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STAYER FRANCE  :  100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE : 100 % demi-fond et derny - depuis 2005 au service du demi-fond et du derny

STAYER FRANCE ex-STAYER FR est le blog du demi-fond et de l'association FRANCE DEMI-FOND. adresse mèl : fddf@dbmail.com page Facebook : @VANWOORDEN21

Publié le par Oscar de Ramassage
Publié dans : #PALMARES CHAMPIONNAT DU MONDE
CHAMPIONNAT DU MONDE   1932
" Comment j'ai gagné le championnat du Monde ?...
... De mon mieux ! "  

Samedi 27 (qualifications) Dimanche 28 Août (finale reportée cause intempéries) Lundi 29 Août (finale)       Rome   Stadio Nazionale  - 397 m (bois) 

 
  • Organisation Union Vélocipédique Italienne. 
  • Un nouveau point de règlement a été  instauré le matin même des séries par l'U.C.I. pour ce championnat du Monde : tout coureur dépassé de plus de deux tours ne pourra plus que faire la course "vers l'avant". Interdiction pour lui "d'arrêter" en l'attendant un coureur qui le double. 
  • La piste du stade National de Rome est une installation provisoire, qui sera démontée après les épreuves du championnat du Monde sur piste.  Livrée à la course le 27 Août, elle sera démontée dès le 5 Septembre. " Cette piste n'est pas faite du tout pour le demi-fond " déclare Victor Linart. "Les virages sont trop courts, on est obligé de s'écarter de la corde. Je regardais Paillard tourner tout à l'heure. Il était à un mètre des balustrades et la moto de Guérin sautillait..."
  • Chaque nation peut engager deux coureurs. Le tenant du titre, Walter Sawall, le Français Paillard - vainqueur de 12 des 16 courses qu'il a disputées depuis le début de la saison - et l'Allemand Moeller apparaissent comme les favoris. Les chances de Charles Lacquehay, diminué par la "blessure du stayer" sont elles bien minces. A l'entraînement, Sawall et Paillard ont rivalisé d'esbrouffe, le Français accomplissant le tour en 15" 4/5 (soit 95 km/h !) 
  • "Je vous assure que Sawall ne sera pas champion du Monde cette année", déclare à qui veut l'entendre Victor Linart, qui nourrit une solide inimitié envers l'Allemand. 
  • Par ailleurs, l'Espagnol Prieto, pourtant engagé, ne participera pas à l'épreuve. Béla Szekeres (HON) et Hans-Niklas Morssing (SUE)  non-partants,
    leurs entraîneurs  n’étant pas arrivés, ou, en ce qui concerne le Suédois, n' ayant pu trouvé sur place. Outré de se voir refuser le départ, Morssing fit retirer le drapeau suédois qui flottait à un mât du Stadio.
  • Enfin, il est à noter que les entraîneurs courront avec les costumes du Parc des Princes. 
L'Italien Gay et son impressionnant matériel

Séries qualificatives  

 

1ère série - 20 h 15 (252 tours)
  1. Walter Sawall (ALL) -  entr.  Georges Groslimond (CH) - les 100 km en 1 h 22' 4" (moy. 73.022 km/h)

     

  2. Victor Linart (BEL) -  entr.  Arthur Pasquier (FRA) - à 80 m - les 100 km en 1 h 22' 9" 3/5
  3. Charles Lacquehay (FRA) -  entr. Marcel Besson - à 90 m - les 100 km en 1 heure 22' 10'’ 4/5.
  4. Alfred Ruegg (CH) entr. - Hans Engeli à 2 t 110 m 

N.C. : John Schlebaum (P-B) entr. Albert Käser (ALL) (ab. 202ème tour) et Federico Gay (ITA) entr. Léon Parisot (FRA) (ab. 212ème tour sur panne de moto) 

N.P : Le Hongrois Szekeres n’a pas pris le départ car son entraîneur n'est pas arrivé.

Ruegg et Gay

 

La course :  1 500 spectateurs seulement. Le demi-fond ne fait pas recette en Italie, à l'évidence.  Le tenant du titre Sawall occupe dès le second tour la tête de la course, suivi de Linart et Lacquehay, qui ne lui ont opposé aucune résistance lors de leur dépassement. Au vingtième tour les positions sont les suivantes : Linart, Lacquehay, Sawall, Ruegg, Gay, Schelbaum.    Les changements se produisent au tour suivant. Linart double Gay et Schelbaum et dépasse Sawall. Gay passe alors en dernière position. Ensuite, c’est une rude attaque de Sawall qui passe premier devant Linart, Lacquehay et Schelbaum. Au cinquantième tour, Gay et Ruegg sont doublés. Sawall attaque à nouveau Gay et le dépasse. Une tentative audacieuse de Schlebaum pour dépasser Lacquehay échoue, le Néerlandais perd du terrain.

