Pourquoi évoquer tout spécialement cette édition 1935 ?
Par ce qu'il s'agit de la plus folle, de la plus rapide de l'histoire du "Derby de la Route".
La seule et unique fois où son vainqueur, entraîné de bout en bout par moto, a passé la barre des 46 km/h...
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41ème Bordeaux-Paris – Dimanche 19 Mai 1935
Coupe Goodrich Colombes "L'épopée de la route"
"Botte à botte, de Bordeaux à Paris"
Sur la grille de départ, le "who's who" du cyclisme mondial ne s'est pas précipité, c'est clair.
Pourtant, 15 000 francs sont promis au premier, 12 000 au second, 10 000 au troisième, avec un bonus de 8 000 francs de primes au vainqueur.
La date limite des candidatures a été fixée au 7 Mai. Et le 7 au soir, l'organisateur déplore… 7 engagés, seulement ! Bordeaux-Paris fait peur aux coureurs, Bordeaux-Paris coûte cher aux maisons de cycles.
Bien sûr, parmi ces sept braves, il y a bien la révélation de cette saison 1935, le jeune Belge Edgard De Caluwé. Un beau bébé de 22 ans, qui, sous son masque poupin, cache un énorme "moteur", et une résistance de percheron.
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Trois semaines auparavant, il a remporté un Paris-Bruxelles (380 kilomètres, une paille !) d'anthologie. Echappé depuis 120 kilomètres en déposant à la frontière belge l'Italien Di Paco, il s'est fait rejoindre par son compatriote Hardiquest, mais a trouvé tout de même la force de le battre au sprint !
Malgré cet exploit la presse lui chipote ses chances pour cette quarante-et-unième édition.
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Son directeur sportif Léo Véron, pour assurer le coup, a même convoqué pour un test le vainqueur de l'édition 1931, le Belge Van Rijsselberghe, au cas où... Puis le 8 Mai, il se décide à faire tourner sur le circuit autour de l'Hippodrome de Longchamp trois de ses poulains : le Français Bisseron (champion de France 1930 et deux Belges, Romain Gijssels (vainqueur du Derby 1932) et De Caluwé. Une demi-heure plus tard, sa conviction est faite.
Dans son duel à distance avec Francis Pélissier, vainqueur en 1933 et 1934 avec Mithouard et Noret, De Caluwé, souple, puissant, adroit derrière le rouleau, est bien l'homme qu'il lui faut pour remporter "la belle" (ses hommes ont triomphé en 1931 et 1932). Le 17 Mai, De Caluwé croisera sur le circuit de Longchamp Jules Merviel. Léo Véron et Francis Pélissier s'ignorent superbement, leur poulain évoluant comme à plaisir en sens inverse sur le circuit. La guerre d'intoxication qui trouvera son paroxysme le surlendemain sur la route de Bordeaux à Paris vient de débuter.
Les autres concurrents sont tous Français. Raymond Louviot partira avec le maillot tricolore sur ses épaules, et espèrera bonifier sa place de second de l'an dernier.
Mais le super-favori reste Jean Noret, l'insolent vainqueur sortant, éclatant d'optimisme et de santé. On concède bien quelques chances au coriace "Julou" Merviel, vainqueur de Paris-Tours deux ans auparavant, et acteur majeur de l'édition 1934, mais l'ensemble de la classe plumitive marche comme un seul homme au batelage orchestré par le soigneur de Charles Pélissier, présenté comme vainqueur possible, au corps défendant de l'intéressé, qui se garde quant à lui de toute fanfaronnade.
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Du coup, l'on tient comme quantités négligeables les chances pourtant réelles de deux habitués de Bordeaux-Paris : celles de Léon Le Calvez, routier endurant et rompu à l'exercice du derrière moto, et celles d'un engagé de la dernière minute, Julien Moineau qui, pour participer à l'épreuve de son cœur, a dû mobiliser les générosités dans sa bonne ville d'Arcachon, et a même été contraint de vendre sa voiture pour couvrir les frais de participation.
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Il s'est équipé seul, et a débauché dans son entourage deux entraîneurs néophytes. Enfin, cinq jours avant le départ, il a obtenu - au prix de longues sollicitations - le feu vert du patron des cycles Mercier , qui lui accordé une bénédiction qui ne lui aura coûté que le minimum.
"J'ai toujours aimé Bordeaux-Paris" déclare-t-il, et on le croit sans peine. " C'est une épreuve qui m'a en quelque sorte "envoûté" ".
Son plan ? Demeurer sur la réserve jusqu'à Dourdan, en collant au plus près de la tête de course, et finir à fond.
