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Il est le premier stayer australien de l'histoire a avoir revêtu le maillot arc-en-ciel, bien avant son compatriote fameux Danny Clark, tous deux tasmaniens de surcroît.
Si l'on se fie aux reportages commis par la presse française de l'époque, le championnat du Monde des stayers 1956 aurait été une pauvre édition, remportée par un terne vainqueur, sur lequel - comme si la barque n'était pas assez pleine comme cela - on fit peser au passage de sourdes insinuations de dopage...
C'était suffisant pour aiguiser notre curiosité à Stayer France. Au fur et à mesure de nos investigations, nous découvrîmes que - comme presque toujours - la presse française sportive de l'époque, qui n'a, soit dit en passant, jamais aimé le demi-fond (cf. mon livre "Le Demi-Fond, Histoire d'une spécialité du Cyclisme... " à part - Editions de Phénicie - disponible via le blog Stayer France " ) et qui de surcroît n'en a jamais saisi les subtilités - ou alors uniquement lorsqu'il s'agissait de stigmatiser sa face "sombre" - avait "bâclé le travail" sur cette édition 1956, et n'avait compris ni la vérité de la course, ni la valeur de son vainqueur.
Et puis on s'est dit qu'un champion du Monde de demi-fond Tasmanien, ça résonnait un peu comme une invitation au voyage non ? Un voyage à travers le temps...
Stayer France décidait donc de confier l'enquête à son meilleur limier, j'ai nommé le Kolossal François Bonnin.
Et là, François Bonnin a surpassé François Bonnin.
Jugez-vous mêmes en vous immergeant dans...
GRAHAM FRENCH, LE STAYER DES ANTIPODES
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Lorsque le cycliste tasmanien Graeme French a remporté le championnat du monde de demi-fond en 1956, il a été honoré d'une réception organisée par la mairie d'Anvers, qui à cette occasion lui a remis un médaillon en bronze, témoignage de la fierté des habitants de la ville où il vivait à l'époque.
Sa victoire fit la une des journaux européens, mais en Australie, ses exploits passèrent pratiquement inaperçus.
Fils de fermier du minuscule hameau de The Oaks près de Hagley, Graeme French remporte dans sa ville natale en 1942 sa première course. Il obtient l'année suivante, alors qu'il n'a que 16 ans, une première consécration en remportant la Burnie Wheel Race. Puis il quitte son île en 1946 et déménage dans le Victoria, pour tenter sa chance sur le "continent". Mais c'est un peu plus à l'Est, à Sidney, en Nouvelle Galles du Sud, il accomplira ses gammes sur la rugueuse piste de bois de North Essendon. Il va y remporter 14 courses scratch consécutives, record qui tiendra jusqu'au retour de sa tournée européenne de son légendaire compatriote "Sid" Patterson.
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Au début des années cinquante il parachève sa réputation avec les titres de champion de l'état de Victoria en 1948 et 1950, ponctués par une victoire sur les 10 miles du " Commonwealth Jubilee Australian".
La presse locale le sacre à cette époque " meilleur cycliste jamais vu entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début des années 1950. " Il est décrit comme " un compétiteur dur et implacable, bûcheron infatigable lorsqu'il n'est pas sur le vélo, coureur dont la volonté de gagner ne lui fait pas que des amis dans le milieu cycliste mais le meilleur garçon du Monde en dehors "
Lors d'un voyage à Nouméa en 1953, French va faire connaissance avec les courses derrière moto. Il s'en sort si bien qu'un ancien stayer français (chercheurs, amusez-vous à retrouver son nom...) lui conseille "d'aller sur le continent et de voir si tu peux y gagner quelque chose". La star absolue des cyclistes australiens, Sidney Patterson, lui conseille à son tour de tenter sa chance en Europe : "Tu marches bien derrière derny. Alors pourquoi tu te lancerais pas dans le demi-fond ?"
French sait qu'il va devoir se frotter là-bas à la plupart des disciplines de la piste, mais il reste fasciné par les épreuves derrière moto qu'il a connues à Nouméa, et les encouragements prodigués par Patterson l'ont ébranlé. L'homme a certes beaucoup à apprendre, mais de toutes façons il apprend vite ! Alors, banco pour le grand saut !
