Valence - Palau vélodrom Luis Puig - 250 m (béton peint)
Qualifications. Les 3 premiers classés de chaque série et le 4ème de la série la plus rapide sont qualifiés pour la finale.
30 Août - 1ère série - 20 km soit 80 tours
Roland Königshofer (AUT) - entr. Karl Igl - les 20 km en 19'51 "04 (moyenne : 60.451km/h; après enquête et vérification, le temps est de 19' 07" 04 (moy. 62.721 km/h)
Ralf Keller (ALL) - entr. Manfred Schmadtke
Sven Harter (ALL) - entr. Christian Dippel - à 1 t
Miguel Riera Vicens (ESP) - entr. Bartolomeu Caldentey - à 2 t
Wim Beirnaert (BEL) - entr : Joseph De Bakker - à 3 t
Adriano Tondini ( ITA) - entr : Gianni Piva - à 3 t
Christian Pierron (FRA) - entr : Claude Larcher - à 5 t
Carsten Podlesch (ALL) - entr. Dieter Durst - les 20 km en 18'33"01 - (moyenne : 64.689 km/h)
David Solari (ITA) - entr. Walter Corradin
Serge Crottier-Combe (FRA) - entr. Alain Maréchal
Vincenzo Colamartino (ITA) - entr. Mauro Valentini - à 1 t
Franz Stolcher (AUT) - entr. Kurt Schneider - à 1 t
Jaime Riera Bassa (ESP) - entr. Antonio Mora Ginaro - à 4 t
Jôrg Wüst (CH) - entr : René Aebi - à 4 t
N.C. : Mario Van Baarle (P-B) - entr. Bruno Walrave : initialement classés 4ème, mise hors course pour être passés à l'intérieur
FINALE - 25 km soit 100 tours
La finale se dispute par addition de points en 2 manches de 25 kilomètres. Dans chacune de ces manches, il est attribué dans l’ordre du classement : 50, 35, 25, 17, 11, 07 et 04 points.
1er Septembre - 1ère manche
Carsten Podlesch (ALL) - entr. Dieter Durst - les 25 km en 22'20"75 (moyenne : 67.126 km/h)
David Solari (ITA) - entr. Walter Corradin
Davide Solari
Ralf Keller (ALL) - entr. Manfred Schmadtke
Roland Königshofer (AUT) - entr. Karl Igl - à 1 t
Vincenzo Colamartino (ITA) - entr. Mauro Valentini - à 2 t
Sven Harter (ALL) entr. Christian Dippel - à 3 t
Serge Crottier-Combe (FRA) - entr. Alain Maréchal - à 3 t
1er Septembre - 2ème manche
Carsten Podlesch (ALL) - entr. Dieter Durst - les 25 km en 22' 34" 50 (moyenne : 66.445 km/h)
Roland Konigshofer
Roland Königshofer (AUT) - entr. Karl Igl
David Solari (ITA) - entr. Walter Corradin (*)
Ralf Keller (ALL) - entr. Manfred Schmadtke - à 1 t
Sven Harter (ALL) - entr. Christian Dippel - à 1 t
Serge Crottier-Combe (FRA) - entr. : Alain Maréchal - à 2 t
La course :Menée dans la première série par Ralf Keller suivi de Carsten Podlesch jusqu'à ce que ce dernier, à 70 tours de l'arrivée, accélère progressivement.
A la huitième minute, Carsten Podlesch prend la tête, menace un temps Solari qui résiste. Impeccablement posé, l'Allemand déferle sur ses concurrents, souverain, tel une mécanique imparable , alors que Solari, qui a réussi à avaler Keller, suit à distance respectueuse, dans l' incapacité d'inquiéter le leader.
A huit tours de la fin, Podlesch accélère. Deux tours plus loin, impavide, il passe en injection une troisième fois le champion de France Crottier-Combe. Puis il dépose un tour plus loin son compatriote Harter et prodigue un dernier coup de pression, comme en se jouant, pour finir sur les talons de tous ses autres concurrents groupés.
Après le père, le fils !
Carsten Podlesch, champion du Monde
Un sujet inépuisable dans le sport que les exemples de fils imitant un père célèbre et prospère et faisant de même sont rares. Un autre exemple a encore été donné en cyclisme à Valence.
Cinq jours avant l'âge de 23 ans, Carsten Podlesch a fait deux fois ce que son père Rainer, âgé alors de 34 et 39 ans avait réalisé : devenir champion du monde des stayers amateurs.
Les deux avaient le même pacemaker : Dieter Durst ,et les deux avaient même un adversaire en commun dans leur carrière : Roland Königshofer, le tenant du titre.