Plan plein de sagesse mais qui fait fi des impondérables. Et Dieu sait s'il peut y en avoir sur la route de Bordeaux à Paris !
Les légendaires Terrot jaune et noire, sont retirées par les entraîneurs à l'usine éponyme, 26 rue de Verdun à Suresnes, avant que le 15 Mai ne soit procédé au tirage au sort de l'ordre des départs.
En ce qui concerne les vélos, les staffs pratiquent envers la presse un solide "secret-défense". Mais on se doute bien que dimanche manivelles de 175, boîtes de pédalier réhaussées, plateaux de 28, boyaux flirtant avec les 200 grammes (190 (!) pour Léon Le Calvez) et chaînes à bloc à double rouleau avec pignon (fixe) de 8 dents seront de la partie.
Et le "Sorcier" Francis Pélissier dans tout ça ? Eh bien, il assurera le show, comme lors des deux éditions précédentes, avec sa camionnette Chevrolet équipée de réchaud, glacière, téléphone acoustique pour communiquer du plateau à la cabine, arrosoirs, manches à pinces, seringue pour rafraîchir le coureur en course.
Une question brûle les lèvres des observateurs à son sujet : "Est-ce que Francis va encore nous faire le coup de Mithouard et de Noret ? Quel tour a-t-il donc dans son sac pour cette quarante-et-unième édition ?" L'homme se fait mystérieux lorsqu'on l'interroge, et affiche volontiers des airs de conspirateur... Pourtant, quant il verra l'entraîneur Borel, 115kg, en lutte pour rentrer dans son costume de cuir, il consent à sortir de sa réserve pour grommeler. " Il ne fera pas cent kilomètres " . Toujours l'œil, le "Sorcier"... et toujours un peu devin…
Côté organisation, on s'est bien soigné. On se fait véhiculer par les meilleurs volants qui soient : Robert Benoist et Jean-Pierre Wimille. Au volant d'une Bugatti 3 l 3 les deux as du volant piloteront le Directeur de la course, Jacques Goddet, et les envoyés spéciaux de l'Auto.
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Réveil à trois heures du matin. Le ciel – du moins ce que l'on peut en deviner – semble couvert sur Bordeaux, et la température est fraîche, très fraîche. Au rassemblement aux Allées de Tourny, sur le coup des quatre heures et demie, des petites gouttes de pluie viennent même tempérer l'enthousiasme des participants et des quelques cinq cents spectateurs présents.
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Le vert amande des maillots de Jean Noret et Jules Merviel empreinte fugacement une obscurité aussitôt éclairée de trainées jaunes et bleues au passage de Moineau et De Caluwé.
Puis la mutique procession se prolonge en séquences fondues de rouge et blanc, de bleu et blanc, de vert et de jaune lorsque Charles
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Pélissier, Léon Le Calvez et Jean Maréchal débouchent en un arc-en-ciel blafard, au sein duquel s'est comme dilué le maillot tricolore de Raymond Louviot.
Nous voilà aux Allées de Tourny sur le coup des 4 h 30. On s'ébroue du Café du Commerce, en file indienne, Jules Merviel en tête et le champion de France Raymond Louviot en serre-file, pour une traversée fantomatique des faubourgs de Bordeaux. Les quais sont éveillés et déjà la foule se masse sur le pont de la Bastide.
Quatre Pavillons. Cinq heures et cinq minutes. Départ ?
Non, faux-départ, à cause de la foule ! Encore quelques minutes, et une tension à couper au couteau explosera enfin avec la "bombe" lâchée Jacques Goddet, rituel aussi immuable que peut l'être la barbe vénérable de Maurice Martin, sorte de statue de commandeur du Derby de la Route, toujours fidèle au poste depuis... 1891 !
Il est cinq heures et douze minutes très exactement quand , happé par la Terrot 350 commerciale de Marcel Moreau, De Caluwé, frais et rose, comme catapulté, s'empare du commandement de la course.
Pendant qu'il fait tourner tel un forcené ses manivelles de 17 dans le vacarme des moteurs scandé par les coups de sifflets des entraîneurs, guidé par le pinceau lumineux du phare de la Terrot commerciale de Marcel Moreau, il se répète en boucle "Ou tu gagnes, ou tu crèves ! ".
Le matois Léon Véron l'a conditionné : "Tu partiras à fond. Tu essaieras de prendre la tête. Et tu tiendras !" Il sait depuis une semaine qu'il a sous sa coupe le "client" idéal pour Bordeaux-Paris : un gros "moteur" et une méconnaissance absolue de ce que peut être un Bordeaux-Paris disputé de bout en bout derrière moto !
