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STAYER FRANCE  :  100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE : 100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE ex-STAYER FR est le blog du demi-fond et de l'association FRANCE DEMI-FOND. adresse mèl : fddf@dbmail.com page Facebook : @VANWOORDEN21

Publié le par Oscar de Ramassage
Publié dans : #LES INTERVIEWS DU DEMI FOND

STAYER FRANCE : Christopher, qu'est- ce que tu fais dans le Gers ? Je te cherchais du côté de la Seine Saint-Denis…

Chris GAMEZ  : Le premier confinement, les contraintes de plus en plus oppressantes de la vie en région parisienne, le départ à la retraite de mes parents en Espagne et surtout la naissance de ma petite dernière, Ella, nous ont poussé, Amandine et moi, à prendre la décision de "changer d'air". Et on ne regrette pas notre décision, tu peux le croire, et même pour l'exercice de mon métier de policier municipal, j'y trouve mon compte, crois-moi !

 

STAYER FRANCE :  Je comprends le côté "quête du mieux-vivre". Mais par contre, question vélo, ça doit être un peu la misère non ?

Chris GAMEZ  : Je ne vais pas te mentir. Ce que le citoyen a gagné, le cycliste a perdu. Quoique… Même si je dois accomplir 200 ou 300 kilomètres de déplacement pour m'aligner à une course, j'ai à ma disposition à deux pas d'ici l'anneau cycliste de l'Isle-Jourdain.

photo site internet encreviolette.unblog

Ce n'est pas le vélodrome de Bordeaux côté inclinaison des virages, mais ça me permet de ne pas perdre le coup de pédale du pistard. Et côté routier, j'ai plus de chances pendant mes entraînements de rentrer entier vivant à la maison. Non, tu ne me feras pas regretter ma décision.

 

STAYER FRANCE : Vite fait sur le gaz, raconte-nous un peu Christopher Gamez coureur cycliste...

Chris GAMEZ  : Mes débuts sur piste et en cyclo-cross sont ceux où je vais truster les titres de champion d'Ile de France. Puis je me spécialise dans les courses aux points et en américaine. Avec Kevin Reza, je suis champion d'Ile de France cadets sur la piste d'Aulnay-sous-Bois. A ce moment, j'accumule les résultats sans me prendre la tête. Je suis dans le vélo-plaisir, sur mes qualités. Après, les choses deviennent moins fluides. Appelé en équipe de France juniors, pré-sélectionné par Bernard Bourreau, je me consacre entièrement au cyclisme. Mais en 2008, ma trajectoire ascendante est stoppée par une vilaine chute survenue lors  d'une course dans le Pas-de-Calais près de Berck.   Bilan : fracture ouverte du col du fémur. Deux opérations en l'espace de quatre mois… Et après je n'ai plus jamais retrouvé le même coup de pédale, et tout était devenu plus difficile, sur la route et sur la piste.

 

STAYER FRANCE : Le demi-fond, c'est venu comment  ?

Chris GAMEZ  : C'est en 2014, sur l'insistance de mon camarade Emilien Clère, que je décide de me lancer dans l'aventure. A l'époque, on se croisait à l'entraînement sur la piste de Saint Quentin en Yvelines. Nous avons été coéquipiers au   V.C. Charlott' Champagne puis au Guidon Chalettois. Depuis, je suis revenu à mon club de toujours,  le C.V.O. Bessancourt Taverny. 

En fait, mon histoire d'amour avec le demi-fond  a failli s'arrêter sitôt commencée. Car pendant ces deux journées d'automne 2014, je vais passer par toute la gamme des émotions. D'abord, le vendredi, je passe les qualifications, en douceur. En finale, le samedi, j'étais bien, je tournais rond. Pendant la course, j'avais les yeux grands ouverts, je n'en perdais pas une miette !

Mais le manque de communication m'a perturbé : ce soir-là je me pensais sincèrement troisième de la course !  Quand même, moi , le néophyte qui n'avait même pas une course derrière motos au compteur, je me retrouvais là dans la lutte pour la troisième marche du podium ! Et puis à peine descendu de vélo voilà que des incidents survenus après la course sont venus télescoper ce trop-plein d'émotions et ma joie d'avoir quand même réalisé une belle performance. Ce soir-là, je voulais arrêter le demi-fond !