Favorisé par le parfum d'exotisme attaché à sa nationalité, on lui trouve vite une fois arrivé en Europe une place de choix sur les affiches des réunions sur piste, et le rude et timide tasmanien y devient rapidement une attraction majeure, d'autant qu'il ne pleure jamais sa peine sur le bois et ciment des vélodromes. Pourtant lorsqu'il est arrivé à Anvers, en Belgique, parfaitement anonyme et inconnu",
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on s'est demandé comment cet Australien inexpérimenté pourrait se mesurer aux ténors européens du cyclisme ?
Mais c'est qu'un homme a reconnu son talent dès son arrivée des antipodes. Il s'agit de Georges Grolimond, le fameux pacemaker suisse, qui a flairé de suite la "pépite". Il va offrir à l'ancien chauffeur de taxi ses services, et lui apprendre les codes de la spécialité. C'est ainsi que débute l'association improbable d'un Suisse soixantenaire et rusé et d'un Tasmanien inexpérimenté, pourtant déjà âgé de 28 ans. Bientôt, ce tandem va enchaîner les victoires.
Lorsque la course au titre mondial arrive, l'Australien n'est plus un inconnu. Le record du Monde de l'heure derrière derny qu'il a établi l'année précédente en son cher Sportpaleis d'Anvers avec 59 km 875 dans l'heure a bien marqué les esprits.
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Pour les spectateurs du championnat du Monde de Copenhague, au nombre de 50 000 (!), la course pourra leur être apparue monotone, puisque notre homme la maîtrisera de bout en bout, même si, tellement épuisé par la violence de son effort, il s'effondrera aussi spectaculairement que complètement après l'arrivée. Son chrono sur la piste difficile de Copenhague constituera un nouveau record du monde et avec ce titre mondial, il rejoint le maigre peloton des rares compatriotes qui ont remporté des titres mondiaux de cyclisme, notamment Bob Spears, Sid Patterson et Jack Hoobin.
Après sa victoire, French devra subir l'épreuve éprouvante - mais fructueuse - d'une succession de courses-revanche. Les victoires se succèdent rapidement dans les Grand Prix à Paris, Amsterdam, Anvers et les Roue d'Or de Munich et Cologne. Il terminera troisième de la course au titre mondial l'année suivante et ne renouvellera son coup de Copenhague. Et c'était peut-être mieux ainsi, car s'il avait gagné ce jour là un second titre mondial, Georges Grolimond ne l'aurait probablement jamais laissé rentrer chez lui !.
French retournera en Australie et recommencera à y enchaîner les victoires, pour en découdre parfois encore avec le prodigieux Sidney Patterson, remportant toutes les courses derrière motos auxquelles il participera sur la piste de Melbourne.
Le premier champion du monde de cyclisme de Tasmanie, Graeme French, décèdera à l'âge de 86 ans, à Bendigo sur la Gold Coast où il avait pris sa retraite.
Il était membre à vie de Cycling Victoria et membre de son Hall of Fame en 1998.
Graeme a été intronisé au Sport Australia Hall of Fame en 1995, où il a rejoint le grand cycliste tasmanien Danny Clark - les deux seuls Tasmaniens ainsi honorés.
Sources : sites internet http://www.sahof.org.au / http://www.museociclismo.it / https://www.examiner.com.au / https://www.communities.tas.gov.au / Coups de Pédale
Page FB Sportpaleis Velodroom Antwerpen - photos Erick Van Herk
REMERCIEMENTS CHALEUREUX A RON BAENSCH
Ron Baensch Appreciation Group
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Les championnats du Monde cyclistes se sont ouverts le jeudi 23 août 1956 par la séance du comité directeur de l’U.C.I., tenue dans les salons de l’hôtel Richmond, prélude au 102ème congrès de l’Union, réuni le lendemain matin 24 août à 9 heures 30 en ces mêmes lieux. 22 pays étaient représentés au Congrès par 23 fédérations (à l’époque il y a encore deux fédérations reconnues pour la Grande-Bretagne).
L'ancien double champion du Monde Georges Paillard, au cours de ce Congrès, lut une déclaration alertant sur le risque de déclin des réunions sur piste, et insista plus spécialement sur la défense du demi-fond, proposant l’étude d’un nouveau règlement du championnat du monde qui permettrait d’en augmenter le nombre des concurrents. Autre ex-multi-champion du monde de la spécialité, Victor Linart fit publier un avis rappelant la stricte obligation de respecter le règlement international de 1955 relatif à l’équipement des grosses motos.
Suite à l’intervention de Georges Paillard, à la réunion suivante du Comité Directeur, tenue au siège à Paris le 25 septembre 1956, sera décidé la création d’un critérium international amateurs de demi-fond pour 1957, l’organisation en étant confiée à l’Allemagne de l’Est, à Leipzig.
