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STAYER FRANCE  :  100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE : 100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE ex-STAYER FR est le blog du demi-fond et de l'association FRANCE DEMI-FOND. adresse mèl : fddf@dbmail.com page Facebook : @VANWOORDEN21

Publié le par Oscar de Ramassage
Publié dans : #PALMARES CHAMPIONNAT DU MONDE
CHAMPIONNAT DU MONDE PROFESSIONNELS 1900

 (service d'entraîneurs en tandems à pétrole) 

" Constant Huret "König der Dauerfaher"
 Il était temps. " 

Dimanche 19 Août (3ème et dernière journée des championnats du Monde sur piste) - Boulogne-sur-Seine -  vélodrome du Parc des Princes  - 666.66 m (ciment) 

Ce championnat du Monde est le premier organisé sous l'égide de l'U.C.I. Il se déroule dans le cadre de la grande exposition universelle de Paris.

Seul manque à l'appel le grand stayer américain Harry Elkes, présent en Europe depuis le mois de Février, et dont l'engagement est parvenu trop tard. Le demi-fond sera privé à jamais du choc des titans Huret-Elkes, les deux meilleurs stayers au Monde. 

Quelques jours après le championnat, Elkes regagnera les Etats-Unis, sur fond de désaccord avec la maison qui l'avait engagé et la direction du vélodrome du Parc des Princes. 

Le Français Alphonse Baugé s'est désisté, compte tenu du refus à lui opposé d'utiliser un service d'entraînement par tricycle. Le désastre sportif de l'édition 1900 du championnat de France a de toutes façons sonné le glas des services d'entraînement par tricyles. 

Les grands favoris sont le coriace Français Emile Bouhours, triple champion de France de demi-fond, et les Anglais Chase, champion du Monde 1896, et Walters, vainqueur du Bol d'Or 1899. Mais évidemment le grand Constant Huret est mieux qu'un challenger. 

 

​FINALE DIRECTE  

  1. Constant Huret (FRA) - entr. - les 100 km en 1h 49' 26"
  2. Edouard Taylor (G-B) - entr. Jallabert / Pastaïre - à 1 t 3/4
  3. Emile Bouhours (FRA) - à 9 t - entr. ... ...
  4. Paul Bor (FRA) - à 13 t - entr. ... ... 

N.C. : Thaddäus Robl (ALL) (chute) et Arthur Aldabert Chase (G-B) (ab.) 

N.P. : Joseph Bovy (BEL) suite chute à Anvers; Albert Edward Walters (G-B) suite à insolation  subie le matin même; Alphonse Baugé (FRA) (voir plus haut) 

La course : Six concurrents sont alignés sous une forte chaleur sur la ligne de départ. Taylor, explosif   à son habitude, a pris un départ-canon et s'est vite assuré cinquante mètres d'avance. Bouhours, Chase et Huret en enfilade suivent de leur mieux.

Une panne du tandem de Taylor permet à Bouhours de s'emparer de la première position, alors que Bor souffre du rendement insuffisant de ses tandems. Chase, décevant, paraît déjà à la peine, alors que l'Allemand Robl rapplique dare-dare sur les hommes de tête. Les 10 km en 10'21"4/5. Derrière Bouhours, Robl et Huret sont à la lutte, alors que Taylor effectue un rapproché.  

Thäddaus Robl, avant sa légende

Panne de tandem pour Bouhours, qui perd de son avance, mais à la reprise du tandem de remplacement, " le Normand" repousse l'assaut de Huret, qui "décolle". Derrière, l'éclatement d'un pneu vaut à Robl, qui avait jusqu'ici accompli un course pleine de promesses, une "bûche" fantastique, dans le grand virage, qui le met hors-course. 

Taylor, lui, a sur ces entrefaites passé tout le monde en revue et c'est lui croise en tête aux 20 kilomètres, parcourus en 20' 36" 3/5.  La lutte entre les trois stayers est  somptueuse.