La course est partie sur les chapeaux de roues comme l'année précédente, dans une frénésie de décibels et dans un tohu-bohu tels que l'on a à peine eu le temps de s'apercevoir que l'inexpérimenté autant que massif Borel, l'entraîneur de Moineau, vient de s'affaler lourdement, et est resté sur le carreau. Pour le vainqueur de Paris-Tours 1932, ce n'est là que le début d'une journée riche en émotions fortes.
Au neuvième kilomètre, comme pour abonder à la frénésie ambiante, rappliquent en essaim les camionnettes des coureurs qui se placent avec force coups de klaxon derrière leurs équipages.
A Arveyres, au dix-neuvième kilomètre, De Caluwé est rejoint par un Merviel que l'on devine déjà animé d'une rage d'en découdre peu commune. Le champion aveyronnais est flanqué d'un Charles Pélissier bien trop appliqué pour être à l'aise, et d'un Noret qui affiche toujours cette facilité confiante si exaspérante pour ses adversaires.
Libourne est passée depuis huit kilomètres lorsqu'on commente dans les voitures le premier chronométrage réalisé : les 33 kilomètres ont été parcourus en trente-trois minutes, du 60 km/h de moyenne pur jus !
Comme d'habitude, Bordeaux-Paris s'est donc engagé sous le signe du k.o d'entrée. Mais le k.o fulgurant recherché par Léo Véron a échoué. Pire : il n'a fait que préparer un fameux match au long cours.
Les premiers rayons de soleil éclairent Guitres, et le paysage apparait enfin débarrassé des brumes matinales. La fureur du départ est quelque peu retombée, tout comme la moyenne de la course (57.700 km dans la première).
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Vers Montguyon, au soixante-deuxième kilomètre, De Caluwé a aperçu un panneau directionnel affichant "Paris, 500 kilomètres". Un véritable coup de massue. Il a préféré détourner la tête. La vue fugace du panneau lui a comme coupé les jambes, et il pense un moment tout laisser là.
Pour chasser cette tentation, il baissera désormais systématiquement la tête au passage des prochains panneaux, jusqu'à Paris ! Et il choisit de s'alarmer plutôt de cette sueur qui coule en abondance sur son visage et qui le gêne considérablement "C'est pas possible, je vais fondre à ce rythme là !"...
A l'entrée dans le département de la Charente-Inférieure, vers Chevanceaux au 72ème kilomètre, il devient clair que Noret, jusqu'ici trop pimpant pour être honnête, commence à décliner. Et Francis Pélissier de se demander s'il n'aurait pas eu la main trop lourde en dotant le coureur beauceron de cette grande soucoupe, qu'à l'évidence son poulain peine maintenant à pousser.
A Barbezieux, au 92ème kilomètre, De Caluwé passe avec dix secondes d'avance sur un Merviel qui ne le lâche pas d'une semelle.
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Charles Pélissier suit à 2'45", Le Calvez et Moineau à 3'15". Un Julien Moineau qui constate que décidemment c'est aujourd'hui pour lui jour de fête. Déjà privé des services de son entraîneur de rechange, voilà qu'il apprend que sa camionnette de ravitaillement vient de couler une bielle !
Et la rage au coeur de songer à la voiture vendue, à la collecte des supporters là-bas à Arcachon, à ces démarches sans fin pour s'inscrire à sa course… Le ravitaillement bêtement bloqué dans la pampa, il va devoir pendant d'interminables kilomètres ne plus s'alimenter que d'œufs et de thé, dispensés par des accompagnateurs de hasard. It will be a long way to Paris on dirait pour "Le Piaf" (il déteste ce surnom et il a bien raison)
De son côté, c'est un De Caluwé toujours fringant qui pénètre sans faiblesse à plus de cinquante kilomètres à l'heure dans le département de la Charente. Au centième kilomètre, il dispose maintenant de quarante secondes d'avance sur un Merviel qui a certes perdu un peu de champ mais qui refuse de lâcher son os, on le voit bien à sa physionomie rogue et têtue, de celles qui n'encouragent vraiment pas la conversation.
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Plus loin, un Charles Pélissier fébrile passe à 3'15, Moineau, un brin accablé, le filant dix-sept secondes derrière. Il faudra attendre trois minutes pour voir apparaître Le Calvez et trois minutes supplémentaires pour voir assister au passage d'un Noret pas très flambant. 54.500 kilomètres ont été abattus durant la deuxième heure de course.