Le combat est sans quartier et Linart tente de rattraper Sawall. Mais l’Allemand résiste en milieu de course et gagne à nouveau du terrain sur Gay qui se fait  double à nouveau... Au centième tour, Sawall est toujours en tête, suivi de Linart, Lacquehay, Schelbaum, Ruegg et Gay. Une nouvelle offensive de Linart sur Sawall est éventée mais le champion belge s'est rapproché, tandis que toutes les tentatives de Schelbaum pour sortir de la quatrième position avortent. notées.

Sawall  résiste à toutes les tentatives de rapproché, alors que Schlebaum décolle et s’apprête à abandonner. Mais l’entraîneur le galvanise par ses encouragements et le Néerlandais recolle. Mais à cinquante tours de la fin  il quitte la course pour de bon. Gay abandonne également à quelques tours de la fin.

Un nouveau duel s'engage alors entre Ruegg et Lacquehay pour la conquête de la troisième place, mais le Français reste intraitable. Les quatre coureurs se tiennent dans la phase finale des cent kilomètres à une cinquantaine de mètres les uns des autres. A 20 tours de la fin, Sawall, cherchant peut-être à anticiper le sprint final de Linart, démarre, imité par Lacquehay et Ruegg. Linart gagne du terrain, mais plafonne. Il reste cinq tours à accomplir et Sawall ne cède pas. Plus que deux tours. A présent, Sawall termine en "lâchant les chevaux". La foule l’applaudit longuement et applaudi aussi Linart, qui a également fourni une belle course.

Georges Paillard et son manager Gaston Degy

 

 
2ème série - 23 h  

 

  1. Georges Paillard (FRA) -  entr. Maurice Guérin - en 1 h 24' 24" 1/5 (moy. 71,084 km/h).
  2. Erich Moeller (ALL) -  entr. Clarence Carman (EUA) - à 200 m - les 100 km en 1 heure 24' 36’’ 2/5
  3. Emile Thollembeek (BEL) -  entr. Ernest Pasquier (FRA) - les 100 km en 1 heure 24' 38’’  

     

  4. Harry Grant (G-B) - entr. Léon Vanderstuyft (BEL) - à 350 m - les 100 km en 1 heure 24' 48’’ 2/5.
  5. Henri Suter (CH) - entr. Paul Suter - à 1 t et 25 m - les 100 km en 1 heure 24' 52’’ 3/5 
  6. Albertus De Graaf (P-B) -  entr. Fritz Wiersma - à 4 t et 100 m  (arrêté)
N.C. : Giuseppe Piano (ITA) -  entr. :  ... ... 
 
La course : Charles Lacquehay n'a pu prendre le départ qu'après administration d'une pommade à la cocaïne, tant sa blessure à la selle le fait souffrir. D'ores et déjà, on peut faire le deuil des chances du champion français. Et pendant ce temps, Jean Maréchal, venu en remplaçant, ronge son frein en affichant une bonne humeur un peu forcée... 
 
Dans les 30 premiers tours, le champion du Monde 1929  mène devant Moeller, Thollembeek, Grant, De Graaf et Piano. Il couvre les 50 premiers tours en 16’47’’.
 
Après 100 tours, Paillard a 2’’ d’avance sur Moeller, 4’’ sur Thollembeek. A 90 tours de l’arrivée, Moeller échoue dans sa timide attaque sur le leader et ne cherchera pas davantage à troubler l'ordonnancement de la course.
 
Le Suisse Suter et l'Anglais Grant se battent derrière le trio Paillard-Moeller-Lacquehay sans  pouvoir bousculer un instant cette hiérarchie,  alors que Paillard accélère encore le train dans les vingt derniers tours, effectuant une véritable démonstration de force. 
 
La série a été outrageusement dominée par Georges Paillard, parti en boulet de canon, fort du principe que sur une piste rapide, l'homme qui part le plus rapidement possible est difficile à passer. 
 