Taylor à la poursuite de Bouhours

Deux kilomètres plus loin, c'est le maillot blanc de Bouhours, rageur à son habitude, qui apparaît le premier au passage devant les tribunes. Il est suivi comme son ombre par celui, grenat et blanc, de Taylor.   Au 30ème kilomètre, Chase, doublé et redoublé quitte la course sur une chute qui sent fort le prétexte. Le grand fondeur anglais n'aura pas pesé une minute sur le cours des évènements.

Edouard Taylor décidemment joue de malchance : il subit coup sur coup la panne consécutive de ses deux tandems. Au 40ème kilomètre, il semble même avoir perdu toute chance, alors que Bouhours et Huret, loin devant lui se livrent une bataille de préséance homérique. C'est à qui hurle à qui mieux-mieux "Allez, allez !" à ses entraîneurs. Constant Huret cède le premier, perd un peu de terrain mais... repasse "le Normand" ! Hélas, son chauffeur a trop poussé la manette sur l'attaque et Bouhours, rageur, le repasse à son tour, fusillant "le Boulanger" du regard. Satisfaction de courte durée : car voilà que c'est maintenant Bouhours qui décroche, sur panne de tandem, et concède un tour à son rival. Les 50 km en 52' 55" 2/5.

Dix kilomètres plus loin, Huret, fort d'un tour d'avance, fonce à plein pétrole vers le titre, alors que Taylor, qui livre une course admirable, a trouvé les ressources pour revenir sur un Bouhours qui accuse maintenant une sérieuse baisse de régime. Les 60 km en 1 h 3' 4" 2/5.

Taylor poursuit sa remontée fantastique. Hélas, elle est brisée net par l'éclatement du pneu de son tandem ! En attendant la rescousse du tandem de secours, il perd 1 tour et demi. Et en même temps   toutes ses chances de devenir champion du Monde ? 

Trente-cinq tours avant la fin, Le « boulanger » voit revenir  Taylor qui, marchant comme un démon,  le dépasse et part à la conquête de son dernier tour de retard ! L’intervalle grandissait "slowly but surely" entre les deux coureurs lorsque tout à coup, patatras, le tandem à pétrole de Taylor fit la cabriole dans le grand virage, laissant seul, désemparé, le petit coureur anglais. Bientôt, Huret, impitoyable, le passera,  l'abandonnant à sa détresse. C'en est fini du suspense que l'effort du merveilleux "Gosse rouge" avait fait renaître.

Cette fois Huret est en piste vers le titre suprême,  un tonnerre d'applaudissements qui le fait renouer avec le public parisien, déçu par ses récentes contre-performances. 

Taylor devra se contenter d'une seconde place terriblement frustrante. La répétition de ses efforts faramineux et de ses navrants déboires mécaniques l'ont certainement privé du titre suprême. Quand Bouhours, dépité d'avoir  perdu son bras de fer avec le roi des courses de fond - devenu en ce dimanche d'été roi du demi-fond  -   aura passé la ligne, on arrêtera la course du quatrième, Paul Bor.

Une course dont la pureté aura tout de même souffert de la multiplication des pannes affectant les tandems d'entraînement, même si la valeur du vainqueur ne saurait souffrir la moindre discussion. 

Constant Huret, à 30 ans, est au sommet de son art. On le savait le roi des fondeurs, après ses 3 victoires au Bol d'Or 1894 1895 1898, son titre de champion de France de fond 1894, son triomphe dans Bordeaux-Paris 1899, ses records du Monde des 6 heures, 100 km, 100 miles,  24 h.

Celui que l'on surnomme "le Boulanger" était le meilleur stayer du Monde. Il en portera désormais enfin le titre. Après son retrait des compétitions, suite à une chute terrible survenue deux ans plus tard sur la piste du Parc des Princes, on ne parlera plus du natif de Messons- le - Loing dans l'Aisne que comme "du plus grand stayer que le monde ait connu".

 

___________________

Sources : 

  • Le Vélo; Cyclette Revue; l'Echo des Sports;
  • Documentation François Bonnin; La Vie au Grand Air
  • compléments d'information Coups de Pédale étude de Guy Crasset et Yvan Bouilly

Patrick Police et François Bonnin, pour STAYER FRANCE 

 

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M
Une toute autre époque.....mais qu'il fait bon de la découvrir ! Merci Patrick Police
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