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A Angoulême au 127ème kilomètre, un ciel enfin bleu s'installe timidement, tandis que Francis Pélissier abandonne discrètement (c'est possible ?) un Noret qui navigue maintenant loin de la tête.
C'est que "Le Grand" est désormais persuadé qu'il ne lui reste désormais plus qu'une seule carte à jouer, celle de Merviel, qui entretemps s'est rapproché à vingt secondes de l'équipage De Caluwé/Moreau. Julien Moineau, le troisième homme de son "team" ? Connais pas ! Au même moment, comme une mauvaise conscience, le frangin Pélissier, de moins en moins fringant au fil des kilomètres, est sur le point de se faire passer par " le Piaf" pendant la traversée de la ville.
Et notre champion de France, où est-il ?Raymond Louviot, très discret jusque là, eh bien, il est stupidement bloqué par la fermeture d'un passage à niveau, devant lequel il va rester d'interminables minutes à ronger son frein tout en arrosant copieusement de mots choisis un garde-barrière qui n'en peut mais ! La victoire ? Il ne faut plus y penser. Mieux vaut se concentrer sur le tour de piste le plus rapide à l'arrivée au Parc des Princes et sa coquette prime. Allons, la journée ne sera peut-être pas complètement perdue !
158.800 km. Troisième heure de course. La moyenne horaire a pris du plomb dans l'aile : 48km 600 dans l'heure ! A Ruffec, réveillée sur le coup de 8h 23, le soleil darde maintenant gaillardement ses rayons sur un De Caluwé qui s'est débarrassé de son casque, et tient toujours fermement la barre, filé à quarante-cinq secondes par le pugnace Merviel. Moineau croise désormais à 4'54" et Le Calvez à 5'58". Exit Noret. Et exit aussi Charles Pélissier, pour qui dès lors commence un long calvaire.
L'entrée dans le département de la Vienne annonce le passage du premier point stratégique de la course, Couhé-Vérac, au 200ème kilomètre de la course.
C'est ici que Merviel, de son style énergique et rageur, a choisi de frapper un grand coup. Au prix d'une longue accélération, il s'était insidieusement rapproché du coureur flamand, jusqu'à le tenir enfin en joue.
Et là, après une brève pause, la Terrot de Wynsdau va s'emballer pour porter l'estocade. Au prix de la formidable accélération, "Julou", littéralement enragé, va déborder irrésistiblement un De Caluwé maintenant en faiblesse. Au passage Merviel, pas franchement charitable, se fend en direction de Marcel Moreau d' un "Ca va ?" plein de morgue. Dépité, Moreau encaisse, avant de lui répondre : " T'inquiète pas ! Je reviendrai !"
Mais pour Merviel, pas question d'en rester à ce coup d'esbrouffe. Il lui faut maintenant "achever la bête". Alors Théo Wynsdau va mettre la poignée de la Terrot dans le coin, et De Caluwé va voir s'éloigner peu à peu ses adversaires, le temps d'essuyer comme un début de défaillance. D'ailleurs, deux kilomètres plus loin, et alors que la moyenne au quatrième tour d'horloge a encore chutée à 49.200 dans l'heure, De Caluwé a déjà concédé seize secondes.
Et puis Merviel est maintenant transcendé. Pensez donc, son mentor, "Le Sorcier de Bordeaux-Paris" vient de le rejoindre. Et l'homme sur lequel il compte désormais, c'est lui "Julou", et ça, ça vous sublime un coureur !
Derrière, Moineau navigue désormais à 6'10", Le Calvez, qui ne semble pas avoir tapé dans ses réserves, loin de là, demeure comme en observation, à 7'56". Las à Vivonne, au 216ème km, et alors qu'il s'apprêtait visiblement à faire parler la poudre, son entraîneur chute. Premier coup d'arrêt pour le brave Léon.
Pendant ce temps, De Caluwé, tout en grimaces, arc-bouté sur sa machine, est en train d'essuyer un fameux coup de buis. A Poitiers, passée à 9 h 43, Merviel accentue encore la pression mais De Caluwé s'accroche comme un damné et déboule seulement trente-deux secondes plus tard. Moineau pointe désormais à neuf minutes, Le Calvez et Noret, le talonnant trente secondes derrière.
A la cinquième heure de course, De Caluwé "cale" à 1'43" de Merviel, qui a remporté son bras de fer à distance, tandis que Noret, comme revenu de chez les morts, s'est rapproché à 9'28" de son co-équipier. Le Beauceron va-t-il nous refaire le coup de l'édition précédente ?
