CHAMPIONNATS DU MONDE PROFESSIONNELS 1907

CHAMPIONNAT DU MONDE PROFESSIONNELS 1907

100 km derrière grosses motocyclettes sans coupe-vent avec rouleau à 20 cm

Louis Darragon au dessus du lot

Dimanche 7 Juillet - Paris-Vélodrome du Parc des Princes  - 666.66 m (ciment)

Initialement prévu pour se dérouler le 30 Juin, il est reporté au dimanche suivant compte tenu des intempéries.

Le stayer allemand Rosenloecher est interdit de départ par l’U.C.I., tout comme l’entraîneur Franz Hoffmann, mais finalement le premier nommé participera à l’épreuve.

Les coureurs Bruni (ITA) et Nat Butler (EUA) ne seront pas au départ, devant courir en Allemagne, idem pour Tommy Hall (G-B) tenu de courir quant à lui au vélodrome de Lambersart. Finalement, Hall se présentera au départ, mais, en l’absence d’entraîneur, ne prendra pas part à la course. Enfin, deux absences de marque :  Robert Walthour, resté courir aux Etats-Unis, et Maurice Bardonneau, champion du Monde amateur 1906, qui, annoncé partant la veille, ne se présentera pas au départ.

Les coureurs sont disposés en ligne deux par deux les  uns derrière les autres sur la ligne de départ, les motos devant les prendre postées derrière au bout de la ligne droite. 

FINALE - 14 h 40

1. Louis Darragon (FRA) – entr. Claude André (BEL) – les 100 km en 1h 18’23’’2/5
2. Karel Verbist (BEL) – entr. Constant Ceuremans  – à 3t ½
3. Georges Parent(FRA) – entr.  – à 5t ½
4. Antoine Dussot (FRA) – entr. Caudrilliers – à 9t
5. Georges Lorgeou (FRA) – entr. Dancart  – à 11t
6. Kurt Rosenloecher (ALL) – entr.  - à 49 t

(Ab.) – Albert Edouard Wills (G-B) (arrêté)

Autres entraîneurs annoncés : Fossier, Lautier, Bannes. 

La course : 15 à 16 000 spectateurs pour assister à la dernière journée des championnats du Monde sur piste, sous un temps splendide.

Dès le départ, Darragon part en tête. Il ne sera jamais dépassé au cours des cent kilomètres à venir, alors que l'Anglais Wills a pris le départ sans motocyclette.

Dès le septième tour, celui que l'on surnomme "l'Archevêque de Grenelle" double Dussot et Rosenloecher.

Darragon passe Dussot

Derrière, Dussot accélère et dépasse Verbist, puis Lorgeou pour venir finalement buter sur Parent. Les 10 km en 8’ 1’’ 1/5. A ce moment de la course, seuls Parent et Dussot ont su résister à la tornade  Darragon, magistralement drivé par le maître-entraîneur Claude André.

Pendant ce temps, le stayer anglais Wills roule misérablement seul sur la piste, faute d'entraîneur.  Ce n’est qu’au vingtième tour que Darragon réussira à doubler Parent. Au vingtième kilomètre, accompli en 15’36’’4/5, les  positions sont les suivantes : Darragon en tête ; Parent, Dussot et Verbist à un tour, Lorgeou et Rosenloecher déjà à 5 ! 

Au 26ème tour, Dussot ravit la seconde place à Parent, alors que Verbist en profite pour doubler ce dernier, puis Dussot !

Ce dernier, découragé, se laisse alors dépasser par Parent, et ne pèsera plus dans la suite des évènements. Les 40 km en 30’56’’1/5,  Verbist, solide second est déjà à 3 tours de l’homme de tête.

Les 50km en 38’50’’ : tous les records établis par le stayer amateur Leon Meredith – et pour cause, ces records ne sont reconnus par l’U.C.I. que depuis les championnats du Monde amateurs disputés la semaine dernière – sont battus. 60 km en 46’ 40’’ 1/5, 70 en 54’ 26’’. Darragon est suivi de Verbist et Parent à tris tours et Dussot à quatre. 

Au soixante-quinzième kilomètre, Parent, au prix d’une violente accélération accomplie « plein extérieur », double Verbist et part à la recherche de son tour perdu sur le Belge. 77.035km dans l’heure !

Les 80 km sont réalisés en 1h 2’ 21’’, Darragon et André ouvrent la piste sans désemparer, le champion de France paraît intouchable.

Aux 90 kilomètres, passés en 1 h 10’, Verbist produit une sérieuse accélération, imité par Parent. 

C'est le commencement d'un long bras de fer entre les deux hommes, qui sera remporté par le grand espoir Belge, qui reprendra son tour d’avance au terme de la formidable lutte, alors que pendant ce temps l’on relève l’abandon du stayer allemand Rosenloecher, qui aura tout à fait déçu.

Quand Darragon aura achevé son périple triomphal, les brillantes prestations des jeunes  Verbist (24 ans) et Parent (22 ans) n'auront pas

Karel Verbist, le grand espoir belge trouvera la mort en piste deux années plus tard

échappé au public et aux observateurs, qui comprennent ce jour-là que la discipline s'est enrichie de deux fameux spécialistes. 

Tour d’honneur et vibrante « Marseillaise » exécutée par la fanfare du 31ème de ligne : c'est pour Darragon un second titre de champion du Monde, acquis cette fois sans discussion possible.

Ce championnat du Monde aura été celui de la fiabilité mécanique, aucune panne n'ayant été à déplorer pendant la course. Le demi-fond entre enfin dans l'âge de la maturité. 

L'ombrageux champion vichyssois, âgé de 27 ans,   confirme son statut de meilleur stayer du monde, attesté tout au long de la saison par ses victoires contre tous les stayers à lui opposés, y compris « l’imbattable » ex-double champion du Monde, l’Américain Robert Walthour.

Mais quelle part peut-on attribuer dans son succès à André, son maître-entraîneur ? Une réponse sera apportée dès l'année suivante... 

Sources :

• Le Journal; Le Petit Parisien; L’Auto; La Vie au Grand Air; L'Echo des Sports; Gil Blas; L'Humanité; Le Petit Journal: Armes & Sport
• site internet  http://memoire-du-cyclisme.eu/

Patrick Police, pour STAYER FRANCE