Mardi 26, Mercredi 27, Jeudi 28 et Dimanche 31 Août - Paris - Vélodrome du Parc des Princes - L. 454.545 mètres l. 7m 50 (ciment rougeâtre anti-réverbération)
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Organisation : Fédération du Sport Cycliste Luxembourgeois.
« Le Parc des Princes, territoire luxembourgeois d’emprunt » comme l’indique le préambule du programme officiel des championnats du Monde sur piste 1952, sous la plume de Mr Paul Wilwertz, président du Comité Olympique et de la Fédération du Sport Cycliste Luxembourgeois.
Le vélodrome de Belair (333,33 mètres en béton) qui pouvait accueillir dix mille spectateurs était voué à la démolition cette même année 1952. Le Luxembourg, pays organisateur, ne dispose alors plus que d’une seule piste, celle de Niederkorn (Ciment, 400 mètres), certes réglementaire et homologuée par l’U.C.I., mais située dans un stade aux dimensions trop modestes pour l’évènement.
En accord avec la direction du Parc des Princes, c’est donc Paris qui offrira un écrin à la mesure de l’évènement, en accordant l’hospitalité à l’organisation luxembourgeoise des championnats du Monde sur piste.
25 stayers (dont 6 remplaçants) sont présents à Paris, représentant 7 nations : Allemagne, Autriche, Belgique, France, Italie, Pays-Bas, Suisse.
Seules la Belgique (Louis Destrobeleire, Willy Michaux), la France (Guy Béthery, Roger Queugnet) et la Suisse (Armin Heimann, Jacques Lohmuller) ont sélectionné des remplaçants.
A noter que le champion d’Autriche, Heïnrich Schiebel, qui cumule, avec la vitesse et la poursuite, les trois titres nationaux sur piste de son pays, ne s’alignera pas derrière les grosses motos, privilégiant le championnat de poursuite. Enfin, le Luxembourg ne sera pas représenté en demi-fond, le prestigieux Mathias Clemens, finaliste de l’épreuve mondiale en 1947, a mis un terme à sa carrière sportive.
Pour l’anecdote, le vétéran Gustav Kilian (44 ans), qui s'illustra
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dans les six-jours (34 victoires, la plupart acquises outre-Atlantique) avant-dernier champion d’Amérique de demi-fond (1940) dont c’est la dernière saison sur les pistes, a retrouvé la nationalité allemande après avoir un temps - pendant les années de mise à l’index de l’Allemagne par l’U.C.I. - pris licence pour le Grand-Duché, où il est né,
Les 18 stayers titulaires ayant confirmé leur engagement sont répartis en 2 séries qualificatives de 9. Les trois premiers de chaque série sont qualifiés pour la finale. Dans le cas où tous les concurrents terminent, la 9ème place est définitivement éliminatoire. Les coureurs ayant abandonné ne seront pas non plus admis à disputer le repêchage, lequel sera en conséquence disputé au maximum par 10 stayers. Les deux premiers du repêchage seront qualifiés pour la finale qui réunira donc 8 stayers.
Cette édition 1952 pourrait marquer un tournant dans l'histoire du demi-fond. En effet, soit " La vieille garde", déjà à pied d'oeuvre avant la guerre, les Lemoine, Lohmann, Michaux et la génération éclose pendant, les Lesueur, Besson, Frosio "gardent la main" sur la spécialité, soit la nouvelle vague - personnifiée par le Belge Adolf Verschueren "Le stayer qui rit" (en fait son rictus dans l'effort) le Suisse Max Meier et le Français Bernard Bouvard les supplante.
LISTE DES PARTICIPANTS ANNONCES (3 participant maximum par nation)
- ALLEMAGNE : Walter Lohmann, Jean Schorn, Gustav Kilian
- AUTRICHE : Heinrich Schiebel, Rudolf Valenta
- BELGIQUE : Louis Destrobeleire, Oscar Goethals, André Leliaert, Willy Michaux, Adolf Verschueren
- FRANCE : Bernard Bouvard, Henri Lemoine, Raoul Lesueur, Guy Béthery, Roger Queugnet
- ITALIE : Guiseppe Martino, Elia Frosio
- PAYS-BAS : Jan Pronk, Cees Bakker, Cor. De Best
- SUISSE : Jacques Besson, Walter Digelmann, Armin Heimann, Jacques Lohmuller; Max Meier
Séries qualificatives
Série 1
- Walter Lohmann (RFA) - entr. Georges Groslimond (CH) - les 100 km en 1 h 22' 21" 1/5
Walter Lohmann, le style. - Jan Pronk (P-B) - entr. Frits Wiersma - à 5 m
- Max Meier (CH) - entr. Alphonse Groslimond - à 40 m
- Walter Digelmann (CH) - entr. Auguste Wambst (FRA) - à 50 m
- Cornelius de Best (P-B) - entr. ... ... - à 220 m
- Guiseppe Martino (ITA) - entr. Émile Vandenbossche (BEL) - à 1 t 60 m
- Gustav Kilian - entr. Jupp Merkens - à 1 t 250 m
- Henri Lemoine (FRA) - entr. Arthur Pasquier à 1 t 300 m
- André Leliaert (BEL) - entr. ... ... - à 1 t 400 m
La course : Les neuf stayers composant la première série du championnat de demi-fond sont alignés. Dans l’ordre : Lohmann, Martino, Leliaert, Diggelmann, Kilian, Pronk, Lemoine, De Best et Meier.