Il est 10 h 25 lorsque Chatellerault accueille l'équipage Merviel / Wynsdau. Deux-cent-cinquante-huit kilomètres ont été accomplis. De Caluwé rame maintenant à 1'32" de l'Aveyronnais, tandis que Noret et Le Calvez roulent de concert à 9'15" , Moineau, l'estomac dans les talons, cinquante secondes derrière eux.
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Trois-cent-quatre bornes ont été parcourues lorsque Wynsdau et Merviel abordent la côte de Sainte-Maure, second lieu stratégique de la course. Là, De Caluwé est pointé à 1 ' 50", Noret à 9'40", Moineau à 9'50'', Le Calvez à 11' 5".
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Ce dernier peut prétendre lui aussi au titre de malchanceux du jour. La moto de son entraîneur Joseph Paillard a pris feu, obligeant son pilote à une série de roulades frénétiques dans l'herbe. Son autre entraîneur étant rentré quelques kilomètres plus tôt dans un mur, Léon Le Calvez sait qu'il peut faire désormais son deuil de la course.
Question allumer le feu, si il y en a un qui n'est pas en reste, c'est bien Julien Moineau. Comme si son capital-misère n'était pas suffisant rondelet, voici que trente-deux kilomètres avant Tours, la moto du dévoué Balineau vient à prendre feu, elle aussi.
Le brave Balineau avait cru bon d'opter pour le ravitaillement en marche… C'est vrai que Moineau, était un peu las d'attendre que son entraîneur procède au plein de la moto - une fois, deux fois, déplorant à chaque fois les minutes de perdues… Du coup, il a cru bon d'opter pour le ravitaillement en marche. Las, dans une côte, et alors qu'il alimentait en carburant le réservoir, la moto chaude bouillante a pris feu…
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Et lui avec, pour faire bon poids ! Et les badauds compatissants de jeter une couverture et de la terre sur l'essence et le bonhomme en flammes.
On pourrait donc comprendre que Moineau-la-poisse broie des idées noires en poussant en solitaire son 27 x 5 dans ce Derby de la Route aux allures de Bal des Ardents.
Pourtant, à Montbazon, malgré cet Himalaya de turpitudes, il a trouvé le moyen de se rapprocher de son "co-équipier" Noret en déroute. Dès lors, il alerte sur son infortune l' entraîneur de remplacement de ce dernier, Lehmann (après tout ils font partie tous deux du "Team Pélissier" non ?) et implore son assistance. Pas de réaction. Alors, il en appelle à la simple notion d'humanité, sans davantage de succès. Puis il évoque la camaraderie d'équipe. Pas mieux. Enfin, il assure son interlocuteur que ses services ne seront pas impayés. "Pas question lui répond un Lehmann un tantinet borné, faut voir avec Francis ! " Et de partir en consultation sur ces doctes paroles, laissant Moineau-la-poisse moulinant seul sur la route... Grandeurs et misères de Bordeaux-Paris.
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Encore quelques kilomètres accomplis la rage au cœur et le double vainqueur d'étapes du Tour de France va (enfin !) recevoir l'oracle du Grand Sachem – pas dans sa meilleure forme aujourd'hui vous l'aurez compris - qui, perché sur sa camionnette a harangué son poulain : " Jean (Noret), si ça va, continues ! Sinon, laisse tes entraîneurs à Moineau !"
Mais décidemment pas dans un grand jour, "Le Sorcier de Bordeaux-Paris" va finalement décider de partager les entraîneurs de Noret entre Moineau et Merviel. Ce jugement de Salomon se révèlera lourd de conséquences.
A Tours, au 339ème kilomètre, Jules Merviel, toujours aussi ardent continue de brûler consciencieusement l'asphalte, doté maintenant d'un petit matelas de quatre minutes d'avance sur De Caluwé, qui - à sa décharge - a essuyé deux crevaisons, et plus de dix sur Moineau ! Le Calvez, saoulé de malchance, godille lui à vingt-six minutes, Pélissier, Louviot et Maréchal sombrant eux en errance dans les profondeurs de la course.
Désormais, la victoire ne peut plus se jouer qu'entre Merviel, De Caluwé, et Moineau. Un Julien Moineau qui a enfin (!) pu récupérer un entraîneur, celui dont le chasuble affiche un B comme bienvenu, le désintéressé et obligeant Lehmann.
A Montlouis, au 351ème km, on se prend à croire que De Caluwé ne pourra plus stopper l'hémorragie, car il émarge maintenant à 4'20" du champion aveyronnais.
