INTERVIEW A J - 18 CHAMPIONNAT D'EUROPE : L'INTERVIEW DE L'ORGANISATEUR, MICHEL MEUNIER

INTERVIEW A J - 16 CHAMPIONNAT D'EUROPE

AVEC MICHEL MEUNIER L'ORGANISATEUR

STAYER FRANCE : D’abord, Michel, comment t’es venue cette passion de l’organisation ? (Je ne vais pas te demander comment tu es venu à rejoindre l’association France Demi-Fond, car là tu te demanderas si je ne me paie pas ta tête…)

M.M : À la fin des années 1980, mon maître, mon père spirituel en matière d'organisations piste, Georges Prévéral, prenant de l'âge, commence à lorgner sur qui pourrait prendre sa succession... Il trouvera la bonne personne avec Gaby Coche, dévoué, bosseur et apprécié des coureurs…

Le 15 mai 1993, Gaby décède en pleine organisation de la Coupe de France piste au milieu du Vélodrome Tête d'Or, pratiquement le micro en main : le cyclisme sur piste lyonnais est orphelin ! Un peu en recul des choses du vélo à ce moment, j'observe de loin et au bout de six mois environ je me dis " il y a bien quelqu'un qui va y aller quand même "...

... Et comme personne n'y allait, je me suis dit que l'on ne pouvait pas laisser les jeunes - nous qui avions eu la chance d'avoir de bons dirigeants - sans rien, et qu'il était un devoir pour les coureurs qu'un quidam se dévoue... Et ce quidam, ce fut moi !

Alors oui j'y ai été par devoir, j'ai appris, j'y ai pris goût, puis plaisir, savourant un réel bonheur au milieu des coureurs... et me voilà trente ans plus tard à l'âge de mon mentor, où il va bien falloir à mon tour qu' un successeur pointe le bout de son nez !

C'est ainsi donc - par hasard quelque part - que je me suis mis à organiser des courses sur piste.... Quant à « Comment, quand ai-je rejoint France Demi – Fond ? Oui, là, tu te moques de moi… Sacré Patrick ! »

STAYER FRANCE : Depuis 2017 on peut dire que tu as porté avec tes organisations le demi-fond français. Explique-nous un peu la chose… En attendant, ci-dessous la photo d'un stayer que tu connais bien.

M.M : Remontons le temps d'une bonne douzaine d'années... Le téléphone sonne " Allô Monsieur Meunier, Lionel Clément de l' A.C. Lyon-Vaise. Je voudrais créer une belle réunion sur piste que j'appellerai « Le Pignon Fixe Lyonnais », et j'ai le budget mais je ne sais pas trop faire, vous voulez bien m'aider ? "

Et comment !!!

Ainsi donc est né notre binôme, si je puis m'exprimer ainsi, et Le Pignon Fixe Lyonnais, avec du demi-fond, du derrière derny hommes et femmes en championnat régional. Il y eu les 80 ans du vélodrome en 2014, victoire de Pierrot-Perrichon, la présence de Vivien Brisse, champion du monde associé à son pote Thomas Boudat, vainqueur de la Coupe du Monde d'américaine, présence de deux juniors, deux frères, dont un très prometteur, Benjamin Thomas : des belles réunions sans oublier les minimes et les cadets en encadrement.

Le Pignon Fixe Lyonnais a encore progressé en organisant durant cinq ans le Championnat de France de Demi-fond de 2017 à 2021 avec une Coupe de France U.C.I. En 2022 Coupe de France U.C.I. toujours et Championnat d'Europe, Kaisen, mot japonais signifiant "amélioration continue" toujours dans nos esprits. Avec Lionel Clément, nous nous complétons bien !

Lionel Clément (à g.) et Michel Meunier (à d.) entourant Samuel Dumoulin

Lionel a une bonne éthique et un bel état d'esprit, nous nous sommes bien trouvés et les coureurs sont notre seul intérêt ! Et mentalement c'est moins de pression de partager à deux le poids d'une belle organisation…

Mais je ne veux pas que l’on dise que j’ai porté seul, avec ces organisations, le demi-fond… On ne peut porter cela seul, et pour n’en citer qu’un, Alain Gaudillat, qui fait un travail énorme, discrètement. Sans l’état d’esprit qui vous anime – à toi aussi – je n’y serai jamais allé.

STAYER FRANCE : Racontes-nous comment tu as réussi à « monter » ce championnat d’Europe. Si je me rappelle bien, à la fin de l’automne, ça sentait tellement le roussi pour le demi-fond que l’U.E.C. avait communiqué sur la possible disparition de la compétition.

M.M. : Seul, on ne peut pas grand chose, mais on peut entraîner des gens, et former une équipe, parce-que la réussite sera collective !

Le premier rendez-vous fût avec la ville de Lyon, à laquelle, par son adjointe aux sports, nous avons avec Lionel Clément, exposé notre projet : c'est très simple, sans la volonté de la ville de Lyon, c'était mission impossible, et je veux donc ici les remercier en tout premier lieu. La dynamique étant née ce soir là pour ce championnat d'Europe. Je dois associer Lyon Métropole et la Région AURA à la ville de Lyon dans les remerciements. Il était absolument nécessaire d'avoir ces trois entités pour ce niveau d'organisation de compétition !