Les épreuves sur piste de Copenhague auront elles pour cadre le vélodrome d’Ordrup, ce pour la neuvième fois depuis 1896, soit le record du nombre d’organisations mondiales pour un même vélodrome. Sa piste est l’une des plus anciennes d’Europe. Inaugurée le 29 juillet 1888, elle fut reconstruite en 1903. Dans sa version existante en 1956, c'est un anneau en ciment homologué à 370 mètres. Selon Victor Linart et Georges Paillard, la piste danoise est très dure pour les stayers, de par la forme et l’inclinaison de ses virages, exacerbant la prise du vent ce dont s’inquiète le tenant du titre Timoner qui, à l’issue des séances d’entraînement, déclare dans les colonnes du quotidien l ’EQUIPE : « Le vent se sent partout, il faut pousser sans cesse».
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Treize stayers sont engagés représentant neuf nations, répartis en trois séries qualificatives. Le Danemark, terre d’accueil des championnats, ne sera pas représenté en demi-fond.
A noter que la télévision française assure la diffusion de ces championnats du monde (route et piste), une large retransmission de la finale du demi-fond est inscrite au programme de la R.T.F pour le samedi 1er septembre de 17h 30 à 18h 25.
QUALIFICATIONS - 1ère série (mardi 28 août)
- 02 - Guillermo Timoner (ESP) - entr. : Félicien Van Ingelghem (BEL) - les 65,700 km en 1 heure.
- 03 - Roger Godeau (FRA) - entr. : Adolphe Laval - à 1 tour 340 m
- 05 - Günther Otte (R.F.A.) - entr. : Werner Schmidt - à 3 tours 340 m
- 04 Walther Zehnder (CH) - entr. : Kurt Schindler (R.F.A.) - à 4 tours 315 m
- 01 Norbert Koch (P-B) - entr. Albertus De Graaf - à 5 tours 300 m
La course : ordre de départ, Koch devant Godeau, Timoner, Zehnder et Otte.
Parfaitement piloté par Van Ingelghem, le légendaire «Papyrus», Timoner a pris la tête après cinq minutes, suivi du Français Godeau. Tous deux augmentent régulièrement leur avance sur les autres, qu’il doublent plusieurs fois. Godeau parvient tout de même à bien se défendre et résister à l'Espagnol Timoner jusqu'à la 42ème minute où il est à son tour doublé.
Timoner a alors mis tous ses adversaires à au moins un tour. Godeau s'élance lui aussi, sereinement et en évitant le duel direct avec le champion du monde 1955, s’assure la deuxième place empochant la qualification avec Timoner.
Commentaires : Timoner, qui caracola de façon impressionnante, est sorti brillant vainqueur de son éliminatoire. La première série du demi-fond n'a rien montré. La suprématie du champion du monde sortant, Timoner, était trop grande pour parler d'une vraie bataille, et de plus l'infériorité des trois derniers était aussi trop perceptible. Après l’épreuve, Timoner ne semblait pas affecté, déclarant à l'envoyé spécial de l'agence Alfil qu'il "n'était pas du tout impressionné, que tout s'était très bien passé". Derrière l’Espagnol, Roger Godeau n’a pas eu à s’employer.
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La piste d’Ordrup lui convient parfaitement, son coup de pédale tout en souplesse s’est merveilleusement adapté au ciment danois. Ne songeant qu’à la qualification pour la finale du samedi «Popeye» se contenta de suivre le leader terminant à 1 tour, et de tenir ses suivants à distance. Enfin, le champion de France ne fit aucun effort pour aller attaquer le tenant du titre.
QUALIFICATIONS 2ème série (mardi 28 août)
- 04 Graham French(AUS) -entr. : Georges Grolimond (CH) - les 67,340 km en 1 heure
- 03 Walter Bucher (CH) - entr.: Arthur Pasquier (FRA) - à 1 tour 50 m
- 01 Jan Pronk (P-B) - entr. : Jupp Merkens (R.F.A.) - à 1 tour 55 m
- 02 Giuseppe Martino (ITA) - entr.: Auguste Wambst (FRA) - à 4 tours 40 m
La course : Ordre au départ : Pronk - Martino - Bucher - French.