Pourtant, c'est Merviel que l'on va voir s'éteindre insensiblement dans le laminoir des bords de la Loire. " Eh, "Julou", ne dors pas !" hurle même à son encontre un Francis Pélissier vaguement inquiet. Sans succès, et à Amboise ( 363ème kilomètre) ce sera une chute qui tirera le vainqueur de Paris-Tours 1933 de sa somnolence !
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Une chute stupide causée par des spectateurs, vient de l'envoyer au sol à l'entrée du pont. Le temps de changer de vélo, et l'entraîneur de Noret a rappliqué. Merviel, vaguement sonné, est reparti de plus belle, mais en entrant dans le département du Loir et Cher, sa situation va se compliquer. Car au 396ème kilomètre, au huitième tour de cadran, c'est le chronomètre qui va achever de le réveiller : De Caluwé n'est plus qu'à quarante secondes !
Et voilà Blois qui se profile maintenant pour Merviel, comme une menace. Nous sommes au 398ème kilomètre et c'est à 25 km/h qu'il tangue sur les pavés, cherchant en vain à coller au sillage de la Terrot de Wynsdau. Francis Pélissier, qui a vu le danger, le fait changer de vélo en haut de la côte en sortie de ville, l'occasion d'une pause-pipi en même temps que l'espoir d'un choc salutaire pour son coureur.
Mais en matière de choc psychologique, " Julou " va être servi. Car Léo Véron a lui aussi son idée sur la question. Il a passé ses consignes à Marcel Moreau, comprenant que devant eux, la Maison Pélissier est comme en train de brûler... De Caluwé dès lors va rester en embuscade à vingt-cinq secondes de l'équipage Merviel/Wynsdau, sans se soucier plus que cela d'un Julien Moineau qui évolue loin, plus de six minutes derrière.
C'est à Mer, au 417ème kilomètre, que De Caluwé, débarbouillé de frais à la demande de Léo Véron, passera son malheureux adversaire, sourire hollywoodien aux lèvres, Marcel Moreau n'oubliant pas de lancer au passage : "Tu vois, on est revenus !"
Ce coup d'esbrouffe monstrueux marque t-il la fin du festival Merviel ? Non, ce sera au contraire le début d'un coude-à-coude intense, d'un mano-à-mano haletant !
Car à peine dépassé le département du Loiret, à Beaugency, au 429ème kilomètre, voilà revenu Merviel, monstre d'énergie et d'orgueil, escamotant à toute allure la descente et fondant tel un démon sur De Caluwé. En le doublant, il n'oublie pas de lancer au passage à un Moreau ahuri" Moi aussi je reviens !". Puis, après s'être assuré une dizaine de secondes d'avance, il s'accorde un bref ralentissement pour se ravitailler, avant de repartir de plus belle, avec une frénésie un peu inquiétante. Cela fait plus de quatre cents kilomètres que Jules Merviel se bat comme un lion, et le voilà reparti de plus belle au combat !
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C'est le début d'une empoignade féroce, d'un un incroyable duel, de ceux que l'on s'attendrait à assister dans un vélodrome, mais certainement pas sur la route après plus de 400 kilomètres menés tambour battant !
Dix fois De Caluwé va dépasser Merviel. Dix fois Merviel va le reprendre en boomerang. Les deux adversaires se saoulent de coups.
Les suiveurs sont estomaqués, Jacques Goddet n'en croit pas ses yeux, on n'a jamais assisté à pareille bataille de chiffonniers dans "son" Bordeaux-Paris !
Au 444ème kilomètre Merviel passe à cinq secondes de De Caluwé, qui a repris la main. Mais l'Aveyronnais est bien décidé à ne pas perdre la face, et il s'entête sur son idée fixe : reprendre la tête de la course !
C'est à Orléans, sur ses pavés infernaux, et sur le coup de 14 h 21, que va se jouer le drame. De Caluwé a débouché dans la ville avec vingt-sept secondes d'avance sur son entêté
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tourmenteur qui, s'étant ravitaillé avant l'entrée dans la ville, a repris encore une fois, et avec quelle vaillance, la poursuite.
Hélas, cela fait un moment que "Julou" évolue au delà de lui-même, et il va chuter lourdement sur les pavés après avoir tamponné le rouleau de la moto de Wynsdau. Deux pleines minutes de perdues sur le changement de vélo consécutif, et tellement de peine à remonter sur le vélo... Pour Merviel, la mécanique semble brisée... Il a tant donné "Julou"...
Et qui à ce moment peut bien s'inquiéter encore du sort de Moineau le paria, qui quitte Orléans avec un débours de huit minutes sur la petite merveille belge ?