Dimanche 28 Août - 21 h 20  (reporté au Lundi 29 suite aux intempéries)  - FINALE 

  1. Georges Paillard (FRA) - entr. Maurice Guérin - les 100 km en 1h 20' 11" 2/5 (moy. 74.824 km/h)
  2. Walter Sawall (ALL) -  entr.  Georges Groslimond (CH) - à 2 t  et 200 m - les 100 km en 1 heure 20' 59’’ 1/5 
  3. Erich Moeller (ALL) -  entr. Clarence Carman (EUA) - à 2 t  et 300 m - les 100 km en 1 heure 21' 3’’ 1/5 
  4. Emile Tollembeck (BEL) - entr. Ernest Pasquier (FRA) - à 2 t  et 380 m - les 100 km en 1  heure 21'04’’ 
  5. Charles Lacquehay (FRA) -  entr. Marcel Besson - à 2 t et 390 m * 
  6. Victor Linart (BEL) -  entr.  Arthur Pasquier (FRA) - à 3 t et 180 m **  

    * à 2 t  400 m selon L’ Auto / ** à 4 t selon Corriere delle Siera 

La course :  A peine plus de trois mille personnes pour assister à la finale du championnat du Monde de demi-fond, le public romain n'est décidemment pas friand des spectacles pistiers. 

 Dans l'ordre, Linart Lacquehay Paillard Sawall Moeller et Thollembeck. Faux départ causé par le "lanceur" de  Sawall, qui l'envoie rouler dans le gazon. Une contrariété pour Paillard, décidé à bondir avec son 29 x 6 pour "sauter" en tête dès le départ donné. La nervosité gagne et un accrochage entre coureurs cause un nouveau faux-départ.

Départ donné au drapeau, le premier à coller au rouleau est Linart, qui prend la tête au premier tour. Mais l'ancien sprinteur Paillard, lancé comme une balle, efface déjà Lacquehay puis dépasse facilement le vétéran wallon (42 ans, "le Sioux" !), au deuxième tour ! 

Le tenant du titre, l'Allemand Sawall,  est parti lui plus lentement.  Mais au 8ème tour, il rapplique aux avant-postes, suivi de Moeller qui tente même un moment de l'estoquer, sans succès.  Au 15ème tour, Linart passe troisième sur une fulgurante accélération pendant que  Paillard prend un tour à Thollembeek et Lacquehay. Au 30ème tour, Paillard revient sur Sawall, après avoir éparpillé tous les coureurs sur la piste les uns après les autres. 

Walter Sawall

Au 50ème tour, le classement était le suivant : 1. Paillard en 15' 36" 3/5 ; 2. Sawall, en 15' 52" 4/5 ; 3. Moeller en 15' 58" 1/5 ; 4. Linart en 16' 3" 3/5 ; 5. Tollembeck 6'04’’2/5.. Derrière le duo de tête,  la lutte n'est pas inintéressante. Moeller conserve facilement la troisième position, suivi par le tenace Linart à une centaine de mètres. Lacquehay, qui souffre de blessure,   essaye même à plusieurs reprises de dépasser Tollembeck, sans y parvenir.

Au 75ème tour, Paillard se décide à passer Sawall mais, venu de trop loin, il plafonne, bute, et sort même de la roue de Guérin. "Le roi du punch" a raté son k.o. Pendant des tours et des tours, Paillard va poursuivre Sawall sans relâche, sans que le premier puisse augmenter l'écart, ni le second le réduire. 

Mais le champion de France  revient à la charge cinq tours plus loin et,  en accomplissant un tour étourdissant en seize secondes, il rattrape l'Allemand, qui se défend fermement. Enfin Paillard dépose l'Allemand, sous les applaudissements de la foule. "Le roi du punch" a réussi cette fois le k.o ! 

Georges Paillard, au sommet de son art

Le champion du Monde 1930 Moeller quant à lui, au 90ème tour, se rapproche de son compatriote, tandis que Paillard, poursuivant son festival, dépasse à nouveau Lacquehay.

A la demi-heure Paillard a accompli 96 tours (38,400 km) tambour battant. Sawall est à 425 m, Moeller à 450, Thollembeek à 700 m,  Lacquehay, à 830 m et Linart, à 1020 m.  

Quatre tours encore et  les positions sont les suivantes : 1. Paillard en 30' 58" 3/5, 2. Sawall : en 31' 21", 3. Moeller en 31' 22" 2/5, 4. Thollembeck en 31' 31" 2/5, 5. Lacquehay en 31' 38", 6. Linart, plus loin, qui en fait ne s'est attaché jusqu'ici qu'au marquage de Sawall. La course de Paillard est aussi régulière que maîtrisée. Le champion français réalise certains de ses tours les plus rapides en 17" 3/5 et 17" 4/5 . 

Au 104ème tour ***, Paillard tente de doubler Sawall. 20 mètres les séparent, mais l’Allemand résiste. La lutte dure 2 tours. Paillard est obligé de tourner large et de décoller au sommet de la courbe. Mais 4 tours plus loin, Paillard renouvelle sa tentative et cette fois Sawall cède. 