Favorisés par le tirage au sort, les Allemands Lohmann et Kilian s’installent aux deux premières places, bientôt filés par les Néerlandais Pronk et De Best, remparts redoutables contre lesquels Lemoine ne se risque pas d’emblée, tandis que le stayer Belge Leliaert, vice-champion l’an dernier et parti sur une avantageuse troisième position, ne cesse de rétrograder.
Walther Lohmann survole les débats, sur un rythme soutenu et régulier, Diggelmann, Kilian, Martino, De Best, Lemoine, Pronk, Meier et Leliaert à sa suite. Débute alors une course d’attente seulement marquée par une pointe de Pronk qui met Kilian en difficulté, ce dont profite Arthur Pasquier, pour littéralement "déposer" Lemoine en troisième position, derrière Lohmann et Diggelmann.
A la mi-course Lohmann continue un impeccable cavalier seul, sans qu'à aucun moment la bataille ne se soit vraiment déclenchée. "Les glorieux ancêtres" Paillard et Linart, juges-arbitres, veillent en bord de piste à la régularité des débats.
Au 60ème km, Lemoine secoue la monotonie de la ronde en partant vivement à la conquête de la seconde position, dans le même temps que Pronk remonte des profondeurs de la course. Le champion des Pays-Bas passe l’un après l’autre les hommes placés devant lui, De Best, Martino et Diggelmann, flanqué du Suisse Meier.
Lohmann, Lemoine et Pronk les favoris logiques de la série sont à présent aux trois premières places. Mais Diggelmann et Martino n'entendent pas en rester là, le champion d’Italie surtout, qui multiplie les attaques incisives. Sentant le danger, Pronk accélère et, à 78 tours de la fin, déloge Lemoine de la deuxième place. Il reste 35 kilomètres à couvrir et la position de Lemoine, exposé aux assauts conjugués des deux Suisses et de l’Italien, devient vite intenable.
Le champion de France finira par céder devant Diggelmann, et, 6 tours plus loin, devra même laisser Martino le devancer, malgré une résistance désespérée. Il reste alors dix kilomètres au champion d’Italie pour "se refaire", malgré une fin de course endiablée, il devra s’incliner devant le jeune Suisse Meier. Une bataille acharnée s'engage dès lors entre les Suisses Meier et Diggelmann pour la troisième place. Elle tournera finalement à l’avantage de l’espoir sur "l’ancien". Mais Diggelmann, débordé à une dizaine de tours de l’arrivée, aura vendu chèrement sa peau.
Quant à Lemoine, relégué à un tour et également passé par De Best et Kilian, il termine finalement 8ème, cent mètres seulement devant le Belge Leliaert, dernier de la série. Le champion de France a frôlé l’élimination directe !
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L’Allemand Lohmann a gagné la première série de demi-fond au terme d’une course absolument passionnante. En effet même si l'élégant champion allemand a accaparé la tête dès le départ et su la conserver jusqu'au bout en assurant un train supérieur, derrière lui, la bagarre a fait rage jusqu’au bout.
La champion d'Allemagne, à l’issue de sa victoire admettait n’avoir jamais été très inquiété mais considérait que Pronk, le champion sortant, serait l’homme à battre en finale.
Lemoine, lui regrettait amèrement d’avoir attaqué trop tôt, estimant avoir consenti beaucoup trop d’efforts et ne cachant pas son irritation d’avoir failli s’être vu refuser l’accès au repêchage.
Lohmann, Pronk, Meier, représentants de trois générations du demi-fond, se sont tirés d’affaire.
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Quant aux recalés de la série, s'ils devaient courir de la même manière lors du repêchage, le public du Parc des Princes assisteraient alors à un spectacle de toute beauté.
Tous ont prouvé qu’une compétition officielle qualificative, à priori de second ordre, peut se révéler pleine d’intérêt pour peu que tous les concurrents "en veulent".
Série 2
- Adolf Verschueren (BEL) - entr. Maurice Ville (FRA) - les 100 km en 1 h 22' 10" 2/5
- Jacques Besson (CH) - entr. Adolphe Laval (FRA) - à 170 m
- Jean Schorn (RFA) - entr. Jupp Merkens (RFA) - à 320 m
Jean Schorn - Raoul Lesueur (FRA) - entr. Maurice Guérin - à 430 m
- Bernard Bouvard (FRA) - entr. Alexis Blanc-Garin - à 1 t 15 m
- Cees Bakker (P-B) - entr. Albertus De Graaf - à 5 t
N.C. : Elia Frosio (ITA) - Felicien Van Ingelghem (BEL); Rudolf Valenta (AUT) et Oscar Goetals (BEL) (arrêtés à 9 tours de la fin)
La course : Ordre de départs : Bouvard, Lesueur, Besson, Goethals, Frosio, Bakker, Schorn, Valenta, Verschueren. Départ avantageux pour les deux Français, qui se chamaillent dès les premiers kilomètres pour s’assurer le commandement, Lesueur parvenant à ses fins au prix d'une seconde attaque. Derrière, Verschueren, parti de la neuvième et dernière position, remonte les cinq concurrents placés devant lui et au bout de 15 kilomètres, se niche à la troisième place, derrière Lesueur et Bouvard.