La question était de savoir où était le frère de ce dernier, Thomas. Le nom de Thomas Königshofer était sur la liste des absents des stayers autrichiens. Le frère du double champion du monde, lui-même médaillé de bronze à Lyon en 1989, s'était qualifié pour Valence, mais n’a pas pu prendre le départ car un pacemaker autrichien était malade et donc seulement deux étaient disponibles. Depuis que Franz Stocher a obtenu les meilleurs résultats à l'approche des championnats du monde, devait-on pour autant se passer de la participation de Thomas Königshofer?
Côté allemand, il s'est avéré que la préparation intensive avec cinq courses nationales sur route, de longs entraînements pour père et fils sur 250 kilomètres, la série enchainant championnat d'Allemagne des stayers et la Coupe d'Europe, et l'idée géniale d’appliquer le nouveau le règlement permanent avec les deux finales et l'ordre de départ inversé pour toutes les courses allemandes, a été idéalement planifié et exécuté.
Et c’est le grand mérite de Rainer Podlesch, qui a élaboré et réalisé les plans en tant que formateur spécialisé pour les stayers. professionnels. Il a également aidé et conseillé les amateurs, et était encore plus fier du fait que tous les stayers de R.F.A. aient intégré la finale du championnat du monde au même titre que son fils.
Mais celui-ci était indisposé, une maladie de deux semaines l'avait épuisé. Il n'en avait pas parlé au préalable, pour répandre un optimisme résolu. On a donc dit après-coup, du fait de sa faible avance qu'il s’était aligné en mauvaise condition.
Mais par la suite, Carsten Podlesch a été étonné de la qualité de sa victoire dans ce championnat du monde. Le nouveau système, qui a relativisé l'influence de l'ordre de départ tiré, a fait ses preuves.
En cas d'égalité, le temps de course plus rapide était décisif. Dans la première manche finale remportée par Podlesch, ni Königshofer ni le second, Solari n'ont osé l'attaquer. Avec son entraineur, Durst ils ont tenu ensemble à merveille en finale, et le seul danger pour Carsten Podlesch était la présence des Italiens David Solari et Vincenzo Colamartino, champion du monde en 1988 (déclassé par la suite).
Au début de la deuxième finale, ils ont conjugué leurs efforts sur Carsten Podlesch et tenté de le faire décoller. Mais l'équipe allemande était trop forte, et quand Colamartino et son pacemaker Valentini ont tenté à nouveau de contrarier Podlesch par des manoeuvres irrégulières, ils ont été mis hors-course.
Seul Ralf Keller était attristé. Le Saxon de 29 ans, dernier champion de demi-fond de l’ex-R.D.A. qui a été admis à participer à un championnat du monde pour la première fois, était à la troisième place après la première finale et rêvait de monter sur le podium. Mais il n'a terminé que quatrième dans la deuxième manche et a cédé la médaille de bronze à Königshofer.
Après cela, il était plus important pour Rainer Podlesch de réconforter Ralf Keller que de serrer dans ses bras son fils Carsten. Côté tricolore, si dans la première série, Christian Pierron n’est pas parvenu à se qualifier, le champion de France, Serge Crottier-Combe, piloté par Alain Maréchal a quant à lui réalisé une excellente course dans les qualifications. Se classant troisième de la deuxième série en gagnant de haute lutte son duel contre Colamartino (qui sera repêché au temps) les portes d’une finale des plus relevées lui étaient ouvertes.
Dans le contexte de l'intense duel germano-italien arbitré par le stayer Autrichien, on peut affirmer que le Lyonnais a réalisé deux courses dignes, et que sa présence en finale n'était nullement usurpée.
Laissons à Roland Königshofer, le champion du monde détrôné, le mot de la fin : " Quand je suis arrivé troisième aux Championnats du monde pour la première fois en 1985, j'ai alors remercié pour cette médaille de bronze Rainer Podlesch, qui a "dérangé" les Italiens et les Néerlandais de telle manière que j'en ai profité ". Le seul champion du monde autrichien dans l'histoire du cyclisme a tenu à ce rappel historique avant d'annoncer vouloir sa revanche contre Carsten Podlesch l'année prochaine, en Norvège. Si les stayers sont définitivement autorisés à y être à nouveau...
Car des nuages sombres s'accumulent sur la discipline, jugées par certains membres de l'U.C.I., "obsolète".
La mise à mort se prépare en coulisse...
Sources :
Radsport n° 37 Année 47 09 septembre 1992; Velo93 (Harry Van den Bremt + René Jacobs + )
Interview Serge Crottier-Combe (Stayer France 11 juin 2020); communiqués U.C.I.