Positions après 150 tours : Paillard 46'52’’1/5 Sawall 47'19’’2/5 Moeller 47'25’’4/5 Thollembeek 47'28’’1/5. Lacquehay 47'50’’4/5 Paillard, à nouveau en action, prend un tour supplémentaire à Moeller, Thollembeek, Lacquehay et Linart. A 10 tours de la fin, il double Sawall pour la deuxième fois. 

Au cours des cinquante  tours suivants, aucun changement n'interviendra plus. La course  perd  de son intérêt, d'ailleurs le combat entre Paillard et Sawall semble également s'être arrêté. Le champion français se contente de "bétonner" l'écart qui le sépare de l'Allemand. Jusqu'à présent, il a réglé sa marche sur une vitesse de 77 km/h. Au 200ème tour, le classement était le suivant : 1. Paillard :  1h 3' 3" ; 2. Sawall en 1h 3' 39" 1/5 ; 3. Moeller en 1' 3' 48" 2/5 ; 4. Tollembeck 1h 3' 51" 3/5 ;   Lacquehay  en 1 h 3' 53" 3/5. 

Lacquehay un championnat pour rien

Nous sommes maintenant entrés dans la phase finale de la course, avec seulement 25 tours à parcourir.

La course n'offre toujours pas d'excitation et on tourne désormais à 22 / 23" au tour. Mais soudain, au 242ème tour Paillard, accélère subitement l'allure, et accomplit une ultime tentative de rapproché sur Sawall. Là, il parvient à le rattraper à nouveau, et la course se termine par une sorte de long sprint final façon show pour celui qui renouvelle sa victoire de 1929.

A dix tours de l'arrivée, Paillard, accélérera encore et, dans un sprint tout à fait irrésistible, dépasse à nouveau tous les concurrents, sauf Sawall, qui déploie toute l'énergie possible pour tenter  d'empêcher un nouveau dépassement.

Standing oblige ou façon de rappeler à son rival qu'il ne faut pas pousser le bouchon trop loin ?  

 

*** selon l’Auto, cette attaque de Paillard contre Sawall, semble plutôt s’engager à partir du 80ème tour.

L'arrivée de Paillard est saluée par un tonnerre d'applaudissements : la piste est envahie par le public et le Français est embrassé, tandis que les notes de la Marseillaise se répandent dans la nuit romaine.

Sur le tour d'honneur, Paillard est accompagné de son entraîneur, Guerin, le modeste mais vaillant artisan de sa grande victoire. 

 

"Enfant prodige de la piste", ancien sprinter, Georges Paillard décroche à 28 ans son second maillot de champion du Monde après celui de Zürich acquis trois ans auparavant.

Nul ne conteste sa victoire, pas même l'ombrageux Sawall, qui reconnait avoir eu affaire à plus fort que lui.

 

Une ombre sur la performance romaine apparemment limpide de Georges Paillard sera hélas portée, deux années plus tard, exactement  le 20  Septembre 1934.

Ce jour-là, le quotidien « L’Intransigeant », sous la plume  de Jean Antoine, dans une chronique intitulée "Crevons l'abcès du demi-fond" exposera dans l'article titré "Un maillot trop cher" que le Mondial 1929 remporté à Zürich par Paillard a été acheté par lui pour la somme de 25 000 francs, et son titre de Rome pour 55 000, Moeller ayant perçu pour sa "neutralité" 15 000 francs !

Quand à Lacquehay, il regrettera amèrement d'avoir voulu terminer à tout prix alors qu'il n'avait aucune chance de victoire (peut-être pour nuire à Maréchal, qui n'avait pas pour manager Gaston Degy qui a fait le voyage de Rome pour être aux côtés de ses deux poulains Paillard et Lacquehay) A la descente de machine, "La Longue Carabine" constate que sa blessure est désormais "grande comme la paume de sa main".

Sources :

  • L'Echo des Sports; Sporting; La Stampa;  Corriere della Sera; l'Auto ; L'Intransigeant; Paris-Soir; Le Miroir des Sports; Match; Geillurstreed Sportwereld.
  • contribution de Giancarlo Gavazza
  • travaux François Bonnin Corriere della Sera (Milano 1876) - collection La Contemporaine (ex BDIC) Université Paris-Ouest Nanterre  Cote GFP 1364

Patrick Police, pour STAYER FRANCE 

 

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R
They did the same in Norway in the early nineties. Made out of baltic pine. That was the days when track and road were together. A certain American won the rain affected road race.
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M
Toujours captivant ! Encore et toujours un coup de chapeau !
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