Entre le 20ème et le 30ème kilomètre, le champion de Belgique marque une pause, dont profitent Bakker et Valenta pour remonter aux deuxième et quatrième places derrière Lesueur, Bouvard glissant dès lors à la troisième.
Au 35ème kilomètre, Verschueren repart à l’offensive. En l’espace de dix tours, au prix d'un «rush» impressionnant il va laisser sur place Valenta, Bouvard, Bakker et finir par briser la résistance de Lesueur, qui décollera sous la violence de l'assaut.
Et voici le «petit Anversois» en tête de la course après 40 kilomètres devant le Suisse Besson qui a habilement pris en filature le Belge au moment de son attaque. Verschueren, dès lors, se contentera de conserver Besson dans son rétroviseur, alors que Lesueur doit également céder le pas à l’Allemand Schorn.
A la mi-course, "Dolf", solide leader, ouvre la piste devant Besson, Schorn, Lesueur, Bouvard, Bakker, Valenta, Frosio (à 2 tours) et Goethals relégué à 3 tours.
Dès lors, les positions semblent acquises pour les places de finalistes. Bakker doublé, Frosio et Valenta perdent du terrain à la suite d’incidents techniques sur leur moto (crevaison pour l’Italien, panne de moteur pour l’Autrichien).
Lesueur échoue dans ses tentatives pour reprendre la troisième place à Schorn. Au passage des 75 kilomètres les écarts se sont creusés entre les leaders et les poursuivants : Verschueren, Besson, Schorn, Lesueur et Bouvard luttent dans le même tour, Bakker et Valenta à 1 tour, Goethals et Frosio à 3 tours.
A 70 tours de la fin, Verschueren, décidemment insatiable, entreprend de doubler tous ses adversaires. Mais ses suivants immédiats - à l’exception de Bouvard - parviennent à se maintenir dans la même boucle. 43 tours plus loin, Lesueur tente désespérément de déloger Schorn de la troisième place, mais l’Allemand réagit, prenant ses distances avec le double champion du Monde.
Dans les dix derniers kilomètres, Frosio, Goethals et Valenta perdent cinq tours et plus, et sont appelés par le juge-arbitre à quitter la piste , qui les classe sur leurs positions acquises à 4 kilomètres de la fin.
Verschueren parachève son oeuvre par un sprint sensationnel dans les deux derniers tours. Le genre de démonstration qui ne manque pas de faire son effet dans les tribunes et sur la pelouse, et qui laisse à ses adversaires de quoi méditer...
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"Dolf" Verschueren semble avoir fait le premier pas vers la conquête du titre mondial des stayers. Il s'est qualifié sans avoir à fournir de gros efforts, ainsi qu’il en témoignait dans les colonnes de L’Equipe : « Bien que je sois parti en dernière position et que ma mise en train ait été assez longue, j’ai fourni une des courses les plus aisées de ma carrière, je me suis seulement employé lorsqu’il m’a fallu passer Lesueur. J’ai donc terminé sans être éprouvé le moins du monde ».
En forme très régulière depuis la saison d’hiver, courant comme à domicile sur l’anneau rose du Parc des Princes depuis la réunion d'attente du Tour de France du 19 Juillet, "Dolf", de retour sur le ciment parisien, ne paraît avoir eu à entamer son potentiel de réserves. En applaudissant à l'impressionnante victoire du petit «Sinjoor» (*) le public du Parc des Princes n’a pas seulement salué le vainqueur de la série, mais - qui sait ? - le futur champion du monde 1952.
Derrière lui, le Suisse Besson et l'Allemand Schorn se sont qualifiés pour la finale. Besson, satisfait d’en avoir terminé affichait une mine radieuse, et confiait au correspondant du quotidien L’ Equipe : « Lorsque Verschueren a attaqué Lesueur, j’en ai profité pour passer et ensuite je me suis efforcé de rester dans le sillage du Belge, suffisamment loin toutefois pour ne pas être dans son vent. Dans une épreuve où il y a trois qualifiés, la seconde place est de loin la meilleure, car on n’a pas à craindre les attaques directes. »
Jean Schorn s’est qualifié en supplantant Lesueur à la troisième place, sésame pour la finale qu’il défendit ensuite avec succès malgré l’ardeur combative de l'ex- double champion du monde, hélas loin de posséder son punch d’antan. A l’arrivée celui-ci ne décolérait pas : « J’ai fait toute la course "dans le vent". J’avais un braquet pour « enrouler » mais beaucoup trop grand pour répondre à des attaques successives ou pour effectuer d’incessants démarrages. Guérin m’a tiré beaucoup trop sec et lorsque Verschueren m’a poussé, au lieu de me laisser souffler, il m’a relancé trop vite. C’est dommage, car le repêchage va m’obliger à des efforts supplémentaires.»