A Cercottes, au 465ème kilomètre Merviel débouche 3'30" après De Caluwé, et le fort vent de trois-quart gauche achève de saper ses dernières forces.
Chevilly, Artenay défilent et la course pénètre dans le département d'Eure-et-Loir. A Toury, au 488ème kilomètre, Julien Moineau est pointé à 10'10" du coureur flamand, et l'on a logiquement tiré du côté des journalistes une croix sur ses chances. Le classement est fait, c'est donc le moment de remonter plein gaz direction Paris et le Parc des Princes, pour éviter les débordements d'un public qui rapplique en masse, chauffé à blanc par le battage de la Radiodiffusion, une foule accourue pour célébrer les héros de cette quarante-et-unième édition de folie.
Au contrôle d'Angerville, De Caluwé passe à 15 h 30 devant l'Hôtel de France. 502 kilomètres ont été parcourus. Merviel y arrive quatre minutes et cinq secondes plus tard.
Sept kilomètres plus loin, à Thionville, un Charles Pélissier en pleurs, abandonnera tout à l'heure, complètement défait, en ânonnant "C'est trop dur, c'est trop dur !" Décidemment, ce n'était pas le jour des Pélissier !
Heureusement, trois ans plus tard, en remportant derrière derny un Derby de Saint-Germain d'anthologie, "Charlot" saura prouver qu'il est autre chose que "le coureur en papier" "le gommeux", "le Geai" surnoms dont ses détracteurs ne vont pas manquer de le matraquer après cet abandon.
A Authon la plaine, au 518ème km, le débours de Merviel a augmenté : cinq minutes. Plus loin, à Etampes, public et suiveurs admirent les évolutions aériennes de la Coupe Deutch qui se dispute sur l'aérodrome de Mondésir tout proche.
Du coup, bien peu remarquent à ce moment que Julien Moineau est revenu à sept minutes de la tête. D'ailleurs, aux Granges Le Roi (km 526) Merviel lui aussi s'est rapproché et a même repris une minute à De Caluwé, qui a semblé à la peine lorsqu'il a traversé le village.
Voici que se profile maintenant Dourdan, et les "juges de paix" que sont les côtes de la Vallée de Chevreuse. C'est le moment d'adopter le vélo à changement de vitesses. Après 529 kilomètres en pignon fixe, c'est une rupture difficile à digérer pour l'organisme rompu depuis tant d'heures à l'effort hypnotique du pignon fixe.
Merviel, toujours admirable de ténacité, s'est rapproché à 3'30". Quant à Moineau, il a entamé à partir de Saint Cyr sous Dourdan un retour fantastique, en intimant à son entraîneur : "Maintenant, on va les chercher !"
Mais on va chercher qui au juste ? Le brave Julien s'est informé des écarts : on lui a répondu : " Cinq minutes !" En fait ce ne sont pas cinq minutes qu'il faut combler, mais pas loin de dix… Il y a méprise. Et elle est cruelle ! Ses "informateurs" lui ont communiqué son retard sur Merviel, pas sur De Caluwé ! Et Moineau de calquer sa fin de course sur ce postulat trompeur.
Surtout que, si du côté de Saint Cyr sous Dourdan, on a assisté au passage d'un De Caluwé à la peine, à Saint-Rémy les Chevreuse, la musique a changée, et une foule compacte, à la densité jamais vue jusqu'à lors, peut l'admirer escamotant frais comme une rose la côte fameuse à 16 h 47 tapantes, puis avaler en injection dans la foulée celle de Châteaufort.
A Buc, au 562ème km, Merviel, carrément héroïque, s'obstine à croire encore en ses chances, même avec 3'10" de retard, alors qu'on vient de lui signaler que Moineau rapplique à pleine vapeur sur ses arrières, à une minute !
A Versailles, au 566ème kilomètre, "le Piaf" a rejoint Merviel ! K.o ,notre héros ? Non. "Julou" va "ressusciter", une nouvelle fois. Inépuisable le bonhomme, jamais vaincu. On n'en a jamais fini avec le champion aveyronnais.
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Et d'entamer un nouveau combat, un incroyable duel à mort avec un Moineau qui décidément a retrouvé ses ailes (désolé, vous ne pouviez pas y échapper).
Au cœur d'une cohue indescriptible (et que je ne décrirai donc pas) Moineau survolté va finalement venir à bout de la résistance acharnée de Merviel, le déposer, et poursuivre plein gaz son incroyable remontée, alors que devant Léo Véron "gère" en mode père peinard les derniers kilomètres de son crack.