Bucher passe immédiatement Martino et s'empare de la deuxième place tandis que l’Italien, visiblement mal à l’aise sur cette piste difficile et le rouleau à 65 centimètres, recule jusqu'à la dernière place où il devait «se trainer» jusqu'au bout. Tout est ensuite resté calme jusqu'à environ une demi-heure lorsque survient l’attaque de French qui le hisse en deuxième position, Bucher devenant ainsi troisième. Poursuivant son effort, dans la soirée calme et sans vent,
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French imprime un rythme extrêmement élevé et cela est rapidement fatal au peu souple Pronk qui du coup lui cède le passage à la 45ème minute et rétrograde à la troisième place, si bien que French devient le leader devant Bucher, Pronk et Martino.
Dans le dernier quart d'heure French roulera si vite en tête qu'il réussira à tous les doubler une fois ou plus. Pour la seconde place, le Suisse Bucher a remporté son duel avec Pronk, d’extrême justesse, de 5 mètres sur la ligne.
Commentaires : L' Australien French, suivi de Bucher, a remporté la deuxième série. Cette deuxième série du demi-fond s’annonçait beaucoup plus attrayante que la première, bien qu’il n’ y eut que quatre hommes au départ. car French et Bucher les favoris, avaient dans leur épreuve deux adversaires réputés coriaces, le Néerlandais Pronk et l’Italien Martino. Mais ces deux derniers ne furent pas suffisamment dans la course. Bien que parti à la queue du cortège de par le tirage au sort, French n’a guère été inquiété, roulant au train, en puissance. Il remonta les places, sans véritable opposition, et une fois en tête, à un quart d’heure de la fin, ne fut plus approché. Pronk, toutefois se reprenait sur la fin contestant jusqu’au bout la qualification à Bucher, mais Pasquier, l’expérimenté pacemaker de l’Helvète veillait !
QUALIFICATIONS - 3ème série (mercredi 29 août)
- 01 Adolf Verschueren - (BEL) - entr. : Maurice Ville (FRA) - les 64,550 km en 1 heure
Adolf Verschueren, triple champion du Monde - 03 Heinz Jakobi (R.F.A.) - entr. : Emile Vandenbosch (BEL) - à 3 tours 350 m
- 04 Ange Le Strat (FRA) - entr. : Alexis Blanc-Garin (FRA) - à 4 tours 280 m
- 02 Joe Bunker (GBR) - entr. : Otto Faltin (R.F.A.) - à 10 tours 300 m
La course : Dans l’ordre au départ, Verschueren, Bunker, Jakobi et Le Strat. Dolf Verschueren rejoint Bunker après 9 minutes et le double après 13 minutes, ce qui n’étonne personne, le Britannique ayant rétrogradé à la dernière place.
Une accalmie s’ensuit jusqu'à environ vingt minutes de la fin quand le Français Ange Le Strat dépasse l'Allemand Jakobi et prend ainsi pris la 2ème place. Cependant, Jakobi ne renonce pas, après avoir récupéré, bien amené par Miel Van den Bosch, il revient ayant le Belge derrière lui, pour repasser Le Strat, tandis que Dolf Verschueren met lui-même le Français, puis l'Allemand à un tour.
Jakobi s’emploie maintenant à fond pour s’assurer la deuxième place, il attaque à nouveau après quelques minutes, intercalé entre ses deux rivaux et tente de dépasser Le Strat, lequel résiste, ce qui fait décoller l'Allemand qui rétrograde en troisième position.
Verschueren prend alors un autre tour aux deux hommes et récidive avant la fin, mais Jakobi parvient à se ressaisir à temps pour repasser, puis doubler Le Strat et ainsi arriver à récupérer la seconde place pour enlever sa qualification en finale.
Commentaires : "Dolf" Verschueren également qualifié pour la finale de demi-fond a maîtrisé ses rivaux et... le vent. L’ Allemand Jakobi a, en partie, justifié sa jeune réputation.
Les passionnés de cyclisme belges, toujours présents au Danemark, se sont libérés d'une certaine obsession. Cette obsession était le stayer allemand Heinz Jakobi, qui pendant plusieurs semaines a été généralement considéré comme le principal rival de "Dolf" Verschueren et prétendant au titre mondial du demi-fond après avoir remporté le titre national et montré une belle condition physique marchant de succès en succès, imbattable en Allemagne.
C'est pour cette raison que la troisième série du championnat du monde de demi-fond a suscité autant d'intérêt et de méfiance outre-Quiévrain. Mais au bout de quelques minutes, chacun des Belges présents commençait à respirer plus librement, car on avait constaté que "Dolf" n'avait pas encore à craindre le champion Allemand, peut-être en excellente condition, mais en tout cas encore trop inexpérimenté.