En outre, Lesueur, ainsi qu’il devait en convenir le lendemain avant de s’aligner dans le repêchage, a sans doute commis l’erreur d’attaquer immédiatement Bouvard parti en tête, au lieu de conserver la deuxième position, la plus favorable en la circonstance. Usant, comme il l’indiquait plus haut, d’un braquet trop grand, cette attaque lui est «restée dans la gorge.»
Par contre, malgré sa malchance, s’étant retrouvé en panne de moto peu après la mi-course au moment de la décision, l’Italien de Paris, ex-double champion du monde, Elia Frosio restait lui optimiste : « Lorsque ma moto a crevé, nous immobilisant, je perdis évidemment plusieurs tours, mais aussi et surtout la cadence. Il y eut également une faute de mon entraîneur de réserve qui voulut passer à la corde. J’ai eu peur, je ne l’ai pas suivi et j’ai quitté le sillage de la moto. Maintenant, pour tout vous avouer, je manque encore de distance, et la petite séance de ce soir m’aura excellemment préparé pour le repêchage. »
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Lesueur et Bouvard devront donc passer par ce repêchage, où ils retrouveront Lemoine et ce sera l’épreuve de vérité pour les trois Français et les deux Italiens Martino et Frosio, qui en seront les acteurs les plus en vue avec le Suisse Diggelmann
(*) «Sinjoor» : surnom des habitants d’Anvers.
Après délibération entre les commissaires et les juges-arbitres du demi-fond , le repêchage qualifiera 3 stayers pour la finale de dimanche, au lieu de 2 comme annoncé initialement.
Il réunira Diggelmann (Suisse), Bakker et De Best (Pays-Bas) Martino et Frosio (Italie), Kilian (Allemagne), Bouvard, Lemoine Lesueur (France) et Goethals (Belgique) soit dix coureurs - le maximum possible - aucun concurrent n’ayant abandonné en série.
Le Belge Leliaert et l’Autrichien Valenta, classés 9ème de leur série, sont définitivement éliminés (Valenta était le dernier du cortège au moment où Paillard et Linart firent descendre les attardés quatre kilomètres avant la fin de la seconde série)
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Ces séries auront démontré que le champion du Monde 1937, Walter Lohmann, à quarante-et-un ans bien sonnés, a de beaux restes, à l'évidence. Elles auront aussi mis en évidence la forme éblouissante du Belge Verschueren, qui signe au passage un temps inférieur de onze secondes à celui de Lohmann. Enfin, elles auront été une véritable débâcle pour les stayers français - tous recalés - qui " jouaient à domicile".
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Repêchage
- Henri Lemoine - entr. Arthur Pasquier - les 100 km en 1 h 12 ' 31"
Lemoine et Lesueur sauvés des eaux - Raoul Lesueur - entr. Maurice Guérin - à 1 t et 150 m
- Walter Digelmann (CH) - entr. Auguste Wambst (FRA) - à 3 t 440 m
- Elia Frosio (ITA) - Felicien Van Ingelghem (BEL) - à 4 t 410 m
- Bernard Bouvard (FRA) - entr. Alexis Blanc-Garin - à 5 t 230 M
- Cees Bakker (P-B) - entr. Albertus De Graaf - à 7 t 350 m
- Gustav Kilian (ALL) - entr. Jupp Merkens - à 8 t 350 m
La course : Ordre de départ Kilian, Frosio, De Best, Goethals, Diggelman, Bakker, Bouvard, Lemoine Martino et Lesueur.
Parti le dernier, Lesueur monte lentement en puissance, améliorant rapidement sa position. Au quarantième tour, il se retrouve bon troisième derrière Diggelmann et Frosio, lesquels ont dans l’intervalle évincé Kilian et De Best. Après un temps de récupération, le Niçois passe en tête au sprint, débordant alors Lemoine qui, de son côté, a également accompli une remontée sans faute. Aux 25 kilomètres Lemoine s'enhardit à attaquerson compatriote et vers le 70ème tour, s'empare à son tour du commandement.
Après 30 kilomètres. le classement s'établit comme suit : Lemoine, Lesueur, Frosio, Martino, Diggelman, Kilian, Bouvard, Bakker, tous dans le même tour. De Best à 1 tour, Goethals à 3 tours. Le rugueux hollandais Bakker bientôt doublé, on se prend à craindre à cet instant que les Français ne reprennent leur lutte fratricide, car Bouvard ferme la marche et Arthur Pasquier conduit Lemoine sur lui. Mais le champion de France met un frein à l’ardeur de son pacemaker, ce qui permet à Bouvard de se dégager quelque peu.
