Pour décrire l'atmosphère qui plombe cet automne 1938, si l'on voulait pasticher Jacques Brel, on pourrait se risquer à chantonner... « ... Ça... sent... la... guerre..., de Londres à Berlin… »
L’ambiance est étouffante, lourde de menaces. L’appétit du Troisième Reich est devenu insatiable, et on commence à trembler vilain dans les ambassades en faisant mine de découvrir - mais un peu tard - la véritable nature du régime nazi que l’on trouvait jusqu’ici si fascinant et si propice au bon fonctionnement des affaires …
Etouffante, l’ambiance l’est également en ce qui concerne le championnat du monde de demi-fond à venir, mais là, c'est pour d’autres raisons, quoique...
Si l’atmosphère est si délétère à l'aube de ce championnat du Monde 1938 qui doit se dérouler au vélodrome olympique d'Amsterdam, c’est parce qu’elle est fille d’un lent mais sûr processus de dégradation, que l’on peut commencer à dater - disons pour faire bon poids - des dernières splendeurs du grand Victor Linart. Car depuis la fin des années vingt, la course au titre mondial semble devenue le théâtre louche de manœuvres fleurant la combinaison d’alcôve, d’alliances qui, de sournoises, sont devenues impudentes, de règlements de compte piteux et dérisoires, niés bien entendu une fois la course finie sur le mode omerta. Les combinards plastronnent, les victimes se taisent : « Si tu veux des contrats dans les courses à venir, motus !... Et puis, on ne crache pas dans la soupe ! (air connu et qui a fait de l’usage depuis ) »
En 1928 déjà, une collusion en course des stayers germaniques était apparue en pleine lumière, pour empêcher la victoire du Français Henri Bréau. Volé comme au coin d’un bois « La Grenouille » aura bien tort de dénoncer le procédé à la presse : envolés dès lors comme par magie les juteux contrats sur les pistes allemandes !
Deux années plus tard, les aficionados vont apprendre à connaître Paul Krewer, le stayer « porc-épic » indépassable, rugueux, tout à fait apte à rafler d’une jambe les mondiaux de la décennie s’il ne s’était attaché exclusivement au pourrissement de la course de ses adversaires durant cette période.

Son compatriote Moeller sera le premier à profiter de ses services au détriment d’un Georges Paillard qui, dans l’édition de 1932 à Rome, aura entretemps retenu la leçon, et retrouvé la clef propre à décrocher un second titre mondial sans trop trembler.
En 1934, finale rime à nouveau avec scandale. Cela se passe cette fois à Leipzig, sur fond de croix gammées, des saluts nazis enjoués du Président de l’U.C.I. d’alors, le Français Louis Breton, et de nervis à brassard grimés en service d’ordre bon enfant. Dans cette saine ambiance, c’est le Français Charles Lacquehay qui cette fois jouera le rôle de bizuth, offert en holocauste à l’indispensable « Monsieur-basses-œuvres-Krewer", et à son compact compatriote, le taurin Erich Metze.

Comme si ce n’était pas suffisant, l’Espagnol Prieto sera attaché la course durant à verrouiller la combinaison. « La Longue carabine », pourtant d’ordinaire si placide, se retire, outré, avant le terme de cette sinistre farce en déclarant « Rien à faire : ils sont trois en commande contre moi ! ». Quand à Georges Paillard, le champion de France est sorti dès les qualifications, au terme d'une course au déroulement bien déconcertant...
En se démettant de façon aussi ostentatoire, et en réalisant une prestation aussi piteuse, Lacquehay et Paillard ne peuvent pas imaginer une seconde qu’ils viennent en fait de déclencher la minuterie d'une véritable bombe à retardement, qui explosera quelques trois semaine plus tard…
Le 16 Septembre, le quotidien « L’Intransigeant », sous la plume impitoyable de Jean Antoine, sort l’artillerie lourde, et dénonce l’atmosphère empoisonnée du « Milieu » dans un article intitulé "Crevons l'abcès du demi-fond". Quatre jours plus tard, le même enfonce le clou : le Mondial 1929 remporté à Zürich par Paillard ? Acheté pour la somme de 25 000 francs ! Son second titre, celui de 1932 ? Les tarifs ont augmenté : 30 000 francs de plus ! Pendant qu’on y est, son récent titre de champion de France, tarifé aussi !!! En passant, on égratigne l’édition 1930 remportée par le classieux champion germanique Moeller, apparemment dans tous les bons coups. Et ce ne seront pas les explications oiseuses de Toto Grassin, troisième de cette course derrière… Paillard (!) qui dissiperont le malaise. Quant à Charles Lacquehay, on l'accuse de collusion avec "le Lion", et de faire en compères la pluie et le beau temps sur le demi-fond français.
Avec juste ce qu’il faut d’hypocrisie indignée, Henri Desgrange y va à son tour de sa plume vacharde quatre jours plus tard dans « L’Auto » en signant un de ses éditos acides dont il avait le secret. L’hebdomadaire « Match » embraie, la presse généraliste aussi… En cet automne 1934 il pleut des pierres sur le demi-fond… L’orage finira bien par passer, mais le malaise lui, persistera. Et l’abcès n’en finira plus d'enfler.
Comme pour faire litière de cette réputation délétère, l’édition 1935 apparemment au-dessus des soupçons, verra la victoire-vengeance d'un Charles Lacquehay inexorable, présentant à ses bourreaux la note de l’édition précédente.