Verschueren fit "cavalier seul" et a eu facilement raison de Jakobi qui a été doublé trois fois. Si le champion belge, en si belle forme, est néanmoins resté en dessous de la distance parcourue la veille au soir par French et aussi par Timoner, bien qu’ayant dominé aisément les débats, ce n'est qu'en raison des conditions météo défavorables.
Un vent fort et régulier soufflait sur la piste plate, contrairement au temps calme qui régnait la veille dans les deux premières séries de demi-fond, ce qui rendait la tâche de Verschueren plus difficile. Verschueren, qui a commencé dans une position favorable, a laissé une forte impression et a immédiatement prouvé que l'Allemand est encore loin en dessous du meilleur Verschueren.
Ange Le Stratquant à lui, contraint au repêchage a trouvé sur sa route Verschueren et Jakobi.
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Le second stayer français en piste pour la 3ème série dans l’après-midi à 15 heures, une heure après faisait grise mine au vestiaire. «Cela n’a jamais marché, je n’ai jamais trouvé un rythme normal.» déclarait-il au correspondant de l'EQUIPE. Le vent était très fort. Le Strat venait de terminer 3ème derrière Verschueren et l’Allemand Jakobi.
La manche du mercredi après-midi a prouvé que "Dolf" a retrouvé une excellente condition dans une course dure et contrariée par le vent. Le petit Anversois, resplendissant de santé, ne sera pas facile à battre à Ordrup et il se montrera certainement plus dangereux dans la finale du samedi que l’an dernier au Vigorelli de Milan. Sans malchance excessive il a tout pour lui permettre de poursuivre sa série de titres mondiaux, si malheureusement interrompue.
Avec Timoner, Bucher, Godeau, French et Jakobi, six finalistes ont déjà été désignés et seul le septième et dernier homme doit encore être retenu par le repêchage prévu le jeudi soir. Dès à présent on peut dire que cette finale s’annonce sous d’excellents auspices car en dehors de Verschueren, l’Australien French et Roger Godeau ont confirmé qu’ils seraient de rudes adversaires pour Timoner, le champion sortant.
REPECHAGE - Jeudi 30 août
- 1 Norbert Koch (P-B) - entr. : Albertus De Graaf - 65,860 km en 1 heure
- 2 Joe Bunker (GBR) - entr. : Otto Faltin (R.F.A.) - à 50 m
- 3 Ange Le Strat (FRA) - entr. : Alexis Blanc-Garin - à 1 tour 140 m
- 4 Giuseppe Martino (ITA) - entr. : Auguste Wambst (FRA) - à 1 tour 160 m
- 5 Jan Pronk ( P-B) - entr. : Jupp Merkens (R.F.A.) - à 1 tour 190 m
- 6 Günther Otte (R.F.A.) - entr. : Werner Schmidt - à 3 tours 110 m
N.C. : Walther Zehnder (CH) - entr.: Kurt Schindler (R.F.A.) - abandon 31 mn (à 2 tours)
La course : Le Strat, qui a tiré le numéro 1, caracole pendant vingt minutes, repoussant les assauts de l’Allemand Otte. Mais à la 30ème minute, il se fait surprendre par l’Anglais Bunker auquel il ne peut résister. Immédiatement, le néerlandais Koch profite de l’occasion et passe les antagonistes pour s’installer en tête. Le Strat échoue à contre-attaquer car il se heurte au barrage de Bunker, intercalé.
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Obligé de repousser aussi les assauts répétés de Martino et de Pronk, il ne parvient pas à repartir au sprint vers l’avant. Cette lutte à la troisième place profite au duo de tête et à l’approche du dernier quart d’heure, Koch double Martino, Pronk et Le Strat, suivi et imité par Bunker. Le Britannique joue alors sa carte et sur la fin, attaque Koch à trois reprises, mais à chaque fois, le leader résiste et repousse le danger. * Pénalité Faltin Otto (entraîneur) 2000 francs d’amende : irrégularité en course.
Commentaires : Le repêchage, disputé en soirée, a vu la victoire surprenante du Néerlandais "Noppie" Koch qui a pris la première place pour accéder à la finale. C’est Ange Le Strat qui avait mené pendant une demi-heure avant d’être attaqué par Koch et Bunker lesquels parvenaient tous les deux à le maîtriser et à le doubler.