A l’approche de la mi-course, Lemoine reste solide leader, Lesueur, en seconde position, résistant fort bien aux assauts conjugués de Martino et de Frosio. La cote des stayers tricolores remonte sérieusement. Après les 50 kilomètres, il ne reste plus que cinq coureurs dans le même tour : Lemoine, Lesueur, Martino, Diggelmann et Bouvard. Frosio et Bakker campent à 1 tour, De Best à 3 tours, Kilian à 5 et Goethals à 7.
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Lemoine va alors indirectement faciliter la tâche de Lesueur, toujours talonné par Martino et Diggelmann. Dans son allure des grands jours, l’ancien roi de l’omnium force le rythme dans le but de prendre un tour à tout le monde. La brèche ouverte, Lesueur n’a plus qu’à suivre. Le trou est fait. Dès lors, seule la troisième place restera en jeu. Elle ne met bientôt plus aux prises, que Diggelmann et Bouvard (à un tour), Frosio, Martino, De Bakker se retrouvant à deux, quatre tours et plus.
Aux alentours du 70ème km, Bouvard revient à 50 mètres de Diggelmann mais, au bout de son rapproché, décolle. Ce duel a tout de même éprouvé Diggelmann, qui se retrouve doublé par les leaders. Derrière, le ménage se fait : Goethals, déjà à 12 tours, est arrêté, tout comme Martino et De Best, leur retard étant trop élevé.
Au passage des 75 kilomètres Lemoine précède Lesueur, Frosio a entretemps pris la troisième place et suit à 1 tour, Diggelmann à 2 tours mais intercalé entre les leaders et l’Italien. Bouvard joue sa dernière carte en attaquant Frosio, en vain.
Dans les 25 derniers kilomètres plus rien ne se passe. Lemoine déroule toujours à un train fantastique, et se permet même de doubler, comme ça, "pour la galerie", son compatriote Lesueur. Derrière, Frosio et Diggelmann bataillent pour la troisième et dernière place de finaliste, qui sera finalement l’apanage du Suisse.
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Eclatante revanche des deux "monstres sacrés" du demi-fond français, Henri Lemoine et Raoul Lesueur. Il faut saluer la performance admirable d'Henri Lemoine qui, à 43 ans, réalise un temps sidéral (certes réalisé en nocturne), inférieur de près de dix minutes à celui du Belge Verschueren ! (1 h 12' 31" aux 100 kilomètres, Lohmann (1 h 22' 21") et Verschueren (1 h 22' 10"). Avec la qualification de Lesueur et Diggelmann revenus à leur niveau, il devient clair que la "vieille garde" ne se rendra pas sans combattre.
Les stayers tricolores ont donc pris une éclatante revanche, qu'on pensa même à 50 tours de la fin possiblement complète. Dans un sprint éperdu, Bouvard avait en effet comblé 150 des 200 mètres le séparant du Suisse Diggelmann. Mais l’effort avait été trop violent pour le poulain de Blanc-Garin...
FINALE (220 tours)
- Adolf Verschueren (BEL) - entr. Maurice Ville (FRA) - les 100 km en 1 h 20' 49" 1/5
- Walter Lohmann (RFA) - entr. Georges Groslimond (CH) - à 35 m
- Henri Lemoine (FRA) - entr. Arthur Pasquier - à 45 m
- Walter Digelmann (CH) - entr. Auguste Wambst (FRA) - à 70 m
- Max Meier (CH) - entr. Alphonse Groslimond - à 100 m
- Jan Pronk (P-B) - entr. Frits Wiersma - à 125 m
- Raoul Lesueur (FRA) - entr. Maurice Guérin - à 400 m
- Jacques Besson (CH) - entr. Adolphe Laval (FRA) - à 1 t
N.C. : Jean Shorn (ALL) entr. Jupp Merkens. Accusant deux tours de retard au 80ème kilomètre, il est retiré de la course par l'arbitre, l'ancien double champion du Monde Georges Paillard.
La course : Dernier après-midi des championnats du Monde. Près de 30 000 spectateurs ont investi les différentes enceintes du Parc des Princes pour assister à la finale du demi-fond. Les neuf finalistes s’alignent dans l’ordre suivant : Besson, Meier, Schorn, Lesueur, Pronk, Diggelmann, Lemoine, Lohmann et Verschueren.
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Dès le coup de pistolet, Besson file éperdument, suivi de Schorn et Lesueur. Au 5ème tour, Lesueur est le premier sur les talons du Suisse, mais Besson, qui a devant lui le champ libre, reprend rapidement ses distances sur le Niçois.
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Voyant cela, ce dernier n’insiste pas outre mesure. Pendant ce temps, Verschueren, parti en boulet de canon de la neuvième et dernière position a amorcé une époustouflante remontée.
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Au bout de 15 tours, il menace déjà un Besson surpris de le voir rappliqué de sitôt.