En attachant son compatriote Auguste Wambst à la perte exclusive du jeune Walter Lohmann, il fera exploser la coalition germanique, et finira le travail en épuisant littéralement son rival Metze, pour qui le vélodrome du Heysel aura ce jour-là des allures de bagne infernal.
Mais même si cette édition bruxelloise a délivré un indiscutable vainqueur, il n’en reste pas moins que le vélodrome du Heysel aura été le théâtre d’une combinaison à ciel ouvert. Une de plus.
L’édition 1936 verra la victoire du fuoriclasse André Raynaud. Le générique du film a changé, mais la bande-son est restée la même : une coalition pour vaincre, avec un voire deux comparses pour boucler l'affaire. Ce jour-là le grand champion français récoltera les fruits du travail de sape exécuté avec conscience par un Lacquehay rancunier en diable, acharné à la perte du duo Metze-Lohmann, et secondé pour ce faire par le champion belge Georges Ronsse. La course aura donc mis en lumière une fois de plus un jeu d’équipe des plus visibles, en même temps que le talent d’un futur prétendant au titre, l’Italien Severgnini, drivé par le déjà vénérable Arthur Pasquier. Le stayer transalpin a tapé dans la rétine de tous les observateurs, éblouis par son abattage. Ces derniers le verraient tout à fait dans le costume d'un champion du Monde. Mais il est seul. Trop seul.
Le championnat du Monde de demi-fond n’est plus, à l’évidence, la course individuelle que les règlements internationaux lui imposent.
La presse, généraliste ou spécialisée est lasse de constater (et il n’est pas niable qu’elle a « fait le job », de plus avec un courage certain) l’inexorable dérive de la discipline et de tirer chaque année la sonnette d’alarme. Elle va désormais jusqu'à réclamer à chaque course au titre mondial la suppression pure et simple du demi-fond du programme des championnats du Monde.
André Raynaud, qui a perdu la vie quelques mois auparavant sur les lattes du vélodrome d’Anvers, n’est plus là l’année suivante pour brouiller l'indécent tir de barrage germanique destiné à empêcher la victoire du Français Ernest Terreau. A l’occasion de cette édition, les masques tombent : le tournoi mondial de demi-fond est bien devenu une sorte de foire aux contrats agrémenté d’un bizuthage sportif. Au cours de cette course sulfureuse, l’entente manifeste du trio Lohmann-Shoen-Wals aura dépassé les bornes de la décence (cf. lien plus bas)
Les journalistes dénoncent une nouvelle fois cette édition tout à fait scandaleuse. Pourtant, aucune mesure décisive ne sera prise pour interdire ces fameuses coalitions en course. On n’ignore pourtant plus que la délégation allemande vient ce jour-là sur les pistes en quelque sorte « en service commandé » du régime, l’ancien champion Sawall campant sur la pelouse en surveillance de ses compatriotes pour veiller à l’exact respect des consignes supérieures.
Jean Leulliot est de ces journalistes sportifs honnêtes et lucides qui savent pertinemment que l’édition 1938 a toutes les chances d’être la petite sœur - en plus laide et en plus vile si c’est possible - des précédentes. Ses prévisions les plus pessimistes vont être dépassées : loin de corriger ses pratiques suite au scandale de l’édition 1937, le team allemand va utiliser exactement les mêmes ficelles, tout aussi voyantes, et ceci sans aucune vergogne.
Ce Jeudi 1er Septembre 1938, au vélodrome olympique d’Amsterdam, ce sera un véritable western qui se déroulera. Un western avec ses méchants, ses affreux, sa victime.
Mais à la fin du film, pas de happy end, je préfère vous le dire tout de suite ...
Sources : L'Auto; Le Miroir des Sports; Match; Le Petit Parisien; L'Humanité; L'Intransigeant; "Toto Grassin" de Claudine Amiel.
Patrick Police, pour STAYER FR
Pour ce championnat du Monde qui se dispute au vélodrome olympique d'Amsterdam, tout va donc commencer selon les règles du genre : l’attaque de la diligence ici sera remplacée par celui d'un équipage, avec, dans la première manche, en guise de mise en bouche, les manœuvres d’outlaw de l’entraîneur de l’Italien Canazza, le Belge Vanderstuyft, dont la mission sur la piste paraît devoir être l’élimination physique d’un concurrent susceptible de troubler le bel ordonnancement de la combinaison à venir. A ce jeu-là, c’est le Luxembourgois Josy Krauss, qui paraissait jusqu’ici tout à fait en posture de remporter la manche aux dépens du favori Lohmann, qui finira les quatre fers en l’air. La piste est dégagée, le stayer germanique dès lors n’a plus qu’à aller « cueillir » la victoire. Voici donc un Allemand en finale.
Il faut un deuxième Allemand en finale : ce sera Metze, le champion 1934, fort comme un buffle, doté d'un entraîneur pas trop regardant sur les moyens. Notre Henri Lemoine, le champion de France 1938 est l’un des favoris. Hôte à l'année des vélodromes allemands, Il est venu à Paris remporter 'un mémorable championnat national. Inexplicablement (?), il ne pèsera pas une seconde sur la course, devançant seulement le Hongrois Szekeres, que la presse sportive qualifie de « candidat folklorique » pour ne pas dire plus. Qu’un champion tel que « L’Homme aux petits pois » n’arrive même pas à devancer au cours de cette manche le vieillissant Henri Suter - formidable champion mais dont les heures de gloire sont désormais loin, bien loin derrière lui -, voilà qui laisse dubitatif.
En tous cas, voici désormais deux Allemands en finale.