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Le Strat ne put ensuite se ré-approcher, car constamment placé derrière Bunker, il fut dans l’impossibilité de lancer une quelconque offensive suffisamment appuyée contre Koch. Le Français dut en outre maintes fois défendre sa troisième position contre Martino et Pronk. Durant la deuxième demi-heure, Koch était vraiment le meilleur et allait pouvoir défendre son avance face aux attaques du Britannique qui devait se contenter de la deuxième place alors que Le Strat n’était que troisième. Koch est donc qualifié pour la finale.
FINALE (samedi 1er septembre)
- 01 Graham French (AUS) - entr. : Georges Grolimond (CH) - les 100 km en 1h 29mn 03sec4/5 - (moy. : 66,996 km/h)
- 2-05 Guillermo Timoner (ESP) - entr. : Félicien Van Ingelghem (BEL) - à 80 m
- 03 Walter Bucher (CH) - entr. : Arthur Pasquier (FRA) - à 120 m
- 07 Adolf Verschueren (BEL) - entr. : Maurice Ville (FRA) - à 210 m
- 02 Norbert Koch (P-B) - entr. : Albertus De Graaf - à 2 tours 300 m
- 06 Heinz Jakobi (R.F.A.) -entr. : Emile Vandenbosch (BEL) à 3 tours 50 m
- 04 Roger Godeau (FRA) - entr. : Adolphe Laval - à 10 tours 340 m
La course : Ordre des départs: French, Koch, Bucher, Godeau, Timoner, Jakobi, Verschueren.
Parti de la première position après avoir tiré le numéro «un» dans l’ordre des départs, l’Australien, collant au rouleau de son pacemaker, le Suisse Georges Grolimond, commence à dérouler les tours sans jamais céder le commandement. Derrière lui, la bataille fait rage pour les deuxième, troisième, quatrième et cinquième places, Bucher et Timoner (après une sévère attaque de l’Allemand Jakobi) améliorant leur position aux dépens de Koch et Godeau. Mais personne ne semble décidé à s’approcher de l’Australien.
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Ses adversaires, à l’exemple du Suisse Bucher, arrivé en seconde position dans les dix premiers kilomètres paraissent spéculer sur son effondrement mais celui-ci ne se produit pas et le leader mène à une allure si rapide qu'aucun de ses concurrents ne peut lancer une attaque directe contre lui. Il faut attendre le 20ème kilomètre pour assister à une offensive sérieuse de Timoner. Mais le tenant du titre, durement contré par Bucher ne peut conclure son action au moment d’aborder French qui s’enfuit, et il doit se replacer derrière le Suisse. "Dolf" Verschueren parti le dernier, s’emploie maintenant à remonter vers la tête mais il lui faut se débarrasser des obstacles représentés par ses cinq illustres adversaires, dont Godeau qui se défend «à la mort» puis Timoner et Bucher opposants les plus actifs à la remontée du Belge.
A la mi-course, Verschueren parvient enfin - difficilement - à chasser Bucher de la deuxième position, mais, au bout de son effort, ne peut le prolonger contre French. Au cours des 15 kilomètres qui suivent, French poursuit sa ronde solitaire sans être autrement inquiété et derrière lui Bucher et Verschueren alternent à la seconde place à la faveur des défenses qu’ils opposent à chaque tentative de passage de Timoner, ne permettant pas au Majorquin de se mettre en position d’attaquer le leader. Mais aux deux tiers de la course, Verschueren , menacé à nouveau par le retour de Timoner, sur une erreur technique de Maurice Ville son entraîneur, réagit trop tard sur un assaut de Timoner, et l’Espagnol passe enfin.
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Sans attendre, Verschueren repart aussitôt et apèrs un coude-à-coude reprend la deuxième place. Hélas, il a trop présumé de ses forces et un peu plus loin, il ne peut cette fois empêcher Timoner qui finalement disposait toujours de réserves considérables, de l’attaquer à nouveau, et avec succès cette fois. Le petit Espagnol, ex-Champion du monde 1955, pense alors pouvoir enfin ré-attaquer French, ce qu’il fait au 80ème kilomètre mais l’Australien, si peu sollicité jusque là, semble encore très frais et continue de mener la ronde avec autorité. Il lui reste même assez d'énergie pour augmenter un peu son train pourtant soutenu. Timoner n’arrive pas à atteindre French qui fait ainsi un pas vers la victoire. Le Suisse Bucher, qui avait joué le rôle de troisième larron pendant toute la course, produit alors une attaque finale très judicieuse. Mais s'il réussit à surclasser un
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Verschueren défaillant, il ne peut porter l’estocade à Timoner et encore moins venir inquiéter le leader. French se défend toujours avec pugnacité, mais il semble à présent donner des signes de fatigue. Ce que voyant, Van Ingelghem, le pacemaker de Timoner, accélère, et, à six tours de la fin , lance son coureur en une dernière attaque désespérée,
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revenant à 15 mètres, mais l’Australien, bien que très éprouvé, dans un sursaut d’énergie, réplique et s‘éloigne à nouveau reprenant 25 mètres d'avance. French épuisé, passe la ligne 80 mètres devant Timoner qui a décollé. L’Australien, sur sa lancée, effectue un dernier tour de piste, puis descend de sa machine en titubant.