Mais j'y avais pris goût.

STAYER FRANCE : ?

Chris GAMEZ  : La sensation de vitesse. Unique. La collaboration avec le pilote. Vraiment, le demi-fond, c'est spécial, et on y trouve des émotions et des sensations que l'on ne retrouve dans aucune autre spécialité de la piste. Et puis il y a l'engagement physique. Total. Tu te vides, tu ne peux pas faire semblant. Quand tu es bien, c'est un feeling incomparable. J'adore. Et depuis, je n'ai pas manqué une course.

 

STAYER FRANCE :  On rembobine tes championnats de France ?

Chris GAMEZ : Après cette première, il y a eu Châteaubriant. Là, je gagne ma série qualificative mais après, ça se complique. Le tirage au sort m'expédie en queue de file sur la ligne de départ. Sur cette piste ultra-rapide, c'est un handicap qui va se révéler insurmontable. Et la 2ème place que je récolte n'est pas une consolation, mais plutôt une raison de plus de me dire que ce jour-là, je devais faire mieux.

STAYER FRANCE : Et ton meilleur championnat de France ? J'ai bien une idée sur la question et je te suggèrerai bien une date…

 Chris GAMEZ : 2020. LYON (Gagné ! n.d. Stayer France)  Ce jour-là je fais 3 alors que les affaires étaient bien mal engagées. Encore une fois, je me retrouve en  serre-file sur la ligne de départ. Pendant la première demi-heure, on ne me fait pas de cadeaux, et je laisse pas mal de forces, en ayant plus que ma part de séquences passées  à lutter dans les remous.  Même si je n'ai pas de grandes sensations, je lisse bien mes efforts pourtant, emmené comme sur un coussin d'air par mon entraîneur Bernard Filiâtre. J'ai patienté longtemps avant de lâcher totalement les chevaux. Trop longtemps ? Quand je vais le faire, il sera un peu tard dans la course... Finalement, mentalement, je n'y ai pas cru, et je dois avouer que j'ai même un peu "craqué" sur la fin. Mais compte tenu de mon manque de préparation, c'était le plus beau résultat possible, et une fameuse course à vivre !

2020 LYON. Un second podium

STAYER FRANCE : Tu sais que l'on travaille comme des damnés chez France Demi-Fond et Stayer France  à la dynamisation du demi-fond. Mais on aimerait bien avoir le point de vue du coureur parfois. Alors qu'est ce que tu suggérerais ?

Chris GAMEZ :   Des constats, déjà. Quand il y a une (rare) organisation sur un vélodrome, le demi-fond brille par son absence. Ce n'est pas normal. Nous les stayers, nous ne courrons pas assez. Une seule course de demi-fond de 50 km l'an, ce n'est pas suffisant. Il nous faut donc des courses. Des vraies courses "tout droit". Avec de plus grands kilométrages.

STAYER FRANCE : Le matériel ?

Chris GAMEZ   : Vu le prix du matériel, comment investir quand on a des revenus modestes ou moyens ? Si il y avait une véritable saison de courses de demi-fond, j'investirai, probablement. Et je pense que c'est un avis qui est partagé par beaucoup de coureurs.

 

STAYER FRANCE : Alors le demi-fond, tu continueras ?

Chris GAMEZ :  Chaque année je me dis que vais me calmer, que je vais m'arrêter. Je termine à chaque fois dans un tel état. Et j'ai tellement mal à la g… ! Et puis j'y retourne. A chaque fois. 

Mais je ne voudrais pas terminer cette interview sans glisser un petit mot pour mon entraîneur, Bernard Filiatre.  Au fil des ans, on a su constituer une équipe. Et nos liens dépassent aujourd'hui le simple exercice du sport. Qu'il en soit remercié. Passe le message s'il te plaît.

 

 

 

Patrick Police, pour STAYER FRANCE, le 16 Mars 2022

Remerciements à Dominique Turgis 

 

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M
EXTRÊMEMENT INTÉRESSANT cette interview ! Le parcours "du bonhomme ", l'avis d'un coureur, la relation à son entraîneur et la découverte de cette piste d'Isle-Jourdain ! Encore P.POLICE, encore...
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