Et puis nouvelle étape avec notre fédération, la F.F.C., qui nous a appuyé de tout son poids auprès de l'U.E.C. dans notre candidature, et qui nous apporte énormément de choses, techniquement et matériellement parlant.

Enfin, il y a le grand "chaud au cœur ", venu de mes fidèles partenaires privés qui, spontanément, m'ont dit avant même que je demande quoi que ce soit « Michel tu veux faire un Europe, on va faire un effort supplémentaire pour t'aider ! » La bataille essentielle du budget gagnée, on pouvait foncer…

STAYER FRANCE : C’est finalement quoi, ce qui déclenche chez toi, une idée, un projet d’organisation ?

M.M. : C’est cette envie d'offrir à notre jeunesse des compétitions qu'ils/elles méritent bien ! De leurs fabriquer des souvenirs… Et cet atout supplémentaire de courir à domicile et de voir un de nos coureurs monter sur ce fichu podium ! Ce serait une belle récompense pour nous tous ! Mais pas que…

Je suis plutôt un homme de devoir qui ne fait pas ce qui lui plaît, mais ce que l’on doit faire. Il faut voir les choses avec un peu de hauteur :

1) oui le championnat d’Europe était menacé, IL FALLAIT LE SAUVER 2) oui le cyclisme a besoin de garder sa place dans le concert des grandes manifestations sportives qu’il peut y avoir dans une grande ville comme Lyon, 3) oui une telle organisation permet de demander des travaux d’entretien plus poussés du vélodrome.

STAYER FRANCE : Alors, l’enfant se présente bien ?

M.M : La pression commence à monter, car dans 20 jours en gros, ce sera le jour J : il faut que tout soit parfait !

Avec l'A.C. Lyon-Vaise et le V.C. Vaux- en - Velin du Président Patrick Testud et nos équipes... une soixantaine de personnes au total : équipes montage/démontage, buvette, repas, arbitrage 12 personnes, secrétariat, accueil, interprètes, secouristes, médecin urgentiste etc, nous y serons enfin !

STAYER FRANCE : Au niveau participation tu as des nouvelles ?

M.M. : Le dernier championnat d'Europe a eu lieu en 2019 à Pordenone, et a consacré un fameux coursier, Reiier Honig ! Un garçon qui, au vélodrome du BLANC, en gala nous fit l'étalage de toute sa classe avec un comportement parfait vis à vis des gosses des écoles de cyclisme, un champion ! Nous ne sommes pas sûr qu'il puisse être présent pour défendre son titre, car il sera peut-être avec son équipe sur le Tour de Pologne.

Il y aura également une délégation d'Allemagne, dont on sait qu'ils ne viennent pas pour faire de la figuration. Nous attendons l' Italie, la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique, et peut-être la Pologne et des pays de l'Est.

Et en tant qu'organisateur que les choses soient bien claires : je préfère consacrer un coureur étranger dans une course droite qu'un français dans une course tordue !

Le demi-fond à Lyon marche parce-que c'est mon exigence et que sinon les motos ne remettront jamais les roues sur une de mes organisations....

STAYER FRANCE : Une question qui fâche (il en faut bien…) Pourquoi donc le demi-fond doit-il toujours être dissocié des autres disciplines ? Ca se répète encore une fois avec cet Europe 2022 (Je ne fais là que remonter les remarques du « terrain » et des passionnés de la discipline)

M.M. : Pour plusieurs choses, d’abord, soyons honnêtes avec nous mêmes… C’est quand même une discipline atypique et qui s’est mise elle-même hors du coup avec des comportements en courses, heureusement révolus, mais dont la réputation nous a poursuivie trop longtemps.

D’autre part, prenons l’exemple des championnats de France qui vont se tenir à Hyères du 20 au 27 août : inclure le demi-fond, c’est encore rallonger le programme – pensons aux organisateurs - et surtout, la piste de Hyères, maintenant ancienne, ne supporterait pas les motos, ça l’abimerait.

Mais les choses progressent, il y a eu, dans des années pas si lointaines, le championnat d’Europe à SQY dans le cadre des autres titres Européens décernés ! L’an passé, ici même, à Lyon, dans le cadre d’une Coupe de France U.C.I., il y eu le demi-fond. Tout ça est plus dans la volonté de l’organisateur d’abattre les obstacles, ce que nous faisons !

Et là aussi, soyons honnêtes, notre spectaculaire discipline reprend un bel engouement. Enfin regardez Commercy cette année, nous faisons des adeptes et le fait d’avoir un championnat en dehors de la semaine fédérale, permet de belles courses d’encadrement pour les minimes et cadets et de susciter pour eux et pour plus tard… des vocations.

Le verre sera chez moi toujours à moitié plein, pas à moitié vide !