Là, le champion de Belgique va accentuer sa pression sur le stayer helvète. Besson aura beau le faire « voyager » dans un virage, et lui interdire le passage trois tours durant, il devra lui céder le commandement au 35ème tour.
" A partir de maintenant, Adolf Verschueren devra repousser 1001 attaques ", dixit le Gazet Van Anwerpen. Eh oui, le stayer anversois a fait le choix de s'exposer tôt dans la course aux coups de ses adversaires. Dés lors, ce sera le combat de " Dolf " contre tous.
Lesueur et Diggelmann s'emploient d'ailleurs sans tarder à mettre la formule en pratique, alors que Schorn et Lohmann vont eux s’ingénier à «arrêter» le nouveau leader, en se laissant glisser à l'arrière. Mais Verschueren réussit l'exploit de rester inapprochable aux attaques tout en étant impossible à "arrêter". Pendant ce temps, Lemoine, qui s’est mis progressivement en action, vient occuper brièvement la seconde place, le temps d'une offensive avortée qui le verra vite rentrer dans le rang, Lesueur et Diggelmann le "déposant" au passage.
Au 35ème kilomètre, les positions sont les suivantes : Verschueren Lemoine, Lesueur, Diggelmann, Meier, Pronk, Besson et Lohmann, Schorn, tous dans le tour. La course se déroule à un rythme insensé, sans temps mort aucun.
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.Juste avant les 50 kilomètres Diggelmann monte en seconde position, et de là, s'en va à la chasse au Verschueren. Le temps pour lui de prendre un fameux coup de vent de la part de l'équipage franco-belge et le voilà descendu en troisième position, comme tiré par une main invisible.
Après 150 tours Verschueren mène toujours en forcené la ronde infernale, suivi de Lesueur, Besson, Pronk, Lemoine, Meier, Diggelmann et Lohmann. Schorn, sur le point de perdre un second tour, fermant la marche.
C'est à ce moment que l'on se rappelle qu' un coureur nommé Walter Lohmann hante bien la piste, et qu'il émarge à la catégorie des favoris. L'altier champion germanique a jusqu'ici choisi d'oeuvrer dans la discrétion, égaré dans un rôle de serre-file furtif indigne de son rang.
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Il reste 105 tours à accomplir, et c'est Meier qui maintenant est envoyé au charbon pour le compte des Confédérés.
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Mais aux 75 kilomètres de course le Suisse en est toujours à tamponner un mur invisible, à vingt mètres d'un Verschueren qui ne cède rien, Lesueur Lemoine, Lohmann, Besson, et Pronk, Diggelmann à 420 mètres suivant comme ils le peuvent.
Lesueur et Besson prennent bientôt la relève du Suisse, relayés par Lemoine et encore l'infatigable Meier. On assaille maintenant à qui mieux-mieux le leader mais celui-ci, pourtant gêné par la présence de Schorn en position de portier (pour préparer le terrain à son compatriote Lohmann ?) ne cède rien.
Voici venu pour le juge-arbitre, Paillard le moment de prendre une décision judicieuse : il fait descendre le second coureur Allemand, lequel n’était plus dans le jeu, afin d’assurer la parfaite régularité du championnat... Pas question de rejouer Ordrup1937 au Parc des Princes.
Rapport de cause à effet ? A 40 tours de la fin, Walter Lohmann laisse enfin là ses travaux de bétonnage et consent enfin à s'intéresser aux débats. Mais alors là, pardon, il ne va pas faire dans la demi-mesure. Le voilà parti dans un raid de grand standing. Style impeccable, coup de pédale onctueux, il entame une remontée fantastique. 13 tours plus loin, l'obstiné Max Meier jette ses dernières forces, pour une nouvelle fois s'écraser sur les remous du tandem Ville / Verschueren. A 20 tours de la fin, voici Lemoine qui s'y colle une nouvelle fois. Même punition, même motif.
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Agacé par ces piques incessantes, le champion de Belgique repart en injection, comme si la course ne faisait que commencer ! Mais c'est vrai qu'il y a danger.
Car sur ses arrières, Lohmann rapplique de l'arrière, plein gaz. A 17 tours de l'arrivée, il a déposé le Suisse Meier, rapinant ainsi une deuxième position qui ne lui aura coûté que le minimum. L ’Allemand a enfin "lâché les chevaux", et fond, façon rapace, à grands coups de tours cadencés à 19"4/5 sur le champion de Belgique.
Le natif de Bochum prolonge son action mais ne reprend pas un atome de l'écart qui le sépare de Verschueren. Encore quelques ronds en survitesse et le voilà décollant, un peu écoeuré, du sillage de la moto de Groslimond. Rien à faire Herr Lohmann, Verschueren est ina-ppro-chable.
Pronk de son côté a suivi l’ Allemand. Il en a profité pour «sauter» Meier, Besson et Lemoine, mais comme les autres il vient "s'écraser" dans les remous de l'équipage de tête. Renouveler son titre est aujourd'hui au dessus de ses forces.