Commentaires : Sous un ciel devenu idéalement bleu après une semaine de pluie, de froid et de vent, la piste d’Ordrup a sacré un champion du monde athlétique, Graham French, Australien de 29 ans, qui a offert ainsi à la grande ile des antipodes son premier titre arc-en-ciel en demi-fond.
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Nouveau venu sur les pistes européennes, le Tasmanien avait pris confiance en ses moyens en remportant sa série qualificative. Ayant tiré le numéro 1, il mena la ronde des 100 kilomètres sans jamais être arrêté. Aucun des six autres finalistes - excepté Timoner en trois occasions - ne tenta ou plutôt ne fut en mesure l’approcher.
A noter que notre compatriote Godeau, qui avait laissé entrevoir de beaux espoirs après son comportement dans la série de Timoner, fut mé-con-nais-sa-ble. Le champion de France ayant changé son braquet de 30 x 7 pour un 35 x 8 en vue de la finale emmena trop grand et fut asphyxié dès le départ.
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French a donc triomphé et il convient d’associer à son succès, son entraîneur Grolimond, excellent en tous points et particulièrement décisif tout à la fin. La victoire de ce tandem ne souffre pas de critique, si ce n’est qu’elle fut grandement favorisée par la coalition dont fut victime le champion sortant, le petit Majorquin Guillermo Timoner. L’Espagnol tomba dans un véritable traquenard. Trois des finalistes, l’Allemand Jakobi, le Belge Verschueren et le Suisse Bucher, s’attachèrent à sa perte, il fut sans cesse contraint à de rudes efforts à chaque fois qu’il attaqua.
Verschueren, qui, à l’exemple de Godeau, emmenait lui aussi "plus grand" que les autres (31 x 7 contre 30 x 7) n'a pas semblé pas dans son meilleur jour et usa sa résistance lors de ses duels contre Bucher et Timoner. Dix fois, douze fois peut-être, le Belge jeta toutes ses forces en combat singulier contre l’Espagnol, lequel, au début, avait déjà souffert de la résistance de Jakobi, puis d’une rude défense de Bucher.
Souvent, Guillermo, obligé de faire l’élastique, se retrouvait en dernière position et donc obligé de repousser tous ses adversaires quand il lui fallait à nouveau remonter vers l’avant. Sur la fin, il dut aussi affronter à nouveau le danger du Suisse Bucher, guidé par l’avisé Arthur Pasquier, à l’affût de l’occasion pour porter l’assaut au tenant du titre.
Le petit Majorquin épuisait ainsi ses ressources. Il ne put tenter d’approcher French que par trois fois, et l’Australien qui, en tête, avait la partie combien plus facile ( ayant la plupart du temps le champ libre ) repoussa aisément les deux premiers assauts de son rival. Mais il s’en fallut tout de même de peu, à cinq kilomètres de la fin, que French ne capitule, lorsque Timoner, enfin libéré de la tenaille Verschueren / Bucher, porta sa troisième attaque, cette fois beaucoup plus appuyée ! A ce moment, l’Australien était vraiment à son point de rupture, et il fallut toute la vigilance et l’habileté de Grolimond pour qu’il ne décolle pas.
Le podium protocolaire donna lieu à un vif incident. Le nouveau champion du monde mit plus d’un quart d’heure à récupérer dans sa cabine, ce qui eut le don d’impatienter le président Joinard, déjà visiblement irrité par le scénario de cette finale, et qui finit par quitter la cérémonie sans autre forme de procès, en jetant à terre le maillot arc-en-ciel, abandonnant la remise du maillot au trésorier de l’U.C.I., Mr Verougstraete.