Mais pour faire une bonne coalition mieux vaut être trois que deux. Donc, nécessité pour la délégation allemande de dénicher un troisième larron. Surprise : dans la troisième manche, c’est « Le Lion », Georges Paillard, qui fait la nique au favori hollandais Wals. C’est certes un moment de fierté pour la délégation française, mais qui peut croire raisonnablement que le lendemain en finale, notre vieillissant "Lion" sera capable de reproduire pareille prestation ? Personne n’y croit. Pas même l’intéressé. Par contre, le Batave semble bien avoir le profil du "troisième homme".
Le premier repêchage verra la rédemption d’Eduardo Severgnini, victime d’une défaillance en qualification, mais qui signe là une prestation si impressionnante que les observateurs le plébiscitent illico comme le favori de la finale. En fait, ils viennent de désigner aux comploteurs de vestiaires l’homme à abattre. « Si la course ne se déroule pas avec une entente entre les deux Allemands, jamais je n’aurai eu une aussi belle chance d’être champion du Monde » déclare l’Italien à la presse. Voire…
A l'issue de ces deux manches et du premier repêchage, 1+1 = 2. Il manque toujours un troisième allemand en finale. Le Hollandais Wals, facile vainqueur d’un Henri Lemoine bizarrement une nouvelle fois aux abonnés absents fera l’affaire.

Avec une décontraction proche du cynisme, le Hollandais - qui aura l'occasion sous peu sur d'autres terrains que ceux du sport de prouver son attachement sans limite à l' Allemagne nazie - lance une fois sa course finie cette réplique sibylline aux intervieweurs : « On parlera encore de moi après la finale ! »… Culotté non ?
La finale ? La voici justement. Et le compte y est : il y aura bien trois Allemands en finale. Pour la façade, seulement deux. Car - pas bêtes - les compères Metze et Lohmann laisseront faire le sale boulot à leur compère Wals, qui, sans vergogne, s’échinera à jouer la course durant l’homme-tampon au profit de ses deux mandants.