La fin de la course part alors en folie, les attaques fusent de toutes parts. C’est maintenant au tour de Besson de jouer son va-tout, comme catapulté de sa troisième position. Mais lui aussi vient s'abîmer dans les remous freinants distillés par l'équipage Ville / Verschueren. Quand il laissera là l'affaire, le coeur sur les lèvres, il n'aura pas pu reprendre un centimètre sur le tandem infernal... Dans les cinq derniers tours, dévasté par son effort, il voit défiler ses adversaires les uns après les autres. Quelle importance ? Pour lui, c'était le titre, ou rien.
... Un Suisse chasse l'autre, et Walter Diggelmann, à dix tours de l'arrivée, engage un ultime baroud. Mais peine perdue... Le champion de Belgique a "vu venir" et a répondu du tac au tac.
Il ne restera plus personne à challenger pour "Dolf", seulement à maîtriser à distance Lohmann et Lemoine qui, tout à leur lutte enragée pour la seconde place, dépassent chemin faisant les ô combien valeureux Suisses Diggelmann et Meier, au bout de leur rouleau, et on les comprend.
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Finalement, Lohmann conservera dans la douleur son accessit au petit pied, Lemoine accroché comme un dogue à son cuissard, teigneux jusqu'au dernière mètre.
Cette finale aura été d’une pureté totale, qui doit beaucoup à la maitrise rayonnante d'Adolf Verschueren, entraîné par Maurice Ville.
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Temps de passages : Besson 10 km en 08'18"3/5. Verschueren 20 km en 16'21"2/5, 30 km en 24'18"1/5, 40 km en 32'26"4/5, 50 km en 40'40"2/5, 60 km en 48'45"3/5, 70 km en 57'05"3/5, 80 km en 1h 05'05"3/5; 90 km en 1h 13'06"1/5.
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Quelle course ! Quels champions ! Sept concurrents dans le même tour ! "La vieille garde" des Lohmann, Lemoine, Lesueur, Diggelmann, tous pré ou post quarantenaires, a fait de la résistance sur la piste du Parc des Princes, une résistance tout à fait admirable.
Pour Raoul Lesueur, ce championnat du Monde marquera la fin d'une aventure débutée à l'hiver 1938, au cours de laquelle il aura remporté par deux fois (1947, 1950) le titre suprême, tout en échouant dans la quête d'un maillot tricolore. "Le métier ne paie plus assez", déclarera-t'il. Mais un champion chasse l'autre et la maîtrise affichée par Adolf Verschueren a peut-être précipité sa retraite, qui sait ?...
... car une page s'est tournée pour toujours avec l'avènement d'Adolf Verschueren, dont la victoire apparaît comme une chance de renouveau pour le demi-fond.
25 ans après le dernier sacre mondial de Victor Linart, la Belgique a enfin trouvé son digne successeur, et le demi-fond un second souffle.
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Verschueren, stayer mondial numéro 1
Le citoyen de Wyneghem près d'Anvers, sur la brèche depuis 1943, s'est vite imposé dans son pays, devenant champion national des stayers en 1950, après avoir récolté maintes places d'honneur sur la route (Paris-Roubaix 1947 et 1948, Liège-Bastogne-Liège 1949)
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C'est le triomphe d’un garçon qui éclatait de rire (en fait son rictus pendant l'effort) à chaque fois que dans son sillage un adversaire capitulait. On peut donc dire que Dolf Verschueren a gagné son championnat du monde " avec le sourire ". Et puis, pour la petite histoire, "Dolf" tenait à ce maillot de champion du Monde, pour célébrer son sixième anniversaire de mariage.
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A l’arrivée le nouveau porteur du maillot arc-en-ciel du demi-fond déclarait volontiers « Ce fut pour moi une course facile. Je dus m’employer pour venir en tête et surtout pour passer Besson. Ensuite, je me suis accroché pour résister aux assauts de Lesueur ou de Lohmann mais la course se déroula dans les meilleures conditions que je pouvais souhaiter »
Il n’y avait pas moyen d’arriver seulement à la hauteur de l'Anversois, et il apparut qu’il n’était matériellement pas possible de le battre. Pourtant, les attaques n’ont pas manqué ! Mais le Belge tournait à une allure si rapide et si régulière qu’il n’a jamais été possible pour ses adversaires de l’approcher dangereusement.
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Au départ, Verschueren se méfiait surtout de Pronk et de Lemoine, mais c’est Lesueur qui a réalisé la meilleure attaque en parvenant à un moment à 4 mètres du leader. De l’avis général, le Niçois fut vraiment son seul véritable adversaire. Il a fait la plus forte impression en raison de sa combativité mais s’est bien sûr usé sur ses tentatives et a ensuite perdu du terrain.
Lohmann, étouffé par le train soutenu imposé par le leader aurait souhaité l’attaquer plus tôt. Il tenta le tout pour le tout sur la fin en engageant une brillante remontée dans les 20 derniers kilomètres mais lui aussi ne put parvenir jusqu’à Verschueren. L’Allemand terminait d'ailleurs épuisé et il fallut le soutenir à se descente de machine.