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Graham French, le nouveau champion du monde de demi-fond a vu le jour le 15 avril 1927 à Ulverston, un petit village de Tasmanie. Pratiquant pour son plaisir le cyclisme sur route depuis son adolescence, il débuta en compétition sur les vélodromes en disputant les traditionnelles courses handicaps, très à l’honneur sur les pistes australiennes. Professionnel en 1951, il remporta cette même année les titres de champion de l’Etat de Victoria des 5 et 10 miles. Il n’en avait pas moins continué à exercer son métier de chauffeur de Taxi à Melbourne.
Inspiré par les exploits de Sidney Patterson, il fut encouragé à venir tenter sa chance en Europe, et après avoir vendu sa voiture et investi toutes ses économies, il prit le bateau pour l’Angleterre en 1953 et vint à Paris où il découvrit le demi-fond. Il réside désormais à Anvers.
Disputant les américaines pendant la saison d’hiver, il devint stayer en quelque sorte par nécessité, jugeant que cette spécialité conviendrait mieux à ses moyens pour assurer sa subsistance sur les pistes en plein air. Il s’adapta très vite et ayant gagné la confiance des directeurs de vélodrome, les contrats affluèrent.
Très adroit également derrière les dernys, s’illustrant lors des réunions du Sportpaleis d’Anvers, il remportait notamment l’épreuve en 3 manches (15, 20 et 25 kilomètres) le 30 janvier 1955, devant Verschueren, Bouvard, Le Strat et Van Est. Une semaine plus tard, toujours au Sportpaleis, le lundi 7 février, sur le coup de 18h 30, il se mettait en piste pour un nouveau duel avec Dolf Verschueren, mais à distance cette fois et entraîné par Frans Cools, il pulvérisait le record de l’heure derrière derny, précédemment détenu par le Belge (58,586 km), portant la distance à 59,875 km.
Il fit ses débuts aux championnats du monde, en 1954 à Wuppertal, derrière l’entraîneur Laval, mais fut éliminé en série après avoir été victime d’une crevaison. En 1955, il ne disputa pas l’épreuve.
Il s'associa par la suite à l’expérimenté pilote suisse Georges Grolimond (62 ans), qui conduisit en 1931 l’Allemand Sawall au titre mondial sur cette même piste d’Ordrup, et fut notamment, après la guerre le pacemaker du Suisse Besson et de l’Allemand Lohmann.
En cette année 1956, French s’était signalé lors de la réunion du Parc des Princes du 25 mars marquée par la sortie inaugurale des nouvelles motos BSA en enlevant sa série de poursuite et l’épreuve des 50 kilomètres en ligne ; une démonstration probante devant Verschueren, Solente, Goussot, Le Strat, Pronk, Rioland, Lavalade, Queugnet et Godeau.
Victime d’une luxation du coude, après une chute deux mois avant le championnat du monde, il se disait prêt à abandonner le demi-fond, et gardait encore à la veille du championnat, beaucoup d’appréhension derrière le rouleau. Les connaisseurs considèrent qu’il devrait à présent aimer le métier de stayer et encore améliorer son allure en rectifiant une position un peu haute.
Sa première sortie, revêtu du maillot aux couleurs des cinq continents était attendue le dimanche suivant au Parc des Princes, pour la revanche, en présence de ses six adversaires de Copenhague.
Sources : L’EQUIPE ; THE SYDNEY MORNING HERALD ; L’IMPARTIAL (Presse quotidienne suisse) GAZET VAN ANTWERPEN ; EL MUNDO DEPORTIVO ; VELO 1957 (René Jacobs +, Hector Mahau +) ; LE MONDE CYCLISTE (Organe officiel de l’UCI) ; BUT-et-CLUB LE MIROIR DES SPORTS ; MIROIR-SPRINT ; ROUTE et PISTE.
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François Bonnin, pour STAYER FRANCE
Sources : L’EQUIPE ; THE SYDNEY MORNING HERALD ; L’IMPARTIAL (Presse quotidienne suisse) GAZET VAN ANTWERPEN ; EL MUNDO DEPORTIVO ; VELO 1957 (René Jacobs +, Hector Mahau +) ; LE MONDE CYCLISTE (Organe officiel de l’UCI) ; BUT-et-CLUB LE MIROIR DES SPORTS ; MIROIR-SPRINT ; ROUTE et PISTE.
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WORLD CHAMPIONSHIP ON BICYCLES
(10 Sep 1956) Sport on wheels in Copenhagen, the world championship for motor-paced cycles. The title went to Graham French of Australia. Reg Harris of Brita...
Retrouvez le film de la finale