Metze accélère ? Wals laisse passer ! Severgnini veut passer à son tour ? Résistance forcenée du Batave. Harcelé dès le début de la course par la tenaille Lohmann-Metze, mordu sans cesse aux chausses par le roquet Wals, Severgnini, un temps en tête, devra céder le commandement au 34ème kilomètre, tout en signalant aux commissaires ensuqués dans leur morgue cynique (ou imbécile, ou les deux) la manœuvre manifeste. Harcelé par Wals, bouchonné par le duo allemand, Severgnini réussit pourtant l’exploit de tenir les deux larrons sous sa constante pression, leur interdisant le moindre relâchement. Ils auront sa peau, mais ça leur coûtera !

Jusqu’au terme de la course, Eduardo Severgnini restera dans le tour de ses deux adversaires-comparses. Pendant une pleine demi-heure, il n’aura eu de cesse que de courir la rage au ventre vers la chimère d’un titre déjà verrouillé en coulisses. Les efforts du champion italien, magnifiques autant que pathétiques, resteront vains : la société Metze-Lohmann et cie s’est entourée de toutes les garanties pour mener son entreprise à bien. Sous les sifflets le triste vainqueur choisit de jouer la pauvre comédie de la course-difficile-à-gagner-et-du-triomphe-modeste, tandis que ses affidés camouflent leur forfait aux intervieweurs dans un brouillard d’explications autant hypocrites que marécageuses.

Les observateurs en bord de piste sont quant à eux écoeurés. Le lendemain, une presse exaspérée demande l’annulation de ce sinistre championnat. Et le journaliste Jean Leulliot, qui a été agressé avant la finale par l’entraîneur de Metze, le Français Maurice Ville, furieux de voir ses pratiques exposées au grand jour, n’est pas le dernier à la réclamer.
C’est qu’après ce jeudi noir, une impression de dégoût demeure… « Ca, du sport ? Pouah ! Quelle ordure ! »… « Si ce sont les mœurs qui sont indéracinables, de grâce, supprimez des championnats annuel ce demi-fond de combine… » « Il faut en finir avec le demi-fond »… « Vivement que l’on supprime ce honteux championnat »
La presse se lâche, la presse se fâche… « Ce Soir » ferme le ban : « Le demi-fond a sans doute vécu » Georges Paillard, désabusé déclare pour sa part : « Les Allemands reçoivent des ordres de leur fédération, et Sawall est en bord de piste pour les surveiller » Fermez le ban !
Devant pareil désastre, que croyez que l’U.C.I. fit ? Le 3 Novembre suivant, elle choisit de rajouter une touche d'ignominie et de surréalisme à la farce de cette édition 1938, en entérinant ses résultats frelatés, et en infligeant 100 francs d’amende à – tenez-vous bien… Eduardo Severgnini, pour « avoir réclamé à haute voix auprès des commissaires sur la ligne d’arrivée » !!! Décidemment, le demi-fond demeure un cas désespéré.

Mais revenons à notre "western". Pour étouffer la plainte de l’Italien Severgnini, l'U.C.I. a trouvé des alliés occultes et sûrs. Il a osé clamer à la presse sa révolte dès sa descente de vélo : « On m’a volé le titre de champion du Monde ! ». Eh bien sa plainte se fera plus embarrassée, plus amortie les jours suivants. « On » lui a fait comprendre de ne pas trop s’épancher s’il voulait pouvoir courir les pistes d’Europe après ce Mondial. Il ne faut pas « gâter le métier » cher, très cher Eduardo... Air connu... Et l'on quitte le monde du western pour celui de la série noire…
Notez bien qu’à chaque « sale affaire » du cyclisme, c’est un refrain que l’on ressort de la poubelle, et que ce genre d’argument saura faire de l’usage tout au long du vingtième siècle, et au-delà.
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Donc, pas de happy end pour Eduardo Severgnini en 1938. Il n’y en aura pas plus l'année d'après. Ni l’autre. Ni les suivantes. Et cette fois pas à cause d’une quelconque coalition germanique. Quoique...
En 1939, à Milan, le stayer italien pense que son heure a enfin sonnée. Là, devant les siens, après avoir survolé sa série qualificative, le maillot arc-en-ciel, effleuré en 1934 puis les deux saisons précédentes, paraît lui tendre enfin ses manches irisées. Chez lui, sur le déjà mythique Vigorelli, le dimanche 27 Août 1939, en toute fin de soirée, il va remporter magistralement sa série, la troisième.