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Lemoine, de même, regrettait de ne pas avoir porté son attaque plus tôt. Mis en échec une première fois avant la mi-course par le champion de Belgique, il se heurta à 20 tours de la fin à la résistance de Lohmann qui, défendant farouchement sa seconde place, le "bouchonnait", l'empêchant de poursuivre son assaut jusqu’à l’homme de tête. Verschueren, hors d’atteinte, avait alors course gagnée et Lemoine s’employait dès lors au maximum pour battre Lohmann. Mais il était trop tard et le champion de France échouait à conquérir une seconde place qui aurait été pour lui un lot de consolation.
Les "Confédérés" Besson, Meier et Diggelmann auront accompli une course admirable. Hélas, ils n'auront vraiment pas été payé de leurs efforts.
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Besson avait tiré le numéro 1 et a mené résolument pendant les dix premiers kilomètres, mais il a été passé irrémédiablement par Verschueren au 35ème tour, non sans lui avoir farouchement résisté.
Après l’arrivée, il déclarait, déçu, n’avoir jamais récupéré de cet effort violent. Max Meier et Walter Diggelmann n'auront quant à eux pas été en reste et ont contribué à rendre captivante une course que la domination d'Adolf Verschueren aurait pu rendre monotone.
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Il y avait longtemps que la Belgique n’avait présenté un stayer de la classe du nouveau champion du monde.
Les débuts de l’Anversois dans la spécialité remontent à l’année 1949. Concitoyen de l’inoubliable Karel Verbist, qui devait se tuer en course quarante ans plus tôt le jour de la fête nationale, il avait accompli une fameuse saison 1947 en qualité de routier. Meilleur grimpeur du Tour de Belgique, une deuxième place
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à Paris-Roubaix (après s’être sacrifié au profit de son coéquipier Claes) et une course héroïque dans un Bordeaux-Paris de légende, vaincu par la chaleur alors qu’il était en tête. Ses exploits dans les classiques avec une deuxième place dans Liège-Bastogne-Liège1949, ou encore sa victoire dans l’étape de Berne du tour de Suisse 1949 avec 12’ d’avance en font un des meilleurs routiers belges de la fin des années quarante. A une époque où la concurrence est rude sur la route (et comment !), la piste lui apparait comme mieux à même de mettre ses qualités en valeur. Impressionné par son mordant, les intimes du Belge, lui conseillèrent de tenter sa chance en demi-fond. Et pour ses débuts derrière motos commerciales "Dolf" trusta les victoires.
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Modeste et appliqué, Verschueren s’en remit à l’ancien double champion du monde sur route Georges Ronsse, devenu stayer, puis entraîneur, quand il commença à rouler derrière les grosses motos.
A 30 ans, le stayer anversois a remporté aisément ce titre sur lequel il avait pris une option au vu de son ascension foudroyante. Une ascension qui doit beaucoup à son association avec Maurice Ville. On rappellera que ce dernier fut en son temps un des plus beaux espoirs routiers Français. Maurice Ville, compagnon d’Henri et de Francis Pélissier, était à leurs côtés le troisième homme du fameux abandon du tour de France 1924 et de l’interview du grand journaliste Albert Londres qui découvrit dans le « bistrot fatal d’Avranches » les « forçats de la route.»
Devenu pacemaker, le « troisième homme du bistrot fatal » a trouvé en "Dolf" Verschueren - une décennie après le grand Erich Metze qu'il avait drivé avant-guerre - le champion de ses rêves, qu’il a déjà conduit à son troisième titre consécutif de champion de Belgique le 15 juin sur le piste de Liège-Rocourt.
Le demi-fond possède donc à présent un beau champion. Il reste à savoir comment il se comportera désormais et s’il conservera cette forme qui le situait au dessus de ses ainés.
Les années à suivre confirmeront largement ce souhait, car ce dimanche d'été 1952, c'est un règne qui a commencé...
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NOTA Les noms des entraîneurs ne sont pas indiqués sur le programme officiel des championnats du monde. La presse française (L’Equipe, Route et Piste) a donné la liste des entraineurs uniquement pour les 9 finalistes. Malgré d’intenses recherches , six entraineurs n’ont pu être identifiés.
Etude François Bonnin
Apports Patrick Police
Sources :
- Paris-Presse; Route & Piste; Miroir Sprint; But & Club; Soir Illustré Audenarde; Combat; Paris-Presse; L'Equipe (Collections de la BNF) consulté le 10/08/2022 pour Stayer France
- le programme officiel des championnats du monde sur piste 1952 (Fond personnel FB)
- Apports documentation photos Michel Dargenton et Guy Crasset
- Livre : " L'Equipée belle" de Jacques Goddet
- (Internet : krantenarchief concentra.be) Gazet Van Antwerpen
- Presse quotidienne suisse Bibliothèque numérique rero.ch) L’Impartial
- site internet Mémoire du Cyclisme http://memoire-du-cyclisme.eu/
Patrick Police et François Bonnin pour STAYER FRANCE
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