Lequel entretemps, en a profité pour se lancer dans le commerce sans quitter son vélo.
C'est qu'un représentant de la firme Super-Champion lui a offert en route une prime énorme afin qu'il accomplisse la fin de l'épreuve sur une machine équipée d'un de ses dérailleurs, qui est en train d'essaimer sur le marché. Affaire conclue !
Avec les primes de la course, celle allouée en cas de victoire par son constructeur et cette manne inespérée, ce sera lesté de 82 000 solides francs français que le vainqueur de Paris-Bruxelles reviendra au pays, de quoi s'acheter illico deux maisons !
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Au Parc des Princes, après 568 kilomètresmenés tambour battant, c'est un De Caluwé hilare - il a de bonnes raisons pour l'être, non ? - qui débouche du tunnel, direction la ligne droite d'arrivée.
Après avoir accompli un tour complet, au moment même où il coupe la ligne il voit, tout de même un brin incrédule, Moineau arriver en trombe sur la piste, suivi peu après d'un Merviel toujours guerrier, jusqu'au dernier mètre !
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Léo Véron sent alors une vilaine sueur froide lui passer le long du cou…
Il avait demandé à son poulain de "freiner" un peu sur la fin… Mais jamais il n'aurait imaginé que Moineau et Merviel fussent si proches !
Quand il apprendra plus tard la bévue de Moineau, il fera le faraud auprès des journalistes. Mais en son for intérieur, il sait bien que le coup est passé bien près…
Et de frémir rétrospectivement à ce qui serait advenu de la prime promise si Moineau avait été correctement renseigné du côté de Dourdan...
Comme Fernand Mithouard et Jean Noret, De Caluwé a gagné le Derby de la Route pour sa première participation à l'épreuve.
Le citoyen de Denderwindeke en Flandre Orientale (comme son mentor Romain Gijssels) est tout sauf un météore. Il était déjà à dix-neuf ans le roi des indépendants en Belgique. On le surnomme "le crack rose" et il a parachevé sa réputation à la fin d'une saison 1933 qui l'a vu remporter - entre autres - un Tour de Belgique, un Tour des Flandres, et en médusant les pros au Critérium de Shaerbeek.
L'année suivante, le "crack rose" passe pro chez l'équipe française Dilecta. Las, il traverse la saison en récoltant une collection d'accessits sur les classiques et courses à étapes et s'épuise dans un Tour de France qu'il quitte avant son terme, exsangue… La faculté le déclare un temps perdu pour le sport, et on n'est pas loin de penser que ses coups d'éclat à répétition réalisés dans la fleur de la jeunesse chez les indépendants l'ont prématurément "brûlé".
Mais remis en selle par Léo Véron la saison suivante, il va remporter un Paris-Bruxelles d'anthologie, pendant lequel il renoue avec sa marque de fabrique, l'échappée au long cours.
Ces huit heures de selle stratosphériques n'auront pas "tué" De Caluwé. Pourtant, favori de l'épreuve l' année suivante, il sortira - comme ses prédécesseurs - par la petite porte, du "Derny de la Route".
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Il remportera trois saisons plus tard un Tour des Flandres et prolongera longtemps sa carrière, jusqu'en 1946.
Cette saison 1946 le verra se lancer dans le demi-fond, qu'il abandonnera, déclarant quitter aussi le cyclisme de compétition, à la fin de l'année suite à un accident.
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- Edgar de Caluwé, les 578 kms en 12'21'30" – moy. 46.870 km/h
- Julien Moineau – à 1' 20"
- Jules Merviel – à 1'42"
- Raymond Louviot – à 22'
- Léon Le Calvez – à 1 h 6' 25"
Abandons : Noret (Tours) – Maréchal (Orléans) – Charles Pélissier (Dourdan)
Etude de Patrick Police
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Sources : Midi Olympique / L'Ouest Eclair / Le Petit Journal / Paris Soir /L’Echo de Paris / Le Grand Echo du Nord / Miroir des Sports / L'Humanité / Sport / Paris-Midi / L'Echo des Sports / L'Auto / L'Intransigeant / Le Petit Parisien / Match / site internet velo club-net et Mémoire du Cyclisme / Livre : Spécial Coups de Pédale Bordeaux-Paris / Almanach Miroir des Sports 1936 / Livre : Toute l'histoire du cyclisme belge de Théo Mathy / Sporting / Le Journal / Livre : La Fabuleuse histoire des classiques de Pierre Chany / L'Athlète / France Soir / Omnium Sport / Paris-Midi / Ce Soir / Le Matin
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