A la clef, il signe un meilleur temps sidéral : 100 km en 1h 16’16’’, à 78.71 km/h de moyenne ! Il peut dès lors déclarer aux journalistes qui l'entourent, sans passer pour un vantard : « Cette fois, j’espère bien avoir le maillot ! »
Jeudi prochain c’est sûr, il fera la peau de ses tourmenteurs 1938 sous les yeux des tifosis. Certes, « l’affreux jojo » Wals, qui a remporté lui aussi sa série, sera encore de la partie. Mais il n’osera pas renouveler ses forfaits ici, en Italie. Ce serait cette fois pour lui un jeu bien dangereux de s’en prendre trop ouvertement à l’enfant du pays. Et Walter Lohmann, qui s’est qualifié pour la finale, lui aussi ? D’homme à homme, il n’en a pas peur, pas un instant, et sur sa forme actuelle, il en fera son affaire, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.
Pourtant, cette finale, Eduardo Severgnini ne la courra jamais. Il se verra obligé, comme ses adversaires, de quitter le Vigorelli toutes affaires cessantes...
Pas de chance Eduardo, c’est juste la seconde guerre mondiale qui s’invite. Ce jour-là, on réquisitionne les vélodromes. Le championnat du Monde est reporté à… quand on pourra l’organiser ! La délégation française quant à elle se frotte les mains : son plus sûr espoir, le champion national Louis Minardi, qui a disputé l’éliminatoire les fesses en sang, et n’a pu ainsi tenir son rang se verra ainsi peut-être donner une seconde chance...
Le 10 Février 1940, l’U.C.I., en son congrès tenu à Milan, proclame que les championnats du Monde 1940 ne seront pas disputés.
Eduardo Severgnini ne sera jamais champion du Monde.

Epilogue : la parenthèse de la guerre n’y fera rien. Les mœurs du « milieu » ne se sont pas assainies, et les combinards auront tôt fait de retrouver leurs marques, direction Zurich, pour une ubuesque édition 1946, où le burlesque fera bon ménage avec le révoltant.
Mais ce sera une autre histoire...
... A moins que ce ne soit la même finalement.
Patrick POLICE pour STAYER FRANCE - Mis en ligne sur STAYER FR les 20 Décembre 2018 et 3 Mars 2019



