pas « péter », tout simplement »
Marc Pacheco : « Laisser passer… ce n’est pas dans mes habitudes ! Et, sans en avoir l’air - ni surtout le « faire péter » - j'ai « filoché » les roues, puis, profitant des opportunités causées lors du passage des doublés, nous sommes passés en seconde position, derrière Marc Seynave, mais devant Anthony Gillot, le tenant du titre !!! Après, afin de ne pas hypothéquer le podium, j’ai finalement laissé passer Gillot, qui va gagner ce jour-là son second titre de champion de France… »

Serge Crottier-Combe : « Résultat, on finit sur le podium tout de même, derrière Anthony Gillot et Marc Seynaeve ... et je garde l’impression que j’aurais finalement dû davantage me « lâcher» ce jour-là »
STAYER FR : « Un « blanc » de quatre années, et vous voilà de nouveau de retour, pour un dernier salut à la spécialité. »
Serge Crottier-Combe : « A cette époque, j’étais redevenu exclusivement routier, et depuis longtemps. Franchement, si je me retrouve sur la ligne de départ, c’est bien parce que le championnat a lieu à Lyon, sur ma piste de la Tête d’Or, et que certains (suivez mon regard) me pressent fortement d’y être. Et je reprends le collier dans le sillage de "qui-vous-savez" »
Marc Pacheco : « Pour ce championnat, j’avais eu quatre mecs à préparer : Toi, Serge Verchere, Mickael Buffaz et Stevens Dupouy. Et voilà que les quatre se retrouvent en finale ! Je tire Mickaël, on gagne la première manche, et mon fils Sylvain la seconde avec Dupouy. Hélas, Mickael, qui avait attrapé entre la série et la finale une allergie au pollen, passe à côté de sa finale, et on ne fait que le Bronze. En prime, Dupouy casse son cadre pendant la finale. Toi, dans le sillage de l’ami François Toscano, tu échoueras au pied du podium. Pour tes adieux à la spécialité, « à la maison », c’était franchement pas mal, avec en prime un Serge Verchère qui finit à la cinquième place. 3, 4 et 5 ! J'étais fier de mes gars ! »
STAYER FR : « Il y a eu une vie après le demi-fond ? »
Serge Crottier-Combe : « J’ai couru sur la piste en américaine et course aux points au plus haut niveau jusqu’en 1998. J’ai arrêté alors, car avec l’âge, on perd de la réactivité, et les réflexes ne sont plus si rapides. J’avais peur de devenir dangereux pour les autres. J’ai couru ma dernière américaine avec Frédéric Moreau, un coureur de Vaulx-en-Velin, sur le Vélodrome de la Tête d’Or en 2009. Et sur la route, j’ai arrêté la compétition à l’âge de cinquante et un ans. Ma dernière course, je la gagne à Vaulx-en-Velin, en septembre 2011 »
STAYER FR : « Marc, si je te demandais de définir ton pote en une formule ? »
Marc Pacheco : « Ce serait : « Maître à courir ». Et comme stayer, c’était un véritable « guerrier » sur la piste, doublé d’un sacré dur au mal »
Serge Crottier-Combe : « En demi-fond, tu éprouves des sensations uniques, que tu ne peux pas comprendre tant que tu ne l’as pas pratiqué et maîtrisé un savant mélange d’habitudes et de technicité. En tous cas, en course, malgré les qualités que Marc veut bien me reconnaître, il n’était pas question de me faire accélérer de quatre crans à la poignée. En effet, j’avais du mal à « encaisser » les changements de rythme. Avec moi, les accélérations de la moto devaient être progressives, et Marc le savait bien ».
Marc Pacheco : « En demi-fond, la confiance entre l’entraîneur et le coureur doit jouer à 100 % ».
Serge Crottier-Combe : « Le demi-fond est une véritable course d’équipe entre l’entraîneur et le coureur. A haut niveau, les qualités de l’entraineur sont prépondérantes. Sans lui le coureur ne peut espérer un bon résultat. Marc me connaissait par cœur. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à courir et à m’entraîner avec lui. Il répondait toujours présent lorsque je le sollicitais pour des entraînements derrière derny. Je lui dois une partie de chaque médaille et titre que j’ai remporté. Encore merci Marco, pour toute ton aide et ton soutien durant ma carrière ! »
Après ces fortes paroles, il ne me reste plus, une fois écrasée une larme, qu’à ajouter le palmarès de Serge, qui a si bien servi le demi-fond, et qui y a laissé une empreinte durable, à une époque où la discipline n’avait pas franchement le vent en poupe. Ce qui augmente encore le mérite du Monsieur, à posteriori …
Patrick POLICE, pour STAYER FRANCE
Mis en ligne sur STAYER FR le 17 Décembre 2015 - remise en ligne sur STAYER FRANCE le 10 Juin 2020



Serge Crottier Combe
Né le 14 Juillet 1960 à Lyon IIème

Palmarès :
Vice-champion du Monde militaire de la course aux points en 1983
Champion de France de la course individuelle aux points en 1981, 1983 et 1987
Champion de France de l’américaine avec Patrick Billet en 1986
Champion de France de demi-fond en 1989, 1992 et 1993
7ème du championnat du Monde de demi-fond 1992
3ème de la Coupe d’Europe de demi-fond 1989
Coupe de France Mavic 1984
Plus de 300 victoires sur route et piste confondues en première catégorie