avec la collaboration de François BONNIN
Sources : Paris-Soir; Le Miroir des Sports; L'Auto; L'Intransigeant; Ce Soir; L'Humanité; Cyclosport; Le Petit Parisien; L'Humanité; Le Miroir des Sports- Etude François Bonnin
Voici les principaux articles de l’Auto sur les entraîneurs du demi-fond :
- édition 23/08/1938 : " C’est Maurice Jubi qui entraînera Fombellida pour le championnat du monde "
- édition 24/08/1938 : " Groslimond, entraîneur de Lohmann, de passage à Paris"
- édition 25/08/1938 : " L’entraînement à l’Olympiastadium d’Amsterdam ; Paillard s’est entrainé derrière Deliège "
- édition 26/08/1938 : " L’entraînement à l’Olympiastadium d’Amsterdam ; Wals a roulé derrière Kaeser, Groenewegen et Krauss se sont également entraînés (pilotes non cités). Le ciment d’Amsterdam est bien moins roulant que celui du Parc"
- édition 27/08/1938 : " Fombellida, arrivé sans entraîneur, sera piloté par Van Ingelghem. Lemoine derrière Guérin pour le championnat du monde "
- édition 28/08/1938 : « A propos de l’accident de la 1ère série, 3 entraîneurs sont cités : Philippe (Meuleman) , Vanderstuyft (Canazza), Van Ingelghem (Krauss)
- édition 29/08/1938 Faits de course de la 3ème série : "Ordre au départ : Fombellida (entrainé par Ernest Pasquier, remplaçant Van Ingelghem suspendu), Paillard, Severgnini, Wals, Ronsse …" aucun autre entraîneur cité.
AMSTERDAM – piste de l’Olympic Stadion
Samedi 27 Août - 1ère série
- Walter Lohmann ALL) - entr. Georges Groslimond (CH) - les 100 km en 1h 24’30’’
- Aldo Canazza (ITA) - entr. Léon Vanderstuyft (BEL) - à 150 m
N.C. : Théo Heimann (CH) – entr. Karl Saldow (ALL) hors course après le 50ème km; chute de Josy Krauss (LUX) – entr. Felicien Van Ingelghem (BEL) et August Meuleman (BEL) – entr. Victor Philippe (FRA)
Dimanche 28 Août - 2ème série
- Erich Metze (ALL) - entr. Maurice Ville (FRA) – les 100 km en 1h 25’24’’2/5
- Dirk Goenewegen (P-B) - entr. Frits Wiersma - à 510 m
- Henri Suter (CH) - entr. Ernest Pasquier (FRA) - à 800 m
- Henri Lemoine (FRA) - entr. Maurice Guérin - à 1 790 m
- Bela Szekeres (HON) - entr. John Schlebaum (P-B) - à 3 750 m
3ème série
- Georges Paillard (FRA) – entr. Pierre Deliège – les 100 km en 1h 24’34’’
- Eduardo Servergnini (ITA) – entr. Arthur Pasquier (FRA) - à 1t 150 m
- Alejandro Fombellida (ESP) - entr. Ernest Pasquier (FRA) - à 1t 250 m
- Cornelis Wals (P-B) - entr. Albert Käser (ALL) à 3t 400 m
- Georges Ronsse (BEL) - à 4 t 100 m – entr. Emile Vandenbosch
Repêchage : 1ère série
- Eduardo Severgnini (ITA) - entr. Arthur Pasquier (FRA) – les 100 km en 1h23’17”
- Henri Suter (CH) - entr. Ernest Pasquier (FRA) à 1 t 250 m
- Dirk Groenewegen (P-B) - entr. Frits Wiersma – à 3 t 50 m
N.C. : Bela Szekeres (HON) – entr. Jon Schlebaum (P-B) ab. au 80ème km; Alejandro Fombelida (ESP) entr. ... ... au 90è km
* Fombellida, arrivé à Amsterdam sans entraineur devait être piloté par Van Ingelghem, mais celui-ci ayant été suspendu car reconnu principal responsable du grave accident survenu dans la première série, c’est Ernest Pasquier qui a piloté l’Espagnol en série, Suter et Fombellida étant alignés ensuite dans le même repêchage.
Repêchage : 2ème série
- Cornelis Wals (P-B) – entr. Albert Käser (ALL) – les 100 km en 1h 26’52”
- Henri Lemoine (FRA) - entr. Maurice Guérin – à 2 t 100 m
- Aldo Canazza (ITA) - entr. Léon Vanderstuyft (BEL) – à 2 t 250 m
- Théo Heimann (CH) - entr. Karl Saldow (ALL) – à 3 t 225 m
N.C. : Georges Ronsse (BEL) - entr. Emile. Van den Bosch (ab. 62ème km)
Cinq qualifiés pour la finale courue le Jeudi :
Metze, Lohmann, Paillard, Severgnini, Wals.
Jeudi 1er Septembre – FINALE
Elle se déroule devant soixante-dix mille personnes. Placement sur la ligne de départ : le tenant du titre, puis les meilleurs temps des séries et des repêchages.
En préambule, Gerrit Schulte remporte le Critérium du Monde de poursuite en battant son compatriote Klink. Il s’agit ici du premier championnat du Monde (officieux) de poursuite.
- Erich Metze (ALL) - entr. Maurice Ville (FRA) – les 100 km 1h 25’55’’1/5
- Walter Lohmann (ALL) - entr. Georges Groslimond (CH) - à 300 m
- Eduardo Severgnini ( ITA) - entr. Arthur Pasquier (FRA) - à 310 m
- Cornelis Wals (P-B) - entr. Albert Käser (ALL) – à 1 t 200 m
- Georges Paillard (FRA) - entr. Pierre Deliège (FRA) - à 7 t
La course : Pas de champion de France dans cette finale. Etrangement, l’impérial vainqueur de la course au titre national aura été en dessous de son niveau habituel, incapable de peser sur la course.
Un seul français en finale, le vieillisant Paillard. Un hollandais, l'ambigu Wals. Un Italien, Eduardo Severgnini; deux allemands Lohmann, le tenant du titre et Metze.
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El Gori
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André Buisson · 3